12 heures marque le retour improbable de Nicolas Cage dans une série B au rythme exsangue et à la réalisation déplorable. Du pur DTV pour une sortie cinéma estivale qui sent les fonds de tiroirs.
Synopsis : Trahi lors d’un hold-up qui a mal tourné, Will Montgomery, un voleur surdoué, vient de purger huit ans de prison. Désormais, il est décidé à tourner la page et souhaite seulement renouer avec sa fille, Alison. Mais ses anciens associés, tout comme le FBI, sont convaincus que c’est lui qui a caché les 10 millions de dollars du butin avant de se faire prendre. Pour récupérer le magot, Vincent, son ex-complice, kidnappe Alison. Will a 12 heures pour trouver la somme s’il veut libérer sa fille. Sa seule chance de la sauver est de monter le coup le plus audacieux de sa carrière avec l’aide de Riley, une voleuse aussi sexy que futée…
Un vide cinématographique par Simon West
Critique : Treize ans après Les ailes de l’enfer, Nicolas Cage retrouve Simon West, oui, le réalisateur du clip de Rick Astley, Never Gonna Give You Up et d’Expendables 2 : Unité Spéciale. Il s’engage dans le tournage de Medallion, pour un rôle qui avait été également proposé à Clive Owen et Jason Statham. A ses côtés, on retrouve la fraichement révélée Malin Akerman (Watchmen de Zack Snyder) et Josh Lucas (Poséidon, Furtif), deux malchanceux du box-office que l’on utilise pour combler les castings en mal de seconds rôles.
Le script de 12 heures est signé David Guggenheim qui sort du succès de Sécurité rapprochée (2012). Une valeur montante? Non, le monsieur aura bien du mal à resigné par la suite, avant d’être sorti du chômage par Netflix. On comprend pourquoi. 12 heures est un compendium de tous les pires produits que le neveu de Francis Ford Coppola enchaînait dans les années 2010 pour ses problèmes de dettes. Que l’on ne s’inquiète pas. C’est de famille.
Un produit en roue libre sur les marchés internationaux
Quand 12 heures sort en France, cela fait un an que la série B, très Z, d’un budget de 35M$, bourlingue sur des marchés secondaires. La Russie, l’Ukraine, le Bahreïn, le Koweït, la Lituanie et autres marchés à l’Est de l’Europe essuient les premiers pots cassés du nanar.
Un an d’attente avant une sortie française
Edité directement en vidéo en Allemagne, Italie, à Hong-Kong et au Canada, le film a du mal à passer par la case grand écran sur les marchés majeurs, comme aux USA, où sa sortie est ultra limitée. Le délit de Simon West s’offre finalement une distribution estivale improbable en France, en 2013 quasiment après tout le monde. Le distributeur Metropolitan Filmexport ose cet été-là les fonds de tiroir avec d’autres produits du même type (Massacre à la tronçonneuse 3D, L’aube rouge, Le quatuor) avant de sortir ses cartes majeures pour la rentrée (le biopic sur Steve Jobs, La stratégie Ander, un Scorsese animé pour Noël). Le distributeur fait appel à Troïka pour une affiche ad hoc, plutôt bien conçu. Il est vrai que ce film produit en dehors du processus marketing des majors permet aux distributeurs internationaux d’élaborer des affiches personnalisées en fonction des marchés mondiaux. Un régal pour les collectionneurs.
La vilain rejeton de Millenium Productions ne restera que trois semaines à l’affiche dans l’Hexagone, pas une de plus. Il subit une chute vertigineuse à l’issue de sa première (-68%) et puis à l’issue de la seconde (-81%). Au total, ce sont 115 812 spectateurs qui verront le machin cinématographique sur 160 écrans.
Stolen, ersatz de Taken
12 heures est probablement l’une des productions les plus indigentes distribuées en 2013. Elle irrita sérieusement les quelques spectateurs paumés qui cherchèrent à échapper à la canicule. S’attendaient-ils à assister à un rip-off de Taken ? Pourtant, le titre original, Stolen, osait l’affiliation par la rime, deux participes passés synonymes ; l’affiche était identique en Allemagne. Le script explore la même histoire et met en scène la réponse d’un père courage au kidnapping de son adolescente de fille. Un postulat ronflant de téléfilm destiné aux chaînes de la TNT, de celles que l’on n’envisage jamais de regarder, et sur lesquelles 12 heures sera régulièrement diffusé.
Des dialogues de clochard
Dans 12 heures, Nicolas Cage tire huit ans de prison pour un casse qui a mal tourné (près d’un quart d’heure de bavardages insipides pour ouvrir l’action) et se retrouve à sa sortie convoité pour l’argent qu’il aurait planqué. Flics, anciens complices mafieux… le monde en veut à sa bouille d’acteur de séries B sur le retour et son ancien pote retors s’en prend à son engeance. Bref, Cage a 12 heures pour trouver l’argent qui pourra rendre la liberté à la fille qu’il n’a pas vue grandir et qui lui en veut pour son absence et ses anciennes habitudes de brigand (le classique de l’enfant rancunier). L’occasion est évidemment une opportunité d’un rapprochement père fille et le seul enjeu dramatique en filigrane.
Dans la chaleur moite de la Nouvelle Orléans et de son fameux carnaval qui vient compliquer la course poursuite, le polar aligne les dialogues de clochard, les situations déjà vues et baigne dans une musique insoutenable pour nos oreilles mises à rude épreuve.
12 heures à passer scotché à son portable
Dépendant d’un téléphone qui le garde en contact avec le vilain à la coupe de cheveux hirsute improbable, Nicolas Cage feint d’y croire, courant dans tous les sens pour trouver sa montagne de billets verts. Mais le procédé usé jusqu’à la corde ne parvient jamais à entrer en concurrence avec les références récentes du genre que sont Phone Booth et Cellular, et, au niveau de l’efficacité, le film de Simon West ne trouve jamais la hargne française des deux Taken qui déballaient violence gratuite et cascades spectaculaires pour répondre aux bas instincts des amateurs d’action. Et nous ne sommes vraiment pas fans des films de Pierre Morel et d’Olivier Megaton. Taken 3, pour sa part ne sortira qu’en 2015.
Bref, à moins de collectionner les faux pas de Nicolas Cage (ce qui implique devoir subir plus de 5 arnaques par an depuis 2006), 12 Heures ne mérite pas notre indifférence, juste notre colère, car des nanars comme ça, même pas drôles en plus, on n’en voit pas tous les jours dans les multiplexes.