Gérard Zalcberg

Acteur
Portrait de Gérard Zalcberg

Personal Info

  • Nationalité : Français
  • Date de naissance : 15 décembre 1952, Paris (France)
  • Crédit visuel : © Gérard Zalcberg

Biographie

Note des spectateurs :

Gérard Zalcberg est un visage inquiétant du cinéma français des années 80, vu dans Dr. Jekyll et les femmes et Les prédateurs de la nuit. Retour sur une carrière qui a tous les éléments du culte pour ceux qui ont été bercés par sa filmographie singulière.

Avec un regard noir et profond, un peu tors, l’acteur Gérard Zalcberg apportait une dose de folie à chacun de ses personnages dans les années 80. On l’identifiait immédiatement, sans jamais cerner qui se cachait vraiment derrière cet électron libre d’un Paris intarissable en talents.

Un fils de Belleville devant la caméra

L’acteur, né sur les hauteurs de Belleville, n’était pas prédestiné pour le cinéma.

Mon père était cordonnier et ma mère femme au foyer. Nous sommes juifs d’Europe centrale.
Très jeune, je fréquentais les salles de cinéma de mon quartier. C’est là que s’est forgé mon goût pour le cinéma.

Pourtant, il va devenir un second rôle récurrent dans des productions parfois ambitieuses des années 80 dans lesquelles il incarnait le vilain dégueulasse que l’on aimait détester. Ainsi il était particulièrement présent dans les cohortes de gangsters, de loubards et autres personnages de marginaux auxquels il apportait un sérieux flippant.

La révélation de Dr. Jekyll et les femmes de Borowczyk

Le pavé des tournages parisiens, il l’a foulé au hasard de rencontres d’auteurs iconoclastes, hérauts de leur époque anarchique et psychédélique, libres et libertaires.

J’ai une formation théâtrale de la rue. Mes premiers pas devant les caméras ont été sur des courts métrages, les réalisateurs étaient Laurent Perin, Henri Revay et Jean Monod. Plus tard, j’ai rencontré Borowczyk par hasard sur les Champs-Élysées, il m’a demandé si j’étais acteur, il avait un rôle pour moi. J’ai accepté. Aussi simple que cela.

Dr Jekyll et les Femmes ou Le Cas Étrange du Dr Jekyll et de Miss Osbourne, jaquette blu-ray

Jaquette blu-ray de Dr. Jekyll et les femmes (1981) © AB Droits Audiovisuels, Carlotta

Gérard Zalcberg est effectivement engagé par Walerian Borowczyk pour interpréter le Hyde de sa version expérimentale du roman de Stevenson, Dr. Jekyll et les femmes. Le personnage clé est ainsi joué par Udo Kier et Gérard Zalcberg, avec une fascination évidente du cinéaste pour l’étrangeté des deux acteurs. Le film est culte et connaît un vrai succès en VHS, lors de l’avènement du support, chez Hollywood Vidéo.

Tortionnaire sadique culte dans Les prédateurs de la nuit de Jess Franco

Si on l’aperçoit dans deux comédies populaires de l’époque, Le fou du roi d’Yvan Chiffre avec Michel Leeb, un drôle d’échec sorti en 1984, et une apparition furtive dans Les fugitifs de Francis Veber (1986), un triomphe, c’est dans des seconds rôles de tortionnaires qu’il prospère. Tueur, braqueur, sbire d’affreux pervers…  Pourtant, il est à l’écran le contraire de ce qu’il est dans la vie, comme l’affirme Brigitte Lahaie qui le côtoie dans Les prédateurs de la nuit où elle lui demande d’infliger les pires sévices à des jeunes femmes captives dans une clinique de l’horreur. La production René Chateau, réalisée par Jess Franco, particulièrement gore, lui accorde un second rôle inoubliable plus important qu’à l’accoutumée, mais mutique. Dans le film cachetonnent des acteurs comme Stéphane Audran, Telly Savalas, Helmut Berger, Christopher Mitchum, Caroline Munro… La liste est longue.

Toutes mes aventures cinématographiques ont été liées à des rencontres dans les rues de Paris : pour Les Prédateurs, Jesus Franco m’a repéré et m’a présenté à son producteur René Chateau. Malheureusement, mon personnage ne parlait pas à mon grand regret.

Dans l’attente de rôles plus complexes, il saisit des opportunités. On passera sur sa participation au raté Parking de Jacques Demy, une relecture d’Orphée à la sauce des années 80, avec Francis Huster. On regrettera une fois de plus la déroute de Jodorowsky sur Dune, adaptation maudite du classique de science-fiction de Frank Herbert, qui ne se fera jamais. Le cinéaste chilien souhaitait lui confier l’un des rôles principaux. Forcément pour le jeune acteur parisien, cela deviendra l’un de ses plus grands regrets.

Néanmoins, il peut se targuer d’être devenu l’une des gueules du cinéma français, de celles qui hantent les spectateurs. Le cinéma voulait de lui en salaud. Il le fera bien, chez beaucoup de monde.

