Carlos Saura était un réalisateur important du cinéma espagnol, particulièrement inspiré dans les années 60 et 70 avec une série de films critiquant en filigrane la société franquiste.
Carlos Saura, une réputation internationale
Réalisateur espagnol, Carlos Saura a été formé au très officiel Instituto de Investigaciones y Experienca Cinematograficas. La première partie de sa carrière, qui se déroule sous le franquisme, dénote son aptitude à déjouer la censure, usant de métaphores et de symboles pour distiller sa critique des institutions.
S’il réalise son premier long métrage en 1960 (Les voyous, portrait de la jeune délinquance), il acquiert la notoriété avec La chasse (1966), au montage subtil, qui permet de l’assimiler aux nouvelles vagues ayant émergé en Europe. De Peppermint frappé (1967) à Maman a cent ans (1979), en passant par Anna et les loups (1973) le réalisateur atteint le sommet de son art avec des films joués par sa compagne d’alors, Geraldine Chaplin. C’est à cette période qu’il connaît son plus grand succès, Cría cuervos (1976), poignant drame de l’enfance, hanté par le thème de la mort, et bercé par le tube Porque te vas, interprété par la chanteuse Jeanette.
Une carrière post-franquiste marquée par l’exploration de thématiques musicales
À partir des années 80, Carlos Saura a moins la cote, comparativement à une nouvelle génération de réalisateurs comme Almodóvar ou, plus tard, Amenábar. Il tente pourtant de se renouveler avec des fictions ou des documentaires axés sur la musique, comme Carmen (1983), libre transposition de l’opéra de Bizet, écrit et mis en scène en collaboration avec le chorégraphe Antonio Gades. Le film est le deuxième volet d’une trilogie sur le flamenco, après Noces de sang (1981), et avant L’amour sorcier (1986).
D’autres œuvres à thématique musicale suivront, la plus réussie étant Tango (1998). Parmi ses films postérieurs, on peut citer Goya (1999), Le septième jour (2005) et Le roi du monde (2021). Le réalisateur est lauréat de plusieurs récompenses internationales, notamment au Festival de Cannes, pour La cousine Angélique (Prix du Jury), Cría cuervos (Prix spécial du Jury), Elisa, mon amour (Prix d’interprétation pour Fernando Rey) et Carmen (Prix de la meilleure contribution artistique et Prix de la Commission supérieure technique).
Carlos Saura, qui devait recevoir un Goya d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, est décédé le 10 février 2023 à l’âge de 91 ans.