Affamés : la critique du film (2021)

Épouvante-horreur, Drame social | 1h39min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Affiche du film de Affamés

  • Réalisateur : Scott Cooper
  • Acteurs : Jesse Plemons, Graham Greene, Keri Russell, Jeremy T. Thomas
  • Date de sortie: 17 Nov 2021
  • Nationalité : Américain, Mexicain, Canadien
  • Titre original : Antlers
  • Titres alternatifs : Antlers: Criatura oscura (Espagne) / Faminto (Portugal) / Poroże (Pologne) / Espíritus Oscuros (Mexique) / Antlers - Spirito insaziabile (Italie) / Espíritos Obscuros (Brésil)
  • Année de production : 2020
  • Scénariste(s) : Nick Antosca, C. Henry Chaisson, Scott Cooper, d'après la nouvelle The Quiet Boy de Nick Antosca
  • Directeur de la photographie : Florian Hoffmeister
  • Compositeur : Javier Navarrete
  • Société(s) de production : Fox Searchlight Pictures, Phantom Four Films, Double Dare You (DDY), Mirada Studio
  • Distributeur (1ère sortie) : The Walt Disney Company France
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12ans avec avertissement : La commission propose une interdiction aux mineurs de moins de douze ans - en raison du climat pesant de ce film d’horreur qui met en scène des enfants sur fond d’inceste et de maltraitances - assortie de l’avertissement suivant : « Plusieurs scènes très sanglantes et mettant en scène des enfants sont susceptibles de heurter un public sensible ».
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : LA
  • Crédits : © 2021 20th Century Studios All Rights Reserved / Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Mélange d’étude sociale désespérante et de film d’horreur sanglant, Affamés offre un portrait peu enchanteur d’une Amérique rattrapée par ses démons. Très sombre, le résultat est inégal, mais suffisamment ambitieux pour être valorisé.

Synopsis : Dans une petite ville minière de l’Oregon, une institutrice et son frère policier enquêtent sur un jeune écolier. Les secrets de ce dernier vont entraîner d’effrayantes conséquences…

Une œuvre de commande pour Guillermo del Toro

Critique : Après avoir revisité le genre du western avec l’excellent Hostiles (2017) qui en profitait pour revenir sur une page peu glorieuse de l’Histoire américaine, le réalisateur Scott Cooper a été approché par Guillermo del Toro qui voulait travailler avec lui. Guillermo del Toro indique notamment à Scott Cooper que ses films contiennent de nombreux éléments horrifiques et qu’il serait temps pour lui d’embrasser pleinement ce genre. Aimant particulièrement les défis, Scott Cooper a répondu favorablement, d’autant que la nouvelle de Nick Antosca intitulée The Quiet Boy pouvait rejoindre certaines thématiques sociales chères au cinéaste.

Alors que le scénario était déjà écrit à l’arrivée de Scott Cooper, celui-ci a ajouté des éléments pour transformer peu à peu ce simple film horrifique en une vaste métaphore du déclin de l’Amérique. Fondée sur la légende amérindienne du Wendigo, l’intrigue se veut essentiellement métaphorique et Affamés n’est donc aucunement une œuvre divertissante ou fun à regarder, mais bien un film dur avec des thématiques ambitieuses.

Bienvenue dans l’Amérique des déclassés

Comme dans ses films précédents, Scott Cooper prend le temps d’installer son décor et ses personnages. Nous pénétrons donc dans une Amérique qui a sans aucun douté voté pour Trump il y a quelques années, celle qui fut autrefois industrielle, mais est aujourd’hui abandonnée de tous. Gangrenées par le chômage, la drogue et l’absence de perspectives positives, les populations locales se livrent à divers trafics pour survivre, tout en commettant des abus sur leur propre progéniture. Ainsi, dans Affamés, on parle de manière directe d’abus sexuels sur mineurs, mais aussi de maltraitance, dans le domaine scolaire ou familial.

Autant dire que l’atmosphère est lourde et que les différents personnages présentés paraissent tous en bout de course. Que ce soit l’enseignante qui lutte contre des souvenirs atroces et une addiction à l’alcool (très juste Keri Russell), son frère flic qui semble totalement impuissant (Jesse Plemons, un peu en retrait) et surtout le gamin maltraité (exceptionnel Jeremy T. Thomas), tous les protagonistes semblent marqués du sceau d’un destin inexorable.

Keri Russell dans Affamés

Courtesy of Fox Searchlight Pictures. © 2019 Twentieth Century Fox Film Corporation All Rights Reserved

Une vision très sombre d’une Amérique en bout de course

Cette description d’une Amérique au bord du gouffre suffirait déjà à occuper un long-métrage entier, mais les auteurs ont ajouté une dimension horrifique par l’intrusion du Wendigo, créature vorace d’origine amérindienne venant déverser sa rage destructrice et vengeresse vis-à-vis d’une population qui doit en quelque sorte expier un péché originel : celui de la destruction des richesses naturelles et des populations natives.

Si les meurtres eux-mêmes sont rarement sanglants, les nombreux plans sur des cadavres démembrés ou éventrés donnent bien le sentiment d’assister à un film horrifique assez gore, d’autant que l’ambiance n’est jamais détendue par le moindre trait d’humour. Chez Scott Cooper, l’horreur est aussi bien fantasmatique que sociale et rien ne vient détendre le spectateur dans ce constat extrêmement sombre. On peut toutefois regretter certaines facilités d’écriture, notamment lorsque quelques personnages semblent là uniquement pour servir de proie au monstre tapi dans l’ombre. De même, des protagonistes périphériques manquent de profondeur.

Affamés ne sait pas toujours choisir entre film social et horrifique

Enfin, l’articulation entre le pur film d’auteur social assez lent et les exigences de tension du cinéma horrifique ne sont pas toujours bien huilées ou harmonieuses. On saluera toutefois l’effort d’avoir privilégié les effets pratiques pour la création de la créature dont on perçoit la réelle présence, contrairement aux effets numériques qui ne servent ici que de renfort. Plutôt plombant, Affamés n’est donc pas une petite production de série B pour ados en mal de sensations fortes, mais bien une œuvre mature qui traite le genre avec respect et volonté de décrire une situation sociale particulièrement préoccupante, sans pour autant donner de leçon de morale.

Même le dernier plan vient confirmer la volonté du cinéaste de livrer un film très sombre où l’espoir est finalement peu permis. On pourra sans doute regretter le manque d’audace de la mise en scène, encore trop classique – une habitude chez Scott Cooper – mais on ne peut nier l’ambition très louable de vouloir s’adresser à un public mature, capable de comprendre les nombreux niveaux de lecture proposés. Et actuellement, c’est assez rare pour le signaler.

Initialement prévu pour une sortie en avril 2020 aux États-Unis, Affamés a finalement été repoussé une première fois au mois de février 2021 pour cause de pandémie mondiale. Après un nouveau report, le long-métrage est enfin arrivé sur les écrans américains fin octobre 2021 et à partir du 17 novembre 2021 en France.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 17 novembre 2021

Affiche du film de Affamés

Design : LA. / © 2021 20th Century Studios All Rights Reserved / Tous droits réservés.

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Affiche du film de Affamés

Bande-annonce d'Affamés (VO)

Épouvante-horreur, Drame social

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