Camille : la critique du film (2019)

drame, guerre | 1h39min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche du film Camille

  • Réalisateur : Boris Lojkine
  • Acteurs : Bruno Todeschini, Nina Meurisse, Grégoire Colin, Fiacre Bindala
  • Date de sortie: 16 Oct 2019
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Boris Lojkine, Bojina Panayotova
  • Distributeur : Pyramide Distribution
  • Éditeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Festival : Festival de Locarno 2019, Piazza Grande - Prix du Public / Festival du film francophone d'Angoulême 2019 - Meilleure actrice
  • Classification : Tous publics, avec avertissements : "Certaines scènes sont de nature à impressionner un jeune public".
Note des spectateurs :

Camille présente un témoignage poignant qui entremêle le portrait d’une jeune occidentale assoiffée d’idéal et celui d’une Afrique déchirée par les luttes fratricides.

Synopsis : Jeune photojournaliste éprise d’idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Ce qu’elle découvre là-bas changera son destin.

Critique : Camille, un titre bref pour retracer tout simplement le parcours de Camille Lepage, cette jeune femme lumineuse et enthousiaste qui, taraudée par le besoin de témoigner des terribles conditions de vie infligées aux populations africaines, trop souvent victimes des conflits, quitte sa douce région angevine, abandonnant sans remords famille et amis. Sur place, elle ne se borne pas à réaliser quelques photos choc puis repartir vers d’autres horizons. Ce qui lui tient à cœur est de vivre au contact des locaux, de s’imprégner de leur culture.

L’hommage formidable à Camille Lepage

Mais en Centrafrique ne règne que la violence. Alors qu’elle voudrait croire en la bonté de l’humanité, Camille ne croise que des gens armés d’une machette prêts à décapiter leurs voisins, des corps éventrés, des groupes armés animés d’une volonté de tuer. Elle photographie encore et toujours pour hurler à la face du monde cette horreur dont le reste de l’univers ne veut en aucun cas entendre parler. Un retour en France, où elle mesure l’ampleur du décalage avec ses amis, la conforte dans ce choix de vie et surtout dans son amour inconditionnel pour ce pays, dont elle est incapable de se détacher malgré les conseils avisés et paternels de ses confrères bien plus aguerris qu’elle à ce type de situation.

Nina Meurisse dans Camille

© Jean-Baptiste Moutrille

 

Bien au contraire, elle décide de concentrer ses reportages sur les anti-Balaka, une milice ultraviolente, décidée à chasser ou tuer tous les musulmans de Centrafrique, que tous les reportages télé du monde pointent du doigt, se délectant de leur sauvagerie tout autant que de leur look incroyablement photogénique. Les considérant comme victimes et bourreaux à la fois, Camille, elle, n’a de cesse de chercher cette part d’humanité qui existe forcément quelque part en eux. Face à l’inertie des puissances occidentales, elle se lance à corps perdu dans cette quête personnelle avec l’espoir d’endiguer cette violence qui la révolte. Mais la guerre n’a que faire des bons sentiments. Elle le paiera de sa vie.

La violence faite aux reporters et photojournalistes

Formé au documentaire, Boris Lojkine, à qui l’on doit déjà Hope, un long-métrage choc consacré en 2014 à l’immigration subsaharienne, livre une docu-fiction, dans lequel il s’emploie à s’approcher au plus près de l’angle de vue de son héroïne, tout autant qu’à raconter avec le plus d’objectivité possible cette tragédie africaine, sans omettre d’aborder la réalité du métier de photojournaliste. Un habile enlacement de ces multiples thèmes qui, à coup d’images d’archives, de scènes fictives (tournées exactement là où les faits se sont déroulés) et de vrais clichés réalisés par Camille fait naître sous nos yeux un film d’une rare puissance émotionnelle. Car c’est bien la personnalité de cette jeune femme portée par une soif infinie d’humanité et dont on suit l’évolution qui constitue le cœur battant de cette histoire hors du commun. L’énergie qu’elle met à photographier les visages révoltés, les foules en colère, la jeunesse en délire ou la violence des groupes armés se diffuse à travers la mise en scène pour nous plonger sans faux-semblants dans l’horreur brute, la peur viscérale et l’incompréhension mutuelle.

Nina Meurisse offre une interprétation remarquable

Pour rendre vie à Camille Lepage, l’interprétation de Nina Meurisse (avec qui la ressemblance est troublante) fait merveille. La fraîcheur de son minois rieur couplée à sa profondeur morale restitue l’appétit de vivre et la détermination de cette jeune idéaliste. Capable de dérouler toute une palette de sentiments, elle nous fait partager toute la complexité de son personnage et rend ainsi un bel hommage à celle qui fut tuée le 12 mai 2014, à l’âge de 26 ans, lors d’une embuscade tendue par les Séleka aux anti-Balaka, un groupe ennemi auquel elle consacrait un reportage-photo.

Critique : Claudine Levanneur 

Les sorties cinéma de la semaine du 16 octobre 2019

 

Affiche du film Camille

Copyrights 2019/ Photo Jean-Baptiste Moutrille / affiche Pyramide – Louise Matias

 

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Affiche du film Camille

Bande-annonce de Camille

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