Comédie typique du duo Terence Hill – Bud Spencer, Cul et chemise s’avère fort sympathique, avec un discours écologiste et anticolonial qui fait plaisir à voir. Amusant.
Synopsis : En Afrique, il y a bien des années, Slim et Tom, deux cousins blancs, déjouent malgré eux un trafic d’animaux supervisé par l’ignoble Ormond, un ancien champion du monde de boxe poids lourds.
13ème collaboration pour Terence Hill et Bud Spencer
Critique : Vers la fin des années 70, le duo formé par Terence Hill et Bud Spencer en est déjà à sa treizième collaboration lorsque le scénario de Cul et chemise (1979) leur est proposé par leur producteur fétiche Italo Zingarelli. Pour mémoire, ce dernier a financé le diptyque qui a fait la fortune du duo, à savoir On l’appelle Trinita (Enzo Barboni, 1970) et On continue à l’appeler Trinita (Enzo Barboni, 1971). Par la suite, Zingarelli a continué à travailler régulièrement avec le fameux duo qui cartonne au box-office européen.
Pour Cul et chemise (1971), Italo Zingarelli choisit même de s’impliquer totalement dans le projet en le réalisant. Il ne s’agit que de sa troisième incursion derrière la caméra, et cela sera d’ailleurs sa toute dernière, avant de se replier sur le vignoble qu’il a acquis grâce aux triomphes successifs de ces comédies très populaires.
Un tournage luxueux en Afrique du Sud
Grâce à un budget plutôt confortable qui se voit à l’écran, la production a pu tourner en Afrique du Sud, afin de profiter de tout un bestiaire qui est au cœur de cette histoire de lutte contre des trafiquants d’animaux exotiques. Bien entendu, Cul et chemise répond parfaitement à la charte établie par les films précédents. Ainsi, nos deux compères doivent affronter des méchants à intervalles réguliers afin qu’ils puissent donner libre cours à des bagarres homériques faites de cascades, de baffes et d’humour à la lisière du burlesque.
Le scénario met donc en présence deux cousins qui doivent s’unir pour lutter contre des trafiquants d’animaux sauvages. Le méchant étant une fois de plus interprété par le véritable boxeur Joe Bugner.
Un sous-texte écolo et anticolonial bienvenu
Certes, ces séquences de bagarres commencent à sentir le réchauffé à partir du treizième opus, mais les deux comiques sont tellement au diapason l’un de l’autre que cela fonctionne encore. Finalement, le plus intéressant dans Cul et chemise n’est pas tant la comédie en elle-même – c’est assez balourd et plutôt basique, quoique efficace – que le traitement réservé au continent africain. Effectivement, les auteurs n’ont pas hésité à dénoncer avec force le néocolonialisme encore à l’œuvre à cette époque. En sous-texte, on peut aussi déceler une critique fort à propos du capitalisme de prédation.
Enfin, chose non négligeable, les auteurs tiennent ici un propos écologique qui n’était pas si fréquent dans la péninsule italienne à cette époque. Les deux héros se font rapidement les protecteurs des animaux de la savane, les libérant systématiquement de leurs cages et vantant les mérites de la liberté. Ils en profitent donc pour dénoncer la spoliation des biens africains et le pillage de la nature par le tourisme occidental, notamment avec la pratique des safaris.
Cul et chemise, une comédie pour toute la famille
Cette dimension écologiste et vigoureusement opposée à la chasse fait de Cul et chemise une comédie décidément fort sympathique, même si certains passages sont évidemment moins réussis que d’autres. En tout cas, au sein de la filmographie du duo, il s’agit plutôt d’une bonne pioche. On notera d’ailleurs que le duo entend ici de plus en plus séduire un large public familial, faisant du pied aux enfants qui les adorait dans les années 70-80. On ne cherchera donc aucune prise de risques particulière ou de débordement dans ce divertissement inoffensif et bon enfant, mais qui remplit son contrat consciencieusement.
Sorti avec succès en Italie où il s’est classé huitième meilleure recette de l’année, Cul et chemise a également séduit largement le public français de l’époque. Déboulant dans les salles pour les fêtes de fin d’année 1979, le film profite de la force de frappe du distributeur AMLF. Certes, il ne peut guère lutter contre la reprise du Disney Le Livre de la jungle, mais Cul et chemise se retrouve à la deuxième position du box-office national dès sa semaine d’investiture avec 165 142 amateurs de baffes. La deuxième semaine confirme l’attrait pour le duo et un bouche à oreille positif avec 261 721 retardataires.
Un très beau succès français à plus de 2 millions d’entrées
Avec l’arrivée des vacances scolaires, la comédie burlesque continue à gagner du terrain avec encore 287 729 gamins. Notons que le métrage demeure en seconde position, toujours devancé par l’increvable Livre de la jungle. Preuve du bon écho auprès du public, le film continue à fédérer 261 707 spectateurs supplémentaires, approchant le million d’entrées en un mois. Avec la fin des vacances, le métrage commence à se faire doubler par de nouvelles sorties comme I comme Icare (Henri Verneuil), mais ses résultats demeurent élevés.
