Arrête avec tes mensonges est un récit d’amour adolescent exalté par le charisme de son casting jeune. Emouvant faute d’être passionnant.
Synopsis : Le romancier Stéphane Belcourt a accepté de parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire… Ce premier amour s’appelait Thomas. Ils avaient 17 ans.
Un nouveau beau rôle pour Victor Belmondo
Critique : Malgré la présence du charismatique Victor Belmondo, Arrête avec tes mensonges a été un échec à sa sortie au cinéma en France, en février 2023, avec moins de 100 000 curieux dans les salles. Pourtant, le roman éponyme de Philippe Besson a été un succès de librairie et les critiques ont été largement positives. Ils saluaient à raison la justesse de la réalisation, équilibrée dans son approche d’un scénario partagée entre le présent de narration, les récits passés et souvenirs d’un Guillaume de Tonquedec hanté par les fantômes de sa jeunesse, alors qu’il revient des décennies après l’avoir quittée, dans la petite ville où il a grandi et aimé son premier amant qu’il redoute de revoir, jusqu’au jour où il tombe sur le fils de celui-ci.
Evidemment, les critiques de cinéma ont eu raison de louer l’interprétation. Si le personnage de romancier embourgeoisé qu’incarne De Tonquedec n’est pas des plus charismatiques, la jeunesse au cœur du récit détonne. Victor Belmondo, qui incarne le fils de son premier amour, confirme toutes les bonnes impressions de ses débuts. Sa présence magnétique dépasse largement sa ressemblance avec son célèbre grand-père. Dans le récit adolescent de la jeunesse du romancier, Julien De Saint Jean évoque les tumultes d’un Delon en proie à ses démons. Il est quand même remarquable d’avoir à la fois Belmondo et Delon juvéniles dans le même film. Face au jeune acteur du Paradis, sorti dans la foulée, deux mois plus tard, Jérémy Gillet impose une fausse fragilité de caractère qui rend son personnage subtile et émouvant.
Julien de Saint Jean et Jérémy Gillet dans Arrête avec tes mensonges © Fidelio. Photos : Michael Crotto. Tous droits réservés / All rights reserved
Une romance gay lumineuse et tourmentée
Arrêtes avec tes mensonges, film lumineux dans son cadre, n’a pas la texture indépendante des Roseaux sauvages d’André Téchiné ; il n’a pas la violence de Son frère que Chéreau réalisa à partir d’un scénario de Philippe Besson d’après sa propre œuvre. Pourtant la romance tragique, récit fondateur de parcours de vies antagonistes, celles de deux jeunes gens que tout sépare (des démons intérieurs à la relation à la famille et aux mots), séduit par son immédiateté et ses propres tourments. L’aspect télévisuel, également accentué par le choix du comédien principal, n’exalte pas les passions, mais cette œuvre foncièrement biographique pare la thématique de l’homosexualité au milieu des années 80, d’une dimension universelle, dans sa peinture de deux jeunes gens seuls contre le monde? Arrête avec tes mensonges, c’est aussi l’illustration d’une jeunesse livrée au doute et à l’opposition aux autres, à l’affirmation de soi par la normalisation à la société ou par le rejet des normes…
Box-office d’Arrête avec tes mensonges :
Mieux construit qu’Eté 85 de François Ozon, auquel il ressemble à bien des égards, mais sans se complaire dans la noirceur, Arrête avec tes mensonges offre davantage d’émotions que ce que son affiche cinéma mièvre et factice pouvait vendre. La promo très peu attrayante explique peut-être les chiffres décevants au box-office (un total de 89 000 entrées), avec une réalité de bouche-à-oreille qui ne prendra jamais : 48 547 entrées en première semaine, puis une perte de 60, 42, 52 et 62% de sa fréquentation lors des 4 semaines suivantes. L’éditeur Blaq Out n’attendra pas avant de présenter le film en vidéo (pas de blu-ray pour la France), avec une mise à disposition du film quatre mois plus tard. Cela permet aux retardataires de rattraper cette sortie discrète qui, heureusement, avait été très peu chère à produire (un peu plus de 2 millions d’euros).
En introspectant les marques indélébiles d’un environnement familial sur sa propre estime de soi, Arrête avec tes mensonges séduira aussi bien le public adolescent qu’adulte par la justesse des sentiments brossés avec une certaine noblesse d’âme.
Biographies +
Olivier Peyon, Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo, Julien De Saint Jean, Jérémy Gillet, Guilaine Londez
Les sorties de la semaine du 22 février 2023
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©Fidelio. Photos : Michael Crotto. Tous droits réservés / All rights reserved
Le test DVD
Arrête avec tes mensonges est devenu un DVD chez Blaq Out. Les spectateurs qui ont trouvé de la passion et de l’émotion dans le livre d’Olivier Peyon, sauront y trouver bien des qualités pour ressasser le plaisir.
Compléments & packaging : 3.5 / 5
Peu de bonus, mais le supplément présent reçoit toute notre adhésion. Il s’agit d’une série d’entretiens parfaitement montés dans le cadre d’un bonus de 33 minutes. Olivier Peyon, l’écrivain Philippe Besson, et les comédiens Guilaine Londez et Guillaume de Tonquédec interviennent de façon naturelle et ajoutent une vraie plus-value au visionnage du film. Si l’œuvre n’est pas fouillée, toutes les strates de la création, du tournage et du casting y sont développées de façon riche pour le spectateur. Ce genre de supplément permet à chacun de s’investir auprès des spectateurs pour personnaliser une œuvre qui le mérite.
On regrette que le casting jeune soit écarté de la partie Suppléments. Au vu de la qualité de leur jeu, on aurait beaucoup apprécié les entendre développer leur personnage.
Le packaging est sans surprise. Un boitier DVD standard, accompagné d’un fourreau. Pas de changement quant au visuel promotionnel qui reprend celui de l’affiche cinéma.
Image : 4 / 5
Aucun support physique HD en France, il faudra se tourner vers la VOD HD pour profiter de l’image la plus précise.
L’image du support physique est toutefois généreuse en couleurs et nullement réduite à l’approximation SD des mauvais DVD. L’image est globalement bien définie, chargée en couleurs et offre une palette épidermique satisfaisante.
Son : 3.5/5
La musique du film est l’un des points très positifs de ce métrage. Elle est chargée d’une certaine transcendance que l’on retrouve sur le support DVD avec appétit. Malheureusement, en dehors de cet accompagnement musical, les arrières sont peu sollicités dans le cadre d’une piste 5.1 Dolby Digital limitée. Cette œuvre intimiste est essentiellement frontale et l’on peut se contenter de sa piste 2.0 sans trop de regrets.
Affiche © Fidelio. Photos : Michael Crotto. © TS Production Tous droits réservés / All rights reserved
