Ana Torrent

Actrice
Ana Torrent sur le tournage de Fermer les yeux.

Personal Info

  • Nationalité : Espagnole
  • Nom de naissance : Ana Torrent Bertrán de Lis
  • Date de naissance : 12 juillet 1966, à Madrid (Espagne)

Biographie

Note des spectateurs :

Ana Torrent est l’un des visages mémorables du cinéma espagnol des années 1970-2020. Depuis son enfance et Cria Cuervos, son regard a fasciné l’Espagne.

Ana Torrent est une star en Espagne, avec une carrière de 50 ans. Si elle n’a pas reçu de prix majeurs ou n’a pas figuré dans de récents triomphes localement, depuis toute jeune, son visage a traversé les générations grâce à des œuvres appartenant au patrimoine ibérique. Tout démarre en 1973 et à son premier film, L’esprit de la ruche qu’elle tourne à l’âge de 6 ans. Ce premier long de Victor Erice, produit par Elías Querejeta, boulversera son existence d’enfant. Plus rien ne sera pareil pour elle et même le cinéma espagnol après cela dans sa représentation internationale.

La timidité de la jeune fille, sa capacité à mémoriser ses lignes et celles de ses partenaires à l’écran, son caractère bien trempé convainquent le cinéaste qui, non seulement lancera l’une des carrières les plus brillantes du cinéma ibérique, mais établira avec sa muse un rapport de confiance, amical et paternel, à travers les décennies. Victor Erice ira jusqu’à écrire pour elle un rôle dans son 4e long métrage, Ferme les yeux (Cannes, 2023), qui clôt la boucle de ce qui avait été ouvert en 1973 avec L’esprit de la ruche. Elle a alors 56 ans et demeure aussi bouleversante.

Cria Cuervos : Ana Torrent star du cinéma espagnol à l’âge de 9 ans et ce, jusqu’à Cannes

En 1976, Ana Torrent enfant trouve un deuxième rôle mémorable trois ans après L’esprit de la ruche qui continue de voyager dans le monde (il ne sortira en France qu’en 1977). L’enfant de 9 ans séduit Cannes et le monde entier chez Carlos Saura. Cria Cuervos remporte le prix du Jury cannois, et les yeux grand ouverts d’Ana Torrent lui vaut de figurer en gros sur l’affiche. Avec la chanson de Jeanette, Porque te vas, la jeune fille est indissociable de ce chef d’œuvre dans laquelle Géraldine Chaplin joue un rôle majeur. Près d’1 500 000 spectateurs se ruent sur cette chronique de l’enfance, un record pour un film d’auteur espagnol qui permettra enfin la sortie française tardive de L’esprit de la ruche. Le film est évidemment produit par Elías Querejeta, producteur historique de Saura.

Ana Torrent dans L'esprit de la ruche

Ana Torrent dans L’esprit de la ruche – Photo d’exploitation Reprise 2016 Tamasa Distribution. Copyrights : 1973. Elías Querejeta Producciones Cinematográficas. All RIghts Reserved.

La bande des Ibériques – Saura, Géraldine Chaplin, Querejeta et Ana Torrent – se reforme l’année suivante pour Elisa, vida mia, dont le succès sera moindre, mais néanmoins réel en France, avec 308 767 spectateurs, soit le 5e meilleur score de son auteur dans l’Hexagone.

El Nido, les Oscars et les amours interdites

Ana Torrent va paisiblement grandir loin des tapis rouges internationaux, dans son pays où elle poursuit sa scolarité, et poursuit une carrière au cinéma. Elle grandit littéralement à l’écran dans El Nido (1980), où elle apparaît désormais adolescente. Il s’agit d’une histoire d’amour platonique entre un homme de 60 ans et d’une jeune fille de 14 ans. Le film est nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger en 1983 et Ana Torrent remporte le prix de la Meilleure actrice aux Premios ACE de New York (1983).

