Giovanni Lombardo Radice est un acteur italien trilingue – il parle couramment l’anglais et le français. Lettré, issu d’une famille politiquement engagée, cet homme de théâtre deviendra mondialement connu, dans le genre de la série B horrifique, sous le nom de John Morghen. Cet admirateur de Shakespeare, qu’il traduira une dizaine de fois en italien, malgré son peu d’intérêt pour l’épouvante, demeurera néanmoins respectueux des auteurs avec lesquels il tourna. Il n’en demeure pas moins “féroce”, avec le réalisateur d’un certain Cannibal Ferox, Umberto Lenzi.
Après avoir officié au théâtre en tant qu’acteur, metteur en scène et producteur, Giovanni Lombardo Radice officia sous le pseudonyme de John Morghen, dans de très nombreuses productions italiennes culte des années 80 dans lesquelles il essayait toujours de se concentrer sur les personnages.
Giovanni Lombardo Radice tourna en effet dans des films de grande violence ou d’horreur pure comme La maison au fond du parc (1980), son premier film, avec l’acteur américain David Hess. Cet ersatz de La dernière maison sur la gauche est réalisé par Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust) qu’il retrouve en 1987 pour le méconnu Le tueur de la pleine lune dans lequel Michael York et Edwige Fenech tiennent les premiers rôles.
Cannibal Ferox? Un film “fasciste” !
Giovanni Lombardo Radice se distingue sous le pseudo de John Morghen dans Pulsions cannibales (1980), se fait perforer la tête dans Frayeurs du grand Lucio Fulci (1981), désavoue le cinéaste qui le dirige, Umberto Lenzi, sur le tournage de Cannibal Ferox (1981), en raison d’une scène de maltraitance animale que le réalisateur essaie de lui imposer, et pour laquelle il se fera doubler. L’acteur considère ouvertement ce film notoire comme “fasciste, raciste, d’une violence absurde, et pédophile” et dénonce des personnages plats.
Michele Soavi, un bon ami à lui, lui offre un rôle dans ses trois premiers longs métrages, Bloody Bird, Sanctuaire et La Secte, entre 1987 et 1990. Lamberto Bava pour sa part le dirige brièvement dans son thriller Body Puzzle, année où le cinéma de genre italien est pour le moins exsangue, et réduit à servir de divertissement sur les chaînes privées de Berlusconi.
Giovanni Lombardo Radice piégé par l’horreur?
Pendant près de 10 ans, Giovanni Lombardo Radice prend ses distances avec le grand écran pour n’y revenir que dans les années 2000, où il fait de la figuration au générique de Gangs of New York de Martin Scorsese, classique avec Leonardo DiCaprio, et surtout le remake de La malédiction que réalise John Moore en 2006. Un flop qui reste toujours intéressant pour un artiste européen d’avoir à sa filmographie.
Acteur au regard intense, jouant à l’excès de son côté de petite frappe ou de crapule à l’écran, Giovanni Lombardo Radice a également joué dans Autorisé à tuer (Impatto mortale, 1984), de Fabrizio De Angelis, dans la suite du Pigeon, Le Pigeon vingt ans après d’Amanzio Todini (1985), L’âme en jeu de Roberto Faenza (2004), et Viva la libertà de Roberto Ando (2013). Malheureusement, ce sont ses rôles dans le cinéma horrifique qui lui colleront à la peau. Chaleureux avec ses nombreux fans, notamment dans des festivals ou des conventions mondiales, Giovanni Lombardo Radice poursuit néanmoins une carrière en Italie tout au long des années 2000 et 2010. Un homme charmant.
Le 27 avril 2023, son fils Giacomo annonce son décès dans la nuit du 26 au 27. Un choc pour les amateurs de cinéma bis. L’acteur n’avait que 68 ans.
