Réalisateur, producteur et scénariste espagnol, Fernando Trueba est né en 1955 à Madrid. Il est le frère ainé du réalisateur David Trueba (La buena vida), avec qui il ne doit pas être confondu. Fernando Trueba débute sa carrière comme critique de cinéma pour le quotidien El País. Ecrivant également dans d’autres publications, il crée son propre magazine de cinéma intitulé Casablanca au début des années 80.
Une lente ascension au cours des années 80
Passionné de septième art, Fernando Trueba s’essaie à la réalisation dès 1974 avec plusieurs courts métrages, mais c’est en 1980 qu’il signe son premier long. Cousine je t’aime (1980) connaît un succès certain en Espagne, ce qui lui permet de sortir dans les salles françaises en juin 1981. La même année, il fonde sa propre compagnie de production nommée Opera Films et sa carrière est donc lancée en plein cœur de la Movida. Pourtant ses trois films suivants ne sortiront pas en France et semblent être passés inaperçus. Il lui faut attendre Manolo (1986) pour retrouver les faveurs de la critique avec un Ours d’argent au Festival de Berlin.
La consécration des années 90 et l’Oscar
Trois ans plus tard, il parvient à monter une coproduction avec la France pour tourner Mad Monkey – le Singe fou (1989) qui est mené par la star internationale Jeff Goldblum. Pourtant, le long métrage n’obtient pas le succès espéré. Après quelques travaux télévisuels, Fernando Trueba connaît enfin un succès international avec son film en costumes Belle Epoque (1992) qui obtient l’Oscar du meilleur film étranger en 1994 et qui offre au cinéaste un Goya du meilleur réalisateur en 1993. Le long métrage séduit 70 790 spectateurs en France.
© 1995 Touchstone Pictures / Affiche : Arguments (agence) – SKT (agence). Tous droits réservés.
Grâce à sa statuette glanée à Hollywood, Fernando Trueba reçoit une proposition pour signer une comédie avec en vedette son compatriote Antonio Banderas avec sa compagne Melanie Griffith. Cela donne Two Much (1995) qui est un cruel échec aux States, tandis que la France l’accueille timidement avec 139 000 spectateurs. Cela demeurera pourtant le plus gros chiffre obtenu par le cinéaste sur notre territoire.
Un goût prononcé pour les documentaires musicaux
Revenu en Espagne, Fernando Trueba connaît un nouveau beau succès dans son pays avec La fille de tes rêves (1998), mené par Penélope Cruz. En France, le long métrage sort à peine et cumule tout juste 13 000 entrées. Une peccadille. Après le succès international rencontré par Buena Vista Social Club (Wim Wenders, 1999), Fernando Trueba se lance aussi dans le documentaire musical avec Calle 54 (2000) qui s’intéresse aux grandes figures du jazz latino-américain. Il profite de cette occasion pour créer son propre label de musique Calle 54 records qui édite de nombreux disques rares, ainsi que les bandes originales de ses propres films. Il s’agit pour le réalisateur d’étancher sa passion pour la musique.
© 2000 Cinétévé -Fernando Trueba Producciones Cinematográficas – SGAE – Arte France Cinéma / Affiche : Deleuse (agence) – Estudios Mariscal (Barcelona) (agence). Tous droits réservés.
De retour au grand écran, il signe L’Envoûtement de Shanghai (2002), mais il connaît davantage de succès avec son nouveau documentaire musical intitulé Le miracle de Candeal (2004). Si ses films sortent encore dans les salles françaises, ils passent totalement inaperçus. En réalité, il faut attendre la sortie de son dessin animé Chico & Rita (2011), coréalisé avec Javier Mariscal pour que l’on reparle réellement du cinéaste en France. Le métrage, très réussi, parvient à approcher les 100 000 spectateurs et constitue un petit succès du cinéma d’art et essai.
Les difficiles années 2010
Les cinéphiles pointus connaissent encore de lui L’artiste et son modèle (2012) qui est une évocation historique en noir et blanc, portée par le jeu habité de Jean Rochefort. Le film séduit 85 879 spectateurs en France. Tout en continuant à travailler sur plusieurs projets à la fois, Fernando Trueba frappe un nouveau coup en 2016 en donnant une suite tardive à La fille de tes rêves. Il s’agit de La reine d’Espagne (2016) où il retrouve Penélope Cruz. Cette fois, l’échec est patent et le long métrage ne sort même pas en France. Il faut donc attendre 2021 pour retrouver un film du réalisateur sur les écrans français. L’oubli que nous serons (2020) sort dans l’indifférence générale après la Covid lorsque le cinéma d’art et essai ne redécolle pas. Il se contente de 18 922 entrées.
© 2023 Fernando Trueba Producciones Cinematográficas – Animanostra – Gao Shan Pictures – Les Films d’Ici Méditerranée – Submarine – Julian, Piker & Fermin, SI – Producciones Tonderos, SAC – Arte France Cinéma / Affiche : Le Cercle Noir pour Fidelio. Tous droits réservés.
Enfin, plus récemment, le cinéaste est revenu à l’animation avec They Shot the Piano Player (2023) qui reçoit de très bonnes critiques, mais échoue à passionner le public. Il doit se contenter de 45 104 cinéphiles à la fin janvier 2024. Finalement, Fernando Trueba souffre en France d’un manque cruel de visibilité, là où un artiste comme Almodovar squatte les premières places du box-office.