A l’occasion de la rétrospective Brian De Palma à la Cinémathèque française, en 2018, Carlotta proposait un coffret collector magistral d’un documentaire-interview de Brian De Palma où le réalisateur approfondissait toute sa carrière. La box Édition Prestige Limitée 2, aujourd’hui épuisée, était un bijou pour tout fan du roi du thriller, mais également pour tout collectionneur d’objets de cinéma. Désormais, le film est disponible en VOD chez Condor. A ne pas rater.
Synopsis : Auteur de multiples chefs-d’œuvre, de Phantom Of The Paradise à L’impasse en passant par les incontournables Carrie, Blow Out, Scarface et Body Double, Brian De Palma a marqué de son style inimitable et virtuose plus d’un demi-siècle de cinéma. À la faveur d’une conversation intime truffée d’anecdotes, le grand cinéaste américain passe devant la caméra de Noah Baumbach et Jake Paltrow, et revient sur son œuvre prolifique, tout aussi géniale que controversée, pour une leçon de cinéma passionnante.
Critique : De Palma, documentaire de Noah Baumbach et J. Paltrow, était la deuxième Édition Prestige Limitée de la collection de Carlotta, en 2018, après Cinq et la peau. L’édition était éblouissante. Un design dessiné puissant, repris en poster, des cartes postales grand format, deux reproductions de dossiers de presse d’époque, l’un pour Furie et l’autre pour Blow Out, avec notamment une intervention de Gérard Depardieu sur Travolta (exclusif !), et le digipack double-disque, DVD et blu-ray, du documentaire. Un grand moment pour les étudiants de cinéma et autres fans de De Palma.
De Palma nous offre sa masterclass à domicile
L’interview-film, d’1h51 mn, est filmée et éditée par Jake Paltrow (Young Ones) et Noah Baumbach (Les Berkman se séparent, Frances Ha, Marriage story), donc deux cinéastes indépendants reconnus, qui s’effacent totalement pour laisser parler l’idole fondatrice aux cinquante-cinq ans de carrière. Si le film n’a connu qu’une exploitation limitée en salle aux USA, et au Royaume-Uni, ce beau morceau de méta-cinéma, destiné aux cinéphiles exigeant, est surtout un magnifique complément à la carrière du réalisateur de Carrie, Blow Up et Scarface, qui s’offre comme un masterclass à domicile.
Retour sur des décennies où les grands prenaient le risque de l’échec
Le cinéaste revient volontiers sur ses premiers et nombreux films, dans les années 60, jusqu’à Sœurs de sang, au début des années 70, premier virage d’une carrière radicale, à rebondissements. Une œuvre prometteuse, produit de l’anti-establishment ambiant, qu’abandonne De Palma pour des projets plus commerciaux, sans jamais l’être vraiment. L’objectif était surtout de glaner suffisamment d’argent via le système des studios, pour mettre en images des défis techniques élaborés qui ont fait sa griffe. Avec passion, sans jamais faire preuve d’animosité ou rancœur, De Palma relate tout, film après film. Il revient sur ses succès (Carrie, Les Incorruptibles ou comment il congédia Oliver Stone, au scénario), mais aussi sur les désaveux cinglants, des critiques et du public (Body double, Outrages, Le Bûcher des vanités).
Pas de Domino, ni d’Argento
De Palma revient sur sa génération de potes, avec lesquels il évoluait, De Niro, Coppola, Spielberg, Schrader, Scorsese. Des noms, énormes, comme celui récurrent d’Orson Welles, auquel il aime se comparer, à juste titre. Ou bien sûr Hitchcock, son maître absolu, dont l’œuvre entière semble un hommage permanent. Rien sur Argento, en revanche, pour ceux qui aimeraient soulever la polémique entre les gialli italiens et le travail de De Palma, à la fin des années 70. Évidemment, rien non plus sur l’échec de Domino qu’il réalisa avec des fonds européens quelques années plus tard.
Truffé d’anecdotes passionnantes (la tension permanente entre Sean Penn et Michael J. Fox, sur le tournage éprouvant, au Vietnam, d’Outrages, De Palma est le parfait documentaire pour ceux qui n’ont pu participer à la rétrospective du maître qui s’est tenue à Paris entre 2018, à la Cinémathèque.