Classique film de casse, Braquage final remplit toutes les cases du genre, sans démériter, mais également sans originalité. Un bon produit fait pour divertir.
Synopsis : Coupe du monde de football 2010. Un brillant étudiant britannique s’envole pour l’Espagne afin de mettre son plan à exécution, à savoir cambrioler une banque ultra-protégée.
Balagueró se lance dans le film de casse
Critique : Grand spécialiste du film horrifique ibérique avec des œuvres aussi marquantes que La secte sans nom, [REC] et Fragile, Jaume Balagueró semble toutefois se chercher depuis le milieu des années 2010. Après avoir lamentablement raté [REC] 4 : Apocalypse (2014) et Muse (2017), le réalisateur paraît avoir fait le tour d’un genre auquel il ne croit plus vraiment. Avec Braquage final (2021), il s’inscrit dans le sous-genre très codifié du film de casse qui a repris du poil de la bête depuis le triomphe international de la série Casa de Papel.
Toutefois, il est inutile d’attendre la moindre originalité dans le traitement du sujet proposé ici, à savoir le cambriolage hautement improbable de la Banque d’Espagne, considérée comme l’établissement le plus protégé du monde. Le seul ajout vraiment intéressant vient du contexte de la Coupe du monde de football de 2010 qui offre aux malfrats une parfaite diversion pour leur méfait. Jaume Balagueró ne cherche même pas à adopter une narration tortueuse et s’en tient à raconter chaque étape de son histoire chronologiquement : l’origine du bien à dérober, la constitution d’une équipe de baroudeurs, l’élaboration du plan, le casse proprement dit et ses conséquences. Balisé de bout en bout, Braquage final n’offre donc rien de plus que ce que le spectateur est en droit d’attendre du genre : un divertissement calibré qui fait passer le temps durant deux heures où le suspense est plutôt bien entretenu.
Une réalisation efficace qui fait le job
Comme toujours, Jaume Balagueró emballe le produit avec talent, lorgnant vers les réalisations américaines en matière de découpage, tout en faisant virevolter sa caméra afin qu’elle s’infiltre dans tous les recoins de la banque. Si les personnages ne sont jamais approfondis et correspondent tous à des archétypes bien connus (le chef charismatique, le petit génie de l’informatique, la jolie môme qui en a, les gros bras), ils sont incarnés par de bons acteurs. On saluera l’autorité naturelle de Liam Cunningham, les présences efficaces des acteurs espagnols José Coronado et Luis Tosar. Face à eux, Freddie Highmore manque clairement de personnalité, mais cela correspond plutôt bien à son rôle de petit génie de l’ingénierie qui va devoir s’affirmer dans un groupe constitué de mâles à l’ancienne.
Bien entendu, Balagueró cite ses classiques – et même explicitement Ocean’s Eleven (2001) de Soderbergh – et ne s’embarrasse pas de crédibilité quant à la faisabilité du casse en question. Comme souvent avec ce sous-genre, le cinéaste doit parvenir à la suspension d’incrédulité pour que l’ensemble fonctionne. Sans être un chef-d’œuvre ou même un incontournable, Braquage final arrive à divertir de manière sympathique et sans prendre le spectateur pour un imbécile, sur une durée de deux heures. La mission est donc accomplie.
Une exclusivité Canal+ en France
Sorti en salles sur de nombreux territoires, Braquage final connaît une diffusion en exclusivité sur la chaîne cryptée Canal+ en avril 2021. Même si Balagueró signe toujours des plans destinés au cinéma, le produit balisé ne pouvait avoir un fort impact dans nos salles hexagonales. Toutefois TF1 Studio le sort finalement à la vente en DVD, en mai 2022. Le titre a changé. Désormais, il faut l’appeler Way Down – Braquage final. L’objectif est de gommer l’origine européenne le plus possible. Aucune édition blu-ray n’est alors disponible sur notre territoire, contrairement à de nombreux marchés internationaux. Le film d’ailleurs sera même diffusé sur Netflix aux USA. Pour la France, TF1, qui a coproduit avec l’Espagne, le propose en prime time un dimanche d’avril 2023. Un événement pour œuvre inédite en salle.
De par ses origines espagnoles, cette production de 15 millions d’euros trouvera néanmoins une sortie importante dans son royaume, l’Espagne, avec 362 écrans pour sa première semaine, en novembre 2021, soit un an après la date originelle qui fut différer autant de temps en raison de la crise de la COVID-19 et des confinements. Sa sortie locale représente pas moins de 81.6% des recettes cinéma internationale puisque que Way Down, également intitulé The Vault sur certains marchés a connu une diffusion sur les écrans de quelques pays amateurs d’action : Hong Kong, la Croatie, le Mexique, la Russie, le Portugal, la Corée du Sud, l’Ukraine, le Vietnal, les Emirats Arabes, les Pays-Bas ou la Roumanie.
Critique de Virgile Dumez