Désormais, la comédie italienne va glaner un peu plus de 100 000 écolos par semaine durant le mois de janvier 1980. A la mi-février, Cul et chemise franchit la barre symbolique des 1,5 million d’entrées. Par la suite, le métrage va faire le tour des cinémas de village avec toujours autant de succès à chaque séance pour terminer sa carrière avec 2 251 095 tickets vendus, score que le duo n’atteindra plus jamais dans les années 80.
En l’état, il s’agit du dixième plus gros succès en France durant l’année 1979. Une bien belle performance qui confirmait l’extrême popularité du duo dans nos contrées. Plus tard, le film a été édité en VHS, mais dans les années 2000, le DVD a été souvent édité en coffret avec d’autres films des comiques ou dans des éditions indignes et bradées. On attend toujours un passage au blu-ray, alors que le film est déjà disponible dans ce format à l’étranger.
Critique de Virgile Dumez
Box-office : les cadeaux de Noël de Terence Hill et Bud Spencer
Entre 1977 et 1984, Terence Hill et Bud Spencer vont régulièrement sortir leurs blockbusters du rire pour les vacances de Noël. Une tradition qui commença en fait un peu plus tôt durant la décennie 70 avec Deux loustics en bordée qui trouve 694 000 spectateurs, avec une sortie posée au 20 décembre 1972. Terence Hill revient en solo à partir du 12 décembre 1973, dans Mon nom est personne, aux côtés d’Henry Fonda, et trouve 4 733 000 spectateurs. Un score phénoménal que l’acteur ne réitèrera jamais.
Le 14 décembre 1977, Warner Columbia place dans les salles Deux super-flics. Le tandem triomphe avec 3 433 000 spectateurs. Le rendez-vous sera annuel après un tel carton. Le distributeur présente Pair et Impair le 13 décembre 1978 et enthousiasme 1 946 000 spectateurs. AMLF prend la suite le 21 décembre 1979 avec Cul et chemise qui rebondit à 2 251 000 spectateurs. Le 17 décembre 1980, Warner Columbia reprend possession du dossier Terence Hill, avec Un drôle de flic de Sergio Corbucci, sans Bud Spencer et seulement 1 368 000 spectateurs. Pas grave, le tandem se reforme pour Salut l’ami, adieu le trésor qui cartonne à partir du 16 décembre 1981 (1 894 000), toujours chez Warner Columbia. Le 14 décembre 1983, les rois du box-office reprennent la route avec Quand faut y aller, faut y aller (Warner Columbia), qui satisfait encore 1 707 000 spectateurs. Cela sera l’ultime carton des deux potes puisque pour les fêtes de Noël 1984, UGC propose Attention ! Les dégâts qui s’essouffle à 1 274 000 spectateurs. Warner Columbia revient dans la course avec le retour pas si attendu des Super flics de Miami qui rate le coche à Noël 1985 pour se contenter d’une distribution pour les vacances de février 1986 et de chiffres inquiétants sous le million (722 000).
Terence Hill reviendra timidement avec deux westerns en 1987 et 1991, avec Renégade (476 000) et Lucky Luke (1 103 000). Bud Spencer passera de son côté par la Cannon en 1987 avec Aladin (204 000). Le phénomène s’était éteint.
Leurs retrouvailles pour la décennie 90 se solderont par un échec lors des fêtes de fin d’année 1994 : les deux loustics réapparaissent une ultime fois ensemble dans Petit papa baston, réalisé par Terence Hill en personne. UGC en tire à peine 76 167 spectateurs. Le monde avait tourné la page des comédies italiennes rocambolesques. Toute cette cinématographie ritale n’était plus qu’un souvenir, pas si lointain, qui aura marqué l’histoire de l’exploitation européenne à l’ancre indélébile.
Box-office par Frédéric Mignard
Où voir Cul et Chemise à sa sortie en France ?
Distribué dans 11 cinémas à Paris intra-muros, Cul et Chemise occupe une position de choix dans des cinémas comme le Montparnasse 83, l’ABC et le Berlitz où le tandem attire plus de 9 000 parigots par copie ! Le Wepler Pathé est à 8 660 entrées, le Paramount City à 7 531, le Marignan Pathé à 7 020… On se bouscule pour rire des frasques des deux potos que l’on retrouve également aux Jean Cocteau, Fauvettes, Cambronne, Gaumont Sud et Gaumont Gambetta. Quinze cinémas de banlieue complètent cette sortie nationale.
En province, Cul et Chemise entre 2e à Grenoble (3 647 entrées), 3e à Lille derrière le porno Auto-stoppeuses en chaleur (3 856), 2e à Lyon (10 983), 3e à Nancy (2 532), 2e à Rouen (4 185).
Marseille, Bordeaux, Nice, Toulouse, et Nantes devront attendre la semaine du 12 décembre pour pouvoir rejoindre la mauvaise troupe.
Les sorties de la semaine du 5 décembre 1979
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© 1979 Zadar Film / Affiche : LPC / Jean-Claude Labret (agence) – Renato Casaro (dessin). Tous droits réservés.
Biographies +
Italo Zingarelli, Bud Spencer, Terence Hill, Joe Bugner
Mots clés
Cinéma italien, Comédie de duo, Comédie d’aventures, Le duo Hill-Spencer au cinéma, L’Afrique au cinéma