Gérard Zalcberg, gueule du polar français des années 80

Aussi, on surprend Zalcberg chez Joël Séria, réalisateur du cultissime Mais ne nous délivrez pas du Mal, qui le dirige en 1985 dans un téléfilm issu de la collection Série Noire. Son personnage un peu plus vocal de tueur sanguinaire, est l’une des clés de voute de Pour venger pépère, face à Féodor Atkine, en justicier, et Jean Reno en flic. Il y ajoute une teinte de démence absente du métrage que l’on qualifierait bien de “pépère”.

Omniprésent, Gérard Zalcberg est aussi dans l’impressionnant L’amour braque de Zulawski, avec Sophie Marceau et Francis Huster. Il tabasse la belle gueule Thierry Lhermitte, alors au sommet de la bogossitude, dans le polar Un été d’enfer de Michaël Schock, où l’on retrouvait également Véronique Jannot, dans un rôle candide. Le film est une déception commerciale, mais la bande originale cartonne au top 50. Doué du don d’ubiquité, le mauvais garçon du cinéma de nos rêves se retrouve chez Yves Boisset dans le polar solaire Bleu comme l’enfer, adapté d’un roman de Philippe Djian, l’auteur de 37°2 le matin, avec Lambert Wilson. Dans Cross, surnom éponyme de l’ex-flic joué par Michel Sardou, avec ses comparses, il séquestre une famille bourgeoise et s’adonne à des moments de pure folie. Le polar est violent, plutôt bien fichu, avec Michel Sardou et Roland Giraud, à contre-emploi. Là encore, Gérard Zalcberg s’amuse à jouer à la crapule et on adore ça.

Dans les délires expérimentaux de Pierre Clémenti

Pierre Clémenti lui offre un rôle dans À l’ombre de la canaille bleue (1985), avec Jean-Pierre Kalfon, film underground et sous influence de l’acteur-réalisateur. Sa présence dans ce projet fou et clandestin nous interpelle.

J’ai rencontré Pierre Clémenti à Saint-Germain, rue Cardinale. Je l’admirais depuis de nombreuses années, une carrière magnifique. Il a été surpris en me voyant, j’avais un physique et une très forte personnalité. Il m’a demandé de bosser sur son projet de moyen métrage ; j’ai accepté, ce fut une belle expérience.

Gérard Zalcberg incarne ainsi l’inspecteur Chauve-Souris “au bureau du gang”, dans un univers filmique halluciné, de drogue et de chaos, narré par Pierre Clémenti dans une transe effarante. Cet OFNI est aujourd’hui disponible en Blu-ray dans Pierre Clémenti Intégrale, édité par Potemkine, à ne rater sous aucun prétexte pour goûter aux expérimentations d’un cinéma français des années 70 punk et (en roue) libre.

Les prédateurs de la nuit, l'affiche

© 1987 René Chateau Productions / Affiche : Vanni Tealdi. Tous droits réservés.

Victime collatérale de la réorientation du cinéma français ?

En 1988, année de sortie des Prédateurs de la nuit, l’heure est à une réorientation du cinéma français. Les polars cités plus haut n’ont pas trouvé leur public et c’est tout un pan de notre cinématographie qui s’écroule. Delon chute, Belmondo trébuche, le cinéma franchouillard expie, le film noir disparaît… Il n’y aura plus de Rue barbare. L’époque est révolue. Les spectateurs fuient les salles, sauf pour déguster du spectacle américain. Stallone, Schwarzenegger sont les nouvelles stars, Indiana Jones est le héros qui donne du carburant au box-office à bout de souffle.

A priori, Gérard Zalcberg ne semble plus avoir sa place dans le cinéma des années 90, comme beaucoup de talents de cette époque. On relève dans sa filmographie une petite apparition dans le film franco-britannique La montre, la croix et la manière, divertissement avec Bob Hoskins, Natasha Richardson, Jeff Goldblum et Michel Blanc. La comédie est assez drôle mais a peiné à trouver son public. L’acteur français apparaît aussi dans la comédie Les sœurs Soleil, de Jeannot Szwarc, le réalisateur schizophrène des Dents de la mer 2 et de La vengeance d’une blonde. Clémentine Célarié et Marie-Anne Chazel (déjà présente dans Cross) sont les héroïnes déjantées de ce spectacle aussi drôle que grotesque qui fut un désastre commercial pour la Gaumont. D’aucuns le qualifieraient de nanar réussi.

Gérard Zalcberg arrête le cinéma

Absent des écrans dans les années 90, quand un cinéaste comme Jean-Pierre Jeunet aurait très certainement adoré l’intégrer à sa cour, le ténébreux Gérard Zalcberg s’éloigne pour une raison autre que la crise du cinéma, une maladie rare. L’acteur est frappé de surdité. Foutues années 90. Elles ne sont plus celles de l’insouciance des deux décennies passées.

La terreur du polar français des années 80 a quitté Paris pour le bord de mer. Sa carrière s’est arrêtée, le cinéma français s’est réinventé autrement, mais les films de l’époque, eux, sont restés. L’occasion de retrouver l’un des acteurs les plus troubles et troublants de son époque et de ne surtout pas l’oublier.

Tous nos remerciements à Gérard Zalcberg pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Frédéric Mignard

Portrait de Gérard Zalcberg

© Gérard Zalcberg. Tous droits réservés.

Filmographie

Trailers & Videos

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Portrait de Gérard Zalcberg

Bande-annonce de Les prédateurs de la nuit

Acteur

Bande-annonce de Parking

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