Note des spectateurs :

Mort de Bob Rafelson : le réalisateur du Facteur sonne toujours deux fois, Aux sources du Nil et Cinq pièces faciles nous a quittés à l’âge de 89 ans.

L’été meurtrier. Bob Rafelson, réalisateur et producteur indépendant, symbole du Nouvel Hollywood, nous quitte sans faire de bruit, après 20 ans d’absence. Cette sommité du cinéma américain, qui n’avait guère connu le succès au box-office. Son plus gros succès étant le remake torride du Facteur sonne toujours deux fois, avec Jack Nicholson et Jessica Lange qui triomphe en 1981.

Réalisateur, scénariste et producteur américain, Bob Rafelson voyage beaucoup durant sa jeunesse. Il interrompt ensuite ses études universitaires pour entrer à la télévision où il devient le scénariste de la série Play of the Week en 1960. Il en profite pour monter le groupe de musique The Monkees qui est créé pour concurrencer les Beatles. A partir de 1966, il réalise même des épisodes d’une série consacrée à ce groupe de musique pop.

Il monte parallèlement une société de production d’abord nommée Raybert Productions, puis plus tard BBS Productions. Ainsi, il peut tourner son premier film de cinéma intitulé Head. Il retrouve notamment les Monkees et entame sa collaboration avec l’acteur Jack Nicholson. Le long-métrage est plutôt de bonne tenue, mais ne rencontre pas le succès escompté.

Bob Rafelson participe ensuite à la production de Easy Rider (Hopper, 1969) qui lui rapporte énormément d’argent et lui permet ainsi de conserver son indépendance pendant de longues années. Il réalise ensuite Cinq pièces faciles (1970), toujours avec Jack Nicholson accompagné de Karen Black. Le film reçoit quatre nominations aux Oscars, devient un beau succès du cinéma indépendant américain. En France, 250 387 curieux se rendent dans les salles.

Le succès n’est pas réitéré avec The King of Marvin Gardens (1972), qui, malgré la présence de Nicholson, est un flop mondial. En France, ils ne seront que 48 144 spectateurs à voir le long-métrage en salle. L’iconoclasme du film se retrouve encore avec sa réalisation suivante intitulée Stay Hungry (1976) qui désarçonne même le public français qui ne s’y rend tout simplement pas (37 401 amateurs de contre-culture américaine sur notre territoire). Durant  cette période, on signalera que Bob Rafelson a participé au financement de La maman et la putain (1973) de Jean Eustache.

Les années 80 ou le temps des budgets plus conséquents

Engagé sur le tournage de Brubaker en 1979, Bob Rafelson est tout simplement évincé par la Fox et remplacé par Stuart Rosenberg. La vision du réalisateur était apparemment peu compatible avec les objectifs du grand studio. Resté un moment sans emploi, Rafelson aborde les années 80 avec le remake du Facteur sonne toujours deux fois (1981) où il associe Nicholson et Jessica Lange pour une œuvre sulfureuse très réussie. Si le succès est moyen aux Etats-Unis, le long-métrage remporte un bel écho en France avec 1 197 879 fans de film noir.

Après ce joli coup, Bob Rafelson attend encore six ans avant de retrouver les plateaux pour La veuve noire (1987), thriller au féminin qui a rencontré un succès d’estime. Cela permet à Bob Rafelson de réunir un imposant budget pour porter à l’écran une véritable histoire dans Aux sources du Nil (1990). Si le film est une nouvelle réussite de la part du réalisateur, il s’écrase au box-office mondial faute d’un casting porteur.

Retour à l’indépendance pour une production globalement décevante

Il revient à une production plus raisonnable avec Man Trouble (1992) où il retrouve le fidèle Jack Nicholson. Le film n’est quasiment pas vu aux Etats-Unis et ne sort que six ans plus tard en France pour un total hallucinant de 7 050 curieux. Le cinéaste touche ici le fond sur le plan commercial. Rafelson retrouve encore Nicholson pour Blood & Wine (1996) qui sort en France avant Man Trouble, mais ne brille pas non plus au niveau des entrées avec seulement 110 822 fans de Nicholson. Décidément, les années 90 ne sont guère favorables aux deux compères qui se font vieux aux yeux d’une nouvelle génération de cinéphile.

Bob Rafelson tourne encore quelques courts-métrages érotiques et termine sa carrière cinématographique en 2002 avec le polar Sans motif apparent qui est un énorme échec aux Etats-Unis et ne sort même pas dans les salles françaises malgré la présence au générique de Samuel L. Jackson et Milla Jovovich.

Cette ultime déroute a sonné l’heure de la retraite pour Rafelson qui restera surtout dans les mémoires comme un symbole du Nouvel Hollywood indépendant des années 70. Un repère historique d’un cinéma qui n’est plus.

En décédant à l’âge de 89 ans, Bob Rafelson laisse derrière lui une carrière forte et complexe, et une vie remplie au-delà de sa seule carrière.

Virgile Dumez

Les célébrités disparues en 2022

Le facteur sonne toujours deux fois, l'affiche du film de 1981

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Mort de Rob Rafelson – Article de Virgile Dumez – Filmographie du cinéaste ici

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