Drive est l’un des chocs esthétiques de l’année 2011, une œuvre envoûtante, à l’onirisme puissant qui inocule sa part de cauchemar éveillé. Le film de toute une génération.
Synopsis : Un jeune homme solitaire, “The Driver”, conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant – et au volant, il est le meilleur !
Shannon, le manager qui lui décroche tous ses contrats, propose à Bernie Rose, un malfrat notoire, d’investir dans un véhicule pour que son poulain puisse affronter les circuits de stock-car professionnels. Celui-ci accepte mais impose son associé, Nino, dans le projet.
C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul.
Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal…
Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…
Le plus gros succès de Nicolas Winding Refn
Critique : Qui aurait pu croire un jour qu’un film de Nicolas Winding Refn, cinéaste danois de l’esthétique (Le guerrier silencieux), aux œuvres âpres que l’on croyait destinées à un public viril amateur d’art et essai choc (la trilogie Pusher et Bronson), puisse réaliser le film générationnel des années 2010 ? C’est d’autant plus étonnant que Drive n’est pas un projet personnel, puisque le cinéaste danois a remplacé Neil Marshall aux commandes d’un film qui, originellement, aurait dû être joué par Hugh Jackman.
Avec un million cinq cent mille entrées France, et un succès considérable en vidéo chez Wild Side, Drive, polar urbain noctambule obsessionnel, a marqué l’histoire. Servi par une bande-son imprenable, l’envoûtant Nightcall de Kavinsky, le polar urbain, sur fond d’amour taiseux, a eu vite fait de convaincre les récalcitrants de l’automobile qui n’avaient pas forcément envie de miser un boulon dans un film de bagnoles.
L’appel de la nuit
De Cannes (Prix de la mise en scène) jusqu’aux différents festivals où elle a été dévoilée, l’icône mutique qu’incarne Ryan Gosling -le rôle d’une carrière-, a mis tout le monde d’accord. Débordant d’une violence insoutenable en lui, le chauffeur au silence signifiant est devenu le symbole James Deanien d’une génération, l’incarnation par le vide (le personnage est tout en creux dans ses souffrances) d’un trop-plein d’émotions rarement aussi bien servies à l’écran dans la tension psychologique qui se construit au fil de la tragédie urbaine.
Et peu importe ce que Refn pourra faire par la suite (le sulfureux et radical Only God Forgives, également avec Gosling qui n’en sortira pas grandi, le déroutant The Neon Demon) : rien ne viendra jamais abîmer ou supplanter cette tragédie du bitume.
Drive, un road movie mental taiseux et générationnel
On s’étonnera du peu de retentissement de pareil monument aux USA où la critique a pourtant été dithyrambique : le cauchemar éveillé de Winding Refn n’a pas émoustillé les roublards des Oscars. Drive a été exclu de la compétition rejoignant des oubliés remarquables comme Shame ou Melancholia, eux aussi absents.
Le succès de Drive au box-office français, ne s’est pas fait sur la durée. Le bolide a renversé un million de piétons en un peu moins de trois semaines d’exploitation. Un score remarquable pour le réalisateur Nicolas Winding Refn, abonné aux résultats d’art et essai. Si l’écho cannois a propulsé la tôle racée en pôle position, la présence médiatique de Ryan Gosling, vu en septembre de la même année dans la comédie Warner Crazy Sstupid Love et présent également dans le dernier film en tant que réalisateur de George Clooney, Les marches du pouvoir, a été largement favorable à cette Drive-mania
Affiche design : Le Cercle Noir pour The Alamo © 2011 Drive Film Holdings, LLC. All rights reserved. © 2011 FilmDistrict
Le DVD/Blu-ray :
Moins de cinq mois après sa sortie, en février 2012, la France a pu retrouver le héros du silence, incarné par Ryan Gosling, dans son trip romantico-nihiliste bouleversant, puisque Wild Side a proposé une édition DVD et Blu-ray combo qui fait tous les facings des magasins de vidéo de France ! Pas forcément très riche en bonus (surprenant pour une œuvre pour laquelle un véritable culte est né instantanément), Drive s’est alors décliné en vidéo en un making-of de 15mn où les différents protagonistes du projet revenaient sur cette expérience, mais surtout, l’on pouvait compter sur un entretien de 27mn avec le réalisateur, prolixe quand il s’agissait de discuter avec le journaliste Laurent Duroche de ce qui reste à ce jour son meilleur film !
Critique : Frédéric Mignard