Ecorchés vifs : la critique du film et le test DVD (1978)

Action, Guerre, Nanar | 1h35min
Note de la rédaction :
2/10
2
Ecorchés vifs, jaquette DVD Artus

  • Réalisateur : Mario Siciliano
  • Acteurs : Charles Borromel, Bryan Rostron, Mario Novelli, Giuseppe Castellano
  • Date de sortie: 25 Mai 1978
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Scorticateli vivi
  • Titres alternatifs : Skin 'em Alive (titre international) / Häutet sie lebend - Unternehmen Wildgänse (Allemagne) / Wild Geese Attack (Philippines) / Mercenarios del infierno (Pérou)
  • Année de production : 1978
  • Scénariste(s) : Amedeo Mellone, Mario Siciliano
  • Directeur de la photographie : Gino Santini
  • Compositeur : Stelvio Cipriani
  • Société(s) de production : Metheus Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Film inédit en France (sauf dans quelques salles de province) / La date ci-dessus est celle de la sortie italienne
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Scherzo (VHS) / Editions Lange (VHS, 1991) / Artus Films (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 3 novembre 2020 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Benjamin Mazure (DVD Artus)
  • Crédits : MovieTime - Artus Films
Note des spectateurs :

Ecorchés vifs est un cas d’école puisque le réalisateur Mario Siciliano y recycle la moitié des plans des Sept bérets rouges, tourné dix ans auparavant, au cœur d’une intrigue kleenex incohérente. Un nanar d’exploitation même pas drôle.

Synopsis : Rudy, un petit voyou sans envergure, part pour l’Afrique retrouver son frère. Celui-ci exploite une mine de diamants qui l’aiderait bien à éponger ses dettes. Rudy débarque en pleine révolution, son frère étant à la tête d’un commando de blancs contre les noirs.

De l’art du recyclage

Critique : Lors de la projection d’Ecorchés vifs (1978), le spectateur un peu aguerri se demandera comment il est possible d’alterner dans le même film des scènes d’action plutôt bien foutues et des plans aussi plats mettant en scène des acteurs visiblement peu concernés. La réponse est finalement très simple et tient en un mot : le montage. Effectivement, le réalisateur Mario Siciliano a adopté la technique du 2 en 1 qui sera par la suite l’apanage d’un certain Godfrey Ho à Hong Kong. Il s’agit d’utiliser une grande partie des séquences d’un autre film et de les insérer au cœur de nouvelles scènes tournées pour faire le lien.

Ecorchés vifs, jaquette VHS

© 1978 MovieTime. Tous droits réservés.

N’ayant pas d’argent pour pouvoir monter un vrai film de commando situé en Afrique, Mario Siciliano a donc réutilisé toutes les scènes d’action des Sept bérets rouges (1969), son tout premier long-métrage de fiction, et a convoqué des acteurs de seconde zone pour interpréter de nouvelles scènes afin de donner le change. Il a ainsi tourné un film se déroulant en Afrique, sans jamais mettre un pied hors d’Italie. On ne niera pas le caractère assez habile de la démarche, puisqu’il a fallu rédiger un script qui colle parfaitement aux images déjà tournées, tout en racontant une autre histoire.

Comment tourner un film de commando situé en Afrique sans bouger d’un studio italien

Mais le problème d’Ecorchés vifs vient justement du manque total de cohérence d’une intrigue absurde qui débute en Europe pour se poursuivre brusquement en Afrique. On ne comprend jamais pourquoi il y a des affrontements entre Blancs et Noirs, et encore moins pourquoi les personnages traversent des paysages si différents (ceux de l’Erythrée, grâce aux images tournées en 1969). Pire, les raccords sont souvent hasardeux et les séquences tournées en 1978 trahissent une absence totale de budget. Ainsi, les pauvres acteurs sont contraints de jouer devant des palissades ou des morceaux de décor. Parfois, Siciliano utilise carrément un fond blanc destiné à masquer l’absence de paysage, ce qui confine à l’abstraction pure et simple. Enfin, toutes les scènes de jungle sont tournées au même endroit (un vague jardin des plantes) et toujours sous le même angle pour éviter de dévoiler la supercherie.

