Film de sous-marin ennuyeux et fauché, Black Water n’a d’intérêt que pour la prestation correcte de Van Damme. Le reste est à oublier d’urgence.
Synopsis : Quand l’agent spécial Scott Wheeler se réveille, il est blessé et menotté à une chaise. Impossible pour lui de se rappeler qui sont ses geôliers ni comment il a atterri dans cette pièce. Après avoir subi un premier interrogatoire musclé, Wheeler a maintenant la certitude qu’il ne quittera jamais cet endroit vivant. Alors qu’il échafaude un plan d’évasion pour sauver sa peau, Marco, son compagnon de cellule, lui apprend qu’ils sont détenus dans un site secret et lourdement protégé : un sous-marin nucléaire en immersion à 1 500 mètres de profondeur.
Un pur produit vidéo de série B
Critique : Richard Switzer est actuellement connu pour être l’un des plus jeunes producteurs en activité, puisqu’il a débuté sa déjà riche carrière alors qu’il était adolescent. Il a notamment travaillé avec l’acteur Dolph Lundgren sur le film Altitude (Merkin, 2017) et a souhaité continuer cette collaboration à travers un film d’action se déroulant cette fois-ci dans un sous-marin. Le jeune homme aux dents longues contacte alors le scénariste Chad Law pour lui commander un script. Ce dernier a par ailleurs déjà travaillé pour le compte de Jean-Claude Van Damme pour qui il a écrit le thriller Six Bullets (Barbarach, 2012).
Tout ce beau monde décide donc de lancer la production de ce qui deviendra Black Water (2018), avec à la barre le directeur de la photographie Pasha Patriki qui se charge pour la première fois de sa carrière de la réalisation. Il s’agit aussi d’organiser les retrouvailles entre JCVD et Dolph Lundgren qui ont déjà souvent joué ensemble depuis Universal Soldier (Emmerich, 1992).
Un sous-Evasion très fauché
Très rapidement, le spectateur va s’apercevoir qu’il est bien face à un pur produit vidéo réalisé au rabais (5 petits millions de dollars pour un film d’action avec deux stars, c’est peu). Cela commence par le réveil de Jean-Claude Van Damme dans une geôle qui ressemble fort au décor du premier Saw (Wan, 2004), avant que l’intervention de Dolph Lundgren ne nous mette plutôt sur la piste d’Evasion (Håfström, 2013), le blockbuster avec Stallone et Schwarzenegger. On se retrouve cette fois-ci dans un sous-marin nucléaire qui sert désormais de prison fédérale – une sorte de Guantanamo clandestin. Le but va donc être de réussir à s’échapper de cette prison, tout en essayant de démêler les fils d’une intrigue inutilement complexe qui noie le poisson dans un excès de détails inutiles.
En réalité, il s’agit d’une énième histoire de trahison interne au cœur des services secrets internationaux que le réalisateur échoue à rendre crédible. Si la première scène d’action dans l’hôtel laisse espérer une certaine compétence dans la gestion de l’espace, nos espoirs seront vite ruinés par le manque évident de moyens de la production. Ainsi, la quasi-totalité de l’histoire se déroule à bord du sous-marin. Le problème majeur vient de l’absence totale de crédibilité du décor principal. On se croirait tout le long dans les coursives d’un navire imposant. Le pire vient de la salle de commandement où l’on ne trouve qu’un pauvre tableau de bord avec deux écrans qui clignotent.
JCVD est le seul intérêt d’un métrage inutile
Le temps paraît donc très long durant ce périple qui perd peu à peu de son intérêt, à mesure que les enjeux se dissipent. Au milieu de ce petit naufrage, seul Jean-Claude Van Damme s’en tire plutôt bien grâce à une interprétation carrée et appliquée. Son ami Dolph Lundgren n’a pas suffisamment de scènes pour avoir le temps d’imposer son personnage – qui, au passage, ne sert à rien. Enfin, le jeune mannequin Jasmine Waltz n’est pas nécessairement mauvaise actrice, mais son apparence très formatée (chirurgie esthétique à la clé) la fait ressembler à une sous-Lara Croft. On préfère passer sous silence la prestation déplorable de la jeune Courtney Blythe Turk.
Spectacle parfaitement inutile, dépourvu du moindre charme et passablement ennuyeux, Black Water ne devrait guère marquer la carrière des différents artistes impliqués. Pour tout dire, on espère même que Pasha Patriki retourne à sa fonction de directeur de la photographie. Sorti en salles uniquement dans quelques territoires émergents (Emirats Arabes Unis, Chine, Brésil etc…), Black Water est sorti directement en VOD et en DVD dans la plupart des pays européens et sur le sol américain. Il alimente déjà les bacs des soldeurs en seulement quelques mois. C’est assurément là sa vraie place.
Critique de Virgile Dumez
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