En 1983, la jeune fille figure au casting d’une chronique féminine quelques peu oubliée, coproduite par l’Espagne et l’Allemagne, Mir reicht’s – ich steig aus. On y trouve Marie-Christine Barrault.

Entre 1983 et 1990, Ana Torrent se partage entre le cinéma (Los Paraisos perdidos) et la télévision. On ne retiendra de cette époque que Sangre y arena, une série B de la 20th Century Fox Allemagne, méconnue en France, exploitée directement en vidéo sous le titre de L’indomptée de par chez nous. Il s’agit du remake du classique avec Tyrone Power, Anthony Quinn et l’immense Rita Hayworth, revisité à la sauce érotico télévisuelle de la fin des années 80, ou du moins d’une adaptation contemporaine du roman de Vicente Blasco Ibáñez. Ana Torrent y joue le troisième personnage principal face à Sharon Stone féroce de passion.

Tesis, l'affiche du film d'Alejandro Amenabar

© 1995 Sogepad / Illustration : Pierre Collier. Tous droits réservés.

Dans les années 1990, Ana Torrent trouve encore de beaux rôles. Dans une filmographie riche mais méconnue des Français, deux films retiendront l’attention. Le premier long de Julio Medem, le fantaisiste et ténébreux Vacas (1992) où elle se démarque aux côtés d’Emma Suarez et Carmelo Gomez, et Tesis (1996), une autre première œuvre, celle d’Alejandro Amenabar, avec Fele Martinez et Eduardo Noriega. Ce thriller implacable sur fond de snuff, est un triomphe au box-office espagnol et lance la carrière légendaire du réalisateur de The Others et de Mar Adentro. C’est aussi le premier rôle important de Noriega.

Pour Tesis, Ana Torrent sera évidemment nommée aux Goyas, dans la catégorie de la meilleure actrice, et recevra diverses prix pour son interprétation (Premios ACE…).

En 2000, elle parvient encore à surprendre dans Yoyes, dont elle joue le personnage éponyme. Ce drame poignant sur l’impossible rédemption d’une ancienne terroriste, reçoit de nombreux prix dans des festivals internationaux, mais connaîtra une diffusion trop discrète en France.

Peter Greenaway, Roland Joffé…

Suivent une quinzaine de longs métrages dans les années 2000, essentiellement exploités en Espagne, dont Juego de Luna de Monica Laguna, The Tulse Luper Suitcases et A Life in Suitcases de Peter Greenaway (2003, 2005), Iris de Rosa Verges (2004), Deux sœurs pour roi de Justin Chadwick (2008), avec Natalie Portman, Scarlett Johansson, Eric Bana et Kristin Scott Thomas… Cette coproduction américano-britannique est sélectionnée à Berlin et remporte un certain succès. En 2009, Ana Torrent est aussi la tête d’affiche du film d’épouvante Les témoins du mal (The Haunting / No-Do) d’Elio Quirogla. La série B plutôt ratée repartira bredouille du festival de Gérardmer en janvier 2010.

Dans les années 2010, Ana Torrent n’a plus la même envergure au cinéma. Une nouvelle génération d’acteurs tend à occuper les rôles dans lesquels elle était appréciée auparavant. Le film d’épouvante de Paco Plaza Verónica (2017) est un succès espagnol qui sera même distribué en France, mais l’actrice est reléguée au second plan et incarne le personnage d’une mère de famille, dans un film pour et avec des adolescentes en tête d’affiche. Second rôle également dans El Desentierro, thriller sombre de Nacho Ruiperez (2018). Le jeune cinéaste la retrouvait quatre ans après le court métrage gothique La Ropavejera.

Agusti Villaronga, Isabel Coixet, et Victor Erice, encore pour le meilleur

Avec une vie à New York, aux USA, Ana Torrent est finalement moins présente à l’écran durant les années 2010. Elle tourne néanmoins dans There Be Dragons (2011), un ambitieux projet de Roland Joffé, avec Charlie Cox, Wes Bentley, Rodrigo Santoro, Derek Jacobin, Géraldine Chaplin et Golshifteh Farahani, mais le résultat est un échec cuisant au box-office.

