Oubliez le visuel vidéo et son esthétique verdâtre, Franky (Giant Little Ones) ne lui ressemble en rien. Misez plutôt sur un bijou de cinéma indépendant profondément cinématographique, à l’esthétique et l’ambiance capiteuses. Franky est un teen movie intelligent qui se démarque des romcoms ou récits initiatiques du genre LGTQ+ à la Netflix.
Synopsis : Franky et Ballas sont meilleurs amis depuis l’enfance. Arrivés au lycée, ils sont tous les deux des jeunes vedettes bien-aimés de l’équipe de natation. La vie est belle et sans problème jusqu’au jour du 17e anniversaire de Franky où un incident va changer leur relation à jamais.
Franky, une bête de festivals qui s’illustre comme le meilleur de l’indie nord-américain
Critique : Petit bijou de festival qui a bâti une solide réputation à Toronto, Franky (Giant Little Ones) est une véritable petite bombe d’émotion. Hors de l’adolescence, en tant que spectateur, on peut trouver le film totalement inattendu après s’être arrêté à son titre français et à son visuel publicitaire local. La jaquette affiche une esthétique à l’opposé de celle développée par cette œuvre ouateuse, dont on ne se lasse pas de se lover dans son iconographie de cinéma indépendant nord-américain, celle des productions sensibles et fortes proposées à Sundance ou Deauville.
Via une jaquette peu attrayante, l’éditeur essaie de vendre une romance gay friendly avec une fibre Love, Simon évidente. La mention VF explicite le désir d’interpeller un public jeune qui n’aime pas les sous-titres. Mais le film échappe largement à cette restriction d’audience, puisqu’il est remarquablement abouti pour des spectateurs adultes aguerris.
Franky (Giant Littles Ones) échappe à la pauvreté narrative des coming of age movies où expérimentations sexuelles, tergiversations et rage des personnages humiliés puis réconciliés avec eux-mêmes, relèvent du cliché à l’état pur.
Giant Little Ones est un film générationnel
Parce que les acteurs sont bons – Josh Wiggins, Darren Mann et Taylor Hickson, l’actrice victime d’une blessure faciale sur Ghostland de Pascal Augier, apportent une sensibilité à fleur de peau -, le film déploie de vrais atouts artistiques. La trame inattendue (rebondissements identitaires…), jamais cousue de fil blanc, avec des métaphores filées à-propos, relève d’une vraie démarche d’écriture où les ellipses ont du sens et où la psychologie des protagonistes est fouillée, agrémentée de personnages périphériques intéressants. Et pour couronner le tout, le réalisateur canadien Keith Behrman, dont il s’agit du second film de cinéma après des années passées à la télévision, affirme dès l’ouverture une réalisation racée en scope, avec une bande originale éthérée, entre la trance de George FitzGerald ou, lors du générique de fin, les envolées pop de Kid Wise.
Franky comporte bien quelques menus défauts, généralement liés à la pédagogie des adultes (les personnages de Kyle MacLachlan et Maria Bello un peu redondants), mais à bien des égards, dans sa force d’incarnation, Giant Little Ones est surtout une œuvre générationnelle qui rend ses spectateurs plus forts et grands qu’ils ne le sont déjà en début de projection. Un grand film sur la génération Z qui la synthétise bien toute sa complexité.
Le test DVD
Outplay a eu l’excellente idée de faire découvrir aux Français cette pépite. Un format physique en SD très limité. Pour la HD, il faut passer par la VOD que propose l’éditeur lui-même, ou l’Allemagne pour un blu-ray sans sous-titre en français. Vous voilà prévenus.
Suppléments : 1 / 5
La bande-annonce VF nous permet de remettre les choses en place, voilà un film à découvrir en VOSTF. Galerie de photos avec des clichés de production réussis en musique.
Image : 3.5/5
Copie propre mais qui laisse toutefois sur sa faim. Le piqué semble systématiquement hurler pour un contraste HD qui correspond à la volonté visuelle de l’auteur.
Son : 2.5 / 5
Avec sa playlist pop et envoûtante, une piste 5.1 était nécessaire pour vraiment retranscrire l’atmosphère diffuse de cet hymne générationnel où le score est prépondérant. Les voix manquent de force. L’éditeur ne propose qu’un 2.0 assez frustrant en VO. Une VF a été ajoutée, fait rare pour une œuvre indépendante inédite au cinéma.
Critique de Frédéric Mignard