Artemis Fowl est la lanterne verte du blockbuster hollywoodien, un accident industriel inimaginable de la part du studio Disney reconnu pour son savoir-faire dans le domaine du divertissement à gros budget.
Synopsis : Descendant d’une longue lignée de criminels, le jeune et richissime Artemis Fowl – 12 ans et déjà doté d’une intelligence hors du commun – s’apprête à livrer un éprouvant combat contre le Peuple des Fées, des créatures puissantes et mystérieuses qui vivent dans un monde souterrain et qui pourraient bien être à l’origine de la disparition de son père 2 ans plus tôt. Pour mener sa lutte à bien, il devra faire appel à toute sa force et à son ingéniosité diabolique, quitte à prendre en otage le capitaine Holly Short – une elfe réputée pour sa bravoure – et l’échanger contre une rançon en or. Pour le nain gaffeur et kleptomane Mulch Diggums – qui va tout tenter pour venir en aide à Holly – et la commandante Root, chef du F.A.R.F.A.DET (Forces Armées de Régulation et Fées Aériennes de DETection, le département de reconnaissance de la police des fées), la partie s’annonce plus que serrée …
Non, Artemis Fowl n’a pas souffert du Covid-19
Critique : On pensait Artemis Fowl victime collatérale du Covid-19. Le divertissement devait trouver sa place dans les salles en août 2020, mais le studio Disney avait finalement anticipé sa diffusion sur sa nouvelle plateforme numérique en juin. Était-ce donc pour ne pas concurrencer la sortie de Mulan lors de la reprise de l’exploitation, puisque ce dernier avait été repoussé à l’été après la fermeture des salles, au début de l’épidémie? Il n’en est rien, Artemis Fowl est un accident industriel coûteux qui sonne comme l’une des plus amères contre-performances pour le studio habitué aux triomphes historiques depuis quelques années.
On peut ne pas apprécier certains Star Wars, Marvel ou Pixar récents, ils demeurent néanmoins décents. La réalité de la médiocrité d’Artemis Fowl évoque davantage un échec artistique total qui aurait échappé au contrôle du studio désormais dans l’impossibilité de vendre pareille débâcle sur le grand écran sans égratigner la marque maison.
La lanterne verte du film merveilleux
La bascule sur Disney + était donc une évidence. Le public de dix ans trouvera dans cette relecture anachronique de l’univers magique de Harry Potter, matière à amusement et divertissement, et se réjouira des moyens étonnamment impressionnants pour un direct-to-SVOD. En revanche sur le grand écran, le risque était prégnant. Imaginons que le public adolescent ou celui des jeunes adultes puissent associer la signature prestigieuse à un nanar au croisement entre Green Lantern (les costumes des fées…), Arthur et les Minimoys (le design laid des créatures et du monde souterrain des fées et des elfes) Aquaman (les effets spéciaux kitsch…) et Bright pour le patchwork de créatures folkloriques (ici issue du patrimoine irlandais).
La chute de Kenneth Branagh à Hollywood
Avec une toute petite durée d’1h30 et des décors qui voudraient en mettre plein la vue pour faire naître une franchise en devenir, Artemis Fowl pâtit d’un scénario pour les tout-petits qui, contrairement aux adaptations des premiers ouvrages de J.K. Rowling, n’a pas une once de cohérence narrative, psychologique et esthétique à offrir. Réalisé par Kenneth Branagh, qui a déjà officié sur Thor et le reboot de Cendrillon pour Disney, le divorce est entamé avec Hollywood, car on devrait lui en tenir longtemps rigueur. Les acteurs jeunes ou chevronnés n’en ressortiront pas indemnes. Quelle idée d’avoir engagé Josh Gad, au manque de malice avéré, et Colin Farrell, dont la participation à de gros budgets n’a jamais été gage de succès.
Artemis Fowl, l’arrogance d’une suite annoncée ?
Insignifiant, Artemis Fowl nous évite la consternation d’une découverte sur le grand écran. Sa dernière séquence mettant en place tous les rouages pour un second épisode a donc l’arrogance de croire à une suite. La nullité Bright avec Will Smith, en aura bien une sur Netflix. C’est qu’avec le monde irrationnel de la SVOD, tout est possible, y compris le pire, puisque de toute façon, bonne ou mauvaise, la (fausse) gratuité du programme conviera tout le monde à y jeter un coup d’œil. Si désormais la qualité ne paie plus, la médiocrité, elle, ne vous fait plus forcément perdre de l’argent.
Qui subira comprendra.