Jeanne Balibar a été révélée par Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) d’Arnaud Desplechin. Elle est ensuite devenue l’une des interprètes les plus sophistiquées du cinéma français, brillant dans les films d’auteur de Denis Podalydès, Jacques Rivette ou Jeanne Labrune.
De la Comédie-Française à Desplechin
Formé au cours Florent et au Conservatoire, cette ancienne khâgneuse, lauréate du concours de l’ENS, est engagée comme pensionnaire à la Comédie-Française en 1993. Elle mène dès lors une double carrière à la scène et à l’écran.
Au théâtre, Jeanne Balibar est dirigée par les plus grands metteurs en scène, de Jacques Lassalle dans Dom Juan de Molière au Festival d’Avignon (1993) à Frank Castorf pour Bajazet de Racine au MC93 Bobigny (2019), en passant par Olivier Py avec Le Soulier de satin au Théâtre de la Ville (2003). Elle a également une activité de chanteuse.
C’est Arnaud Desplechin qui lui donne sa chance au cinéma et la révèle pleinement en 1996 dans Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) : l’actrice obtient avec ce rôle sa première nomination au César du meilleur espoir féminin, la seconde ayant lieu l’année suivante pour son rôle de jeune médecin dans J’ai horreur de l’amour (1997) de Laurence Ferreira Barbosa.
Elle excelle en muse du cinéma d’auteur français, exquise et sophistiquée dans Dieu seul me voit (1998) de Denis Podalydès, Fin août, début septembre (1999) d’Olivier Assayas, ou Ça ira mieux demain (2000) de Jeanne Labrune, qui lui vaut une nomination au César de la meilleure actrice dans un second rôle.
Jeanne Balibar consacrée par Barbara
Jeanne Balibar inspire aussi Jacques Rivette (Va savoir, 2001), Christophe Honoré (17 fois Cécile Cassard, 2002), Anne Fontaine (La Fille de Monaco, 2008), et collabore avec Raoul Ruiz, Guillaume Nicloux, Ilan Duran Cohen ou Maïwenn. Et dans le biopic Sagan (2007) de Diane Kurys, elle incarne l’amante de l’écrivaine et se voit à nouveau nommée au César du second rôle.
Les années 2010 semblent lui apporter moins de beau rôles, et elle enchaîne les ratages artistiques et publics, tels Grace de Monaco (2014) d’Olivier Dahan, où l’on se demande ce qu’elle vient faire dans cette galère ou, à un moindre degré, À jamais (2016) de Benoit Jacquot.
Mais Mathieu Amalric, qui l’avait déjà dirigée dans Le Stade de Wimbledon (2001) lui donne ensuite son plus beau rôle dans Barbara (2017). Dans ce faux biopic de la chanteuse, présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes, elle fait l’unanimité critique. Le public suit en salles, et Jeanne Balibar décroche le César de la meilleure actrice.
On la revoit dans de beaux seconds rôles, maîtresse française dans Cold War (2018) de Paweł Pawlikowski, commissaire de police dans Les Misérables (2019) de Ladj Ly, ou archéologue dans Memoria d’Apichatpong Weerasethakul (2021).