Finalement, les dernières grandes œuvres avec Ana Torrent sont Carta a eva (2012), téléfilm réalisé par Agusti Villaronga sur Eva Perón qui a eu un grand succès dans les pays hispanophones, Nieva en Benidorm d’Isabel Coixet (2020), et surtout Fermer les yeux de Victor Erice (2023) qui lui permet de monter à nouveau les marches cannoises, lors d’une présentation dans la sélection Cannes Premières.

En 2021, Ana Torrent a également été acclamée sur les planches de Madrid, pour une adaptation de Jean Genêt, Las Criadas.

Prochainement, Sobre todo de noche (2023), de Victor Iriarte, devrait être un nouveau film qui compte dans sa filmographie. Ce portrait de femmes aux âges pluriels est prévu dans les cinémas espagnols en fin d’année 2023. Il est présenté en en compétition aux Giornate degli Autori de la Mostra de Venise 2023.

Une actualité riche qui comble les attentes.

Frédéric Mignard

Filmographie :

  • 1973 : L’Esprit de la ruche (El Espíritu de la colmenade Víctor Erice
  • 1976 : Cría cuervos de Carlos Saura
  • 1977 : Elisa, mon amour (Elisa, vida mia) de Carlos Saura
  • 1979 : Opération Ogre (Ogro) de Gillo Pontecorvo
  • 1980 : El nido de Jaime de Armiñán
  • 1983 : Mir riecht’s – ich steig aus de Gustav Ehmck
  • 1985 : Los Paraisos perdidos de Basilio Martin Patino
  • 1989 : L’Indomptée (Sangre y arena) de Javier Elorrieta
  • 1989 : The Legendary Life of Ernest Hemingway de José Maria Sanchez
  • 1992 : Vacas de Julio Médem
  • 1992 : Macao, mépris et passion (Amor e dédinhos de Pé) de Luis Filipe Rocha
  • 1994 : Entre rojas d’Azucena Rodriguez
  • 1995 : El palomo cojo de Jaime de Armiñán
  • 1995 : Puede ser divertido d’Azucena Rodriguez
  • 1996 : Tesis d’Alejandro Amenábar
  • 1998 : El grito en el cielo de Dunia Ayaso et Félix Sabroso
  • 1999 : Ave Maria d’Eduardo Rossoff
  • 2000 : Yoyes d’Helena Taberna
  • 2001 : Sagitario de Vicente Molina Foix
  • 2001 : Juego de Luna de Monica Laguna
  • 2002 : Las Caras de la luna de Guita Schyfter
  • 2003 : Una preciosa puesta de sol d’Alvaro del Amo
  • 2003 : The Tulse Luper Suitcases, Part 1 : The Moab Story de Peter Greenaway
  • 2004 : The Tulse Luper Suitcases, Part 2 : Vaux to the Sea de Peter Greenaway
  • 2004 : Iris de Rosa Vergés
  • 2004 : The Tulse Luper Suitcases, Part 3 : From Sark to the Finish de Peter Greenaway
  • 2005 : A Life in Suitcases de Peter Greenaway
  • 2007 : El Hombre de arena de José Manuel Gonzalez
  • 2008 : Deux Sœurs pour un roi (The Other Boleyn Girl) de Justin Chadwick
  • 2008 : 14, Fabian Road de Jaime de Armiñán
  • 2009 : Les Témoins du mal (No-Do) d’Elio Quiroga
  • 2011 : Au prix du sang (There Be Dragons) de Roland Joffé
  • 2017 : Verónica de Paco Plaza
  • 2018 : El desienterro de Nacho Ruipérez
  • 2020 : It Snows in Benidorm de Isabel Coixet
  • 2023 : Fermer les yeux de Victor Erice
  • 2023 : Sobre todo de noche de Victor Iriarte
Ana Torrent sur le tournage de Fermer les yeux. © Manolo Pavon

Ana Torrent dans Fermer les yeux. © Manolo Pavon

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