Note des spectateurs :

Mort du cinéaste Michel Deville, César du Meilleur réalisateur en 1986 pour Péril en la demeure. L’un des plus grands noms du cinéma français de la deuxième moitié du XXe siècle nous a quittés en toute discrétion le 16 février 2023. Son épouse a annoncé son décès le jour de son inhumation. 

Réalisateur et scénariste français, Michel Deville a débuté dans les années 50 en tant qu’assistant, notamment d’Henri Decoin. En 1958, il coréalise avec Charles Gérard un polar intitulé Une balle dans le canon qui trouve un petit succès. Puis, il crée sa propre compagnie de production nommée Eléfilm et se spécialise dans les comédies légères durant les années 60. On lui doit alors Adorable menteuse (1961), A cause, à cause d’une femme (1962) ou Lucky Joe (1964).

Michel Deville, auteur majeur, de la comédie au drame

Toutefois, après les succès de Benjamin ou les mémoires d’un puceau (1968) avec Michèle Morgan, Michel Piccoli, Pierre Clémenti, et Catherine Deneuve qui dépasse les 2 500 000 entrées, et L’ours et la poupée (1970), avec Brigitte Bardot, Jean-Pierre Cassel, Daniel Ceccaldi, il commence à développer des thématiques plus personnelles et sombres.

Au cours des années 70, il livre quelques films remarquables comme Raphaël ou le débauché (Maurice Ronet, Francoise Fabian, 1971), La femme en bleu (Michel Piccoli, Léa Massari, Michel Aumont, 1973), Le mouton enragé (Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Cassel, Romy Schneider, Jane Birkin, 1974), Le dossier 51 (1978).

Les années 80 lui sont également favorables avec quelques beaux succès comme Eaux profondes (Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, 1981), Péril en la demeure (Anémone, Richard Bohringer, Nicole Garcia, Christophe Malavoy, Michel Piccoli, 1985), et La lectriceMiou-Miou, 1988).

Péril en la demeure, un sacre aux César tardif mais applaudi

Péril en la demeure est l’heure de la consécration auprès de ses pairs. Michel Deville est sacré Meilleur réalisateur aux César. Il avait déjà été nommé dans cette catégorie en 1979 pour Dossier 51. Il remportera néanmoins la récompense du Meilleur scénariste pour cette œuvre. Il sera à nouveau nommé à la réalisation en 1989 pour La lectrice et en 2000 pour La maladie de Sachs.

Son dernier succès est le film noir Toutes peines confondues (Jacques Dutronc, Mathilda May, Patrick Bruel), en 1992.

À partir d’Aux petits bonheur (Anémone, Xavier Beauvois, André Dussollier, Nicole Garcia, Michèle Laroque), ses films marquent moins et il connaît l’échec public.

Mort de Michel Deville dans la plus grande discrétion

Il revient à la comédie, sans vraiment convaincre. On lui doit alors des œuvres oubliables comme La divine poursuite (Antoine De Caunes, Emmanuelle Seigner, Elodie Bouchez, Denis Podalydès, 1997) qui est le plus gros échec de sa carrière avec à peine 16 000 entrées, et ou Un fil à la patte d’après Feydeau (Emmanuelle Béart, Charles Berling, Dominique Blanc, Jacques Bonnaffé, Mathieu Demy, Julie Depardieu, 2005). Seul film à retenir de cette période, La maladie de Sachs (1999) trouve son public. Il entame une retraite méritée en 2005. Il a alors 75 ans et une carrière remarquable.

Michel Deville est décédé le 16 février 2023 à l’âge de 91 ans dans un oubli relatif de la part des cinéphiles contrairement à bien des auteurs de son époque. Il laisse derrière lui une œuvre néanmoins considérable.

Virgile Dumez 

Ils nous ont quittés en 2023

 

Péril en la demeure de Michel Deville, nommé au César de la Meilleure affiche en 1986 - Copyright : Baltimore. Tous droits réservés.

Péril en la demeure de Michel Deville, nommé au César de la Meilleure affiche en 1986 – Copyright : Baltimore. Tous droits réservés.