30 fusils pour un tueur : la critique du film (1968)

Western | 1h35min
Note de la rédaction :
4/10
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affiche du film 30 fusils pour un tueur

Note des spectateurs :

30 fusils pour un tueur est un western daté, qui accuse beaucoup trop de longueurs, en dépit d’un final réussi.

Synopsis : Le mystérieux aventurier Jeff Benson arrive dans Canyon City , un village malfamé pour trouver du travail. Le shérif l’engage pour l’aider à mettre fin aux exactions du bandit mexicain El Diablo.

Critique : En 1965, le western spaghetti commençait à trouver sa propre identité avec des films comme Et pour quelques dollars de plus ou Le retour de Ringo. C’est cette même année que Gianfranco Baldanello, jusqu’alors assistant réalisateur, sort son premier film, 30 fusils pour un tueur. Si l’influence de Leone est visible par touches au niveau de la réalisation, nous sommes loin d’être devant un film audacieux, car très inspiré par la série B américaine. Ainsi, Baldanello, Brescia et Micantoni se contentent de nous présenter des personnages manichéens dans des situations topiques. Dommage, car le film commence par un très sympathique générique, très Sixties, rappelant ceux de la trilogie du Dollar.

30 fusils pour un tueur manque cruellement de rythme.

La principale faiblesse de ces 30 fusils pour un tueur réside donc dans son scénario, qui se révèle non seulement convenu, mais aussi lénifiant. Les personnages sont des archétypes, quand ils ne sont pas agaçants, à l’image de Jerry, insupportable compagnon du héros. De plus, l’intrigue manque de rebondissements pour donner du rythme au métrage. Ainsi, la moindre scène s’étend très lentement, sans que la réalisation, très plate, ne puisse compenser cet écueil.

Un sursaut final inattendu

C’est d’autant plus regrettable que la dernière partie du film se révèle beaucoup plus spectaculaire, avec l’attaque d’un train transportant de l’or. Ce nœud de l’intrigue, dont on nous  annonce inlassablement l’arrivée pendant la plupart du métrage, a le mérite d’être réussi. La réalisation est beaucoup plus audacieuse, et on assiste même à une bataille à mains nues sur le toit du train plutôt réussie. On note une tentative d’amener une forme de tragique dans cette ultime partie avec une histoire d’amour qui finit mal entre l’antagoniste et une chanteuse de saloon, qui peine toutefois à convaincre.

Un casting peu convaincant plombe ces 30 fusils pour un tueur

En effet, l’autre défaut du film réside dans son interprétation qui laisse un peu à désirer. Carl Möhner incarne un héros un peu trop mûr et monolithique, ce qui rend sa romance avec la fille du shérif peu crédible. José Torres incarne un bandit mexicain un peu trop fade. Enfin, Ivano Staccioli peine à convaincre en tant qu’antagoniste, la faute à un langage corporel parfois inapproprié et à une teinture blonde du plus mauvais effet.

Un film in fine tout juste correct

Bien que tourné en Italie et en Sardaigne, le film profite de décors crédibles. Le budget limité a donc été plutôt bien utilisé, notamment pour le final. Néanmoins, et comme c’est trop souvent le cas, les éclairages des scènes de nuit sont complètement ratés. Enfin, la musique, composée par un mystérieux “Ghant”, se veut à l’image du métrage : correcte, bien qu’un peu trop classique et répétitive. A noter toutefois l’utilisation d’un thème country plutôt inattendu sur certains passages, audace qui vient compenser des passages chantés affligeants car synchronisés sans soin.

30 fusils pour un tueur n’est donc à conseiller qu’aux fanatiques les plus acharnés du western européen, même s’il pourrait aussi plaire aux amateurs de séries B américaines et autres serials. Certes, il recèle de moments sympathiques, mais se révèle beaucoup trop convenu et ennuyeux pour faire l’objet d’une recommandation.

Critique : Kevin Martinez

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affiche du film 30 fusils pour un tueur

© Fernando Rossi/Tepu/CPF

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