A cette totale nullité de la réalisation qui nous empêche d’accrocher à cette vague histoire de diamants, il faut ajouter les mêmes griefs que pour Les sept bérets rouges. Idéologiquement douteux, Ecorchés vifs multiplie les notations racistes (on massacre de l’Africain pour le plaisir) et sexistes. Ainsi, la petite amie du héros est une femme vénale, tandis que les Africaines croisées par les mercenaires deviennent de la chair facile à consommer. Même si la référence du réalisateur demeure Les douze salopards (Aldrich, 1967), il est difficile de déceler ici la moindre ironie de la part du réalisateur.

Des acteurs en roue libre pour un résultat déplorable

Interprété par des acteurs habitués aux seconds rôles, Ecorchés vifs ne dispose pas d’un casting charismatique. Ainsi, Bryan Rostron est incapable d’exprimer la moindre émotion, tandis que des vieux routiers du genre comme Charles Borromel ou Mario Novelli sont en roue libre, éructant et suant à grosses gouttes pour faire passer la nullité de leurs dialogues. On ne pourra même pas se rabattre sur la musique de Stelvio Cipriani, pas franchement en verve sur ce coup-là. Enfin, il est difficile de vraiment rire d’un ensemble qui étonne surtout par sa totale malhonnêteté.

Peut-être sorti dans quelques salles de province en France, Ecorchés vifs a surtout connu une carrière en VHS chez l’éditeur Scherzo, avant de débarquer chez Artus Films dans une copie très correcte. Un bien grand honneur pour un nanar aussi affligeant qu’inintéressant.

Le test DVD :

Artus Films propose ce nanar dans une belle copie au sein de sa collection « guerre » qui proposait habituellement des œuvres plus valeureuses. Pour bisseux hardcore exclusivement. Le test a été effectué à partir du produit définitif.

Compléments & packaging : 3 / 5

Le boîtier DVD est traditionnel, conforme à la charte graphique de la collection « guerre » de l’éditeur. Sur le plan des suppléments, Artus nous propose un entretien d’une vingtaine de minutes avec Curd Ridel qui déploie une fois de plus ses connaissances sur les carrières respectives des acteurs.

Toutefois, il se risque dans les dernières minutes à expliquer le procédé honteux employé par le réalisateur. A partir de là, nous ne souscrivons pas du tout à son enthousiasme pour le long-métrage. Il soutient notamment que la supercherie est invisible et bien fichue, alors que le film regorge de faux raccords et que l’image n’est même pas de la même tenue entre les scènes tournées en 1969 et celles de 1978. Enfin, on notera son silence quant au contenu même du film, à savoir un scénario sans queue ni tête.

Reste à consulter un diaporama.

L’image : 4 / 5

Plutôt de bonne qualité, l’image est le gros point fort de cette édition. Les scènes tournées en 1978 bénéficient pleinement d’une restauration efficace, proposant un beau piqué et une colorimétrie assez riche. On est davantage réservés sur les scènes tournées en 1969 dont la colorimétrie est différente et le grain plus prononcé, ce qui dénonce un peu plus le procédé malhonnête employé par le réalisateur. En tout cas, le film apparaît dans une copie globalement pimpante.

Le son : 3,5 / 5

Les deux pistes sonores en Dolby Digital 2.0 sont de bonne tenue et ne souffrent pas de souffle ou de bruits parasites. On préfère toutefois la piste originale, bien plus naturelle et à l’ouverture plus importante. La piste française vaut toutefois le coup pour se marrer un peu puisque le doublage est plutôt déplorable, notamment pour les voix féminines, particulièrement ratées.

Critique et test DVD de Virgile Dumez

Les éditions Artus sur CinéDweller

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Ecorchés vifs, jaquette DVD Artus

© 1978 MovieTime – Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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Ecorchés vifs, jaquette DVD Artus

Bande-annonce d'Ecorchés vifs (VF)

Action, Guerre, Nanar

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