Série B qui tire vers le nanar, Zoltan, le chien sanglant de Dracula alterne passages amusants grâce à des chiens bien dressés et moments consternants. A la niche !
Synopsis : A la découverte de la sépulture de Dracula un inconscient enlève le pieu planté dans le cœur de son chien, ce qui a pour effet de le réveiller. Dès lors le cabot part à la recherche du descendant de son maître qui vit désormais aux Etats-Unis…
Un film réservé à un public de niche
Critique : A la fin des années 70, le cinéma gothique traditionnel est déjà plus ou moins mort et enterré. La Hammer en Angleterre est en passe de ranger son bestiaire au rayon des accessoires et l’horreur a été passablement bouleversée par des films aussi différents que L’exorciste (Friedkin, 1973) ou Massacre à la tronçonneuse (Hooper, 1974) et s’apprête à prendre de plein fouet la déferlante Halloween (Carpenter, 1978).
Pourtant, certains petits malins continuent à produire des œuvres démodées prenant pour héros des figures classiques du fantastique. C’est le cas du réalisateur-producteur Albert Band qui revient au cinéma après plusieurs années de pause dans sa carrière. Le cinéaste, spécialisé dans la série B fauchée depuis ses débuts dans les années 50, s’empare ici du mythe de Dracula en s’appuyant sur un script de Frank Ray Perilli (futur scénariste de L’incroyable alligator en 1981).
Un sacré cabot teint !
Le scénariste a eu effectivement l’idée assez originale de centrer toute son intrigue non pas sur la figure de Dracula, mais sur celle de son animal de compagnie, un chien nommé Zoltan. Toutefois, sans doute par paresse ou simple manque d’imagination, l’auteur n’a pas cru bon dévier de l’histoire classique conçue par Bram Stoker. Il n’a fait que remplacer le célèbre comte par son chien. Histoire de moderniser le tout, l’intrigue est contemporaine et si elle démarre bien en Europe, l’essentiel de l’action se déroule aux Etats-Unis. Pire, une grosse moitié du film se passe sur une aire de camping près d’un lac, cadre champêtre qui ne correspond en rien à l’ambiance vampirique habituelle.
En réalité, toutes ces décisions semblent uniquement dictées par des restrictions budgétaires. Dès ses premières images, Zoltan, le chien sanglant de Dracula (1977) clame son appartenance à un cinéma de série B, voire Z. Fauché comme les blés, le métrage apparaît d’une pauvreté sans nom, jusque dans son décor naturel, les alentours d’un lac sans aucun charme. Si Albert Band ne s’en sort pas trop mal avec la gestion du chien (rejoint par d’autres en cours de film) et ses quelques effets spéciaux (ajout de canines proéminentes aux chiens vampires), il se révèle tout de même incapable de créer la moindre tension.
Le spectateur n’aura guère d’os à ronger
Entravé par un casting visiblement peu concerné – et sans doute persuadé de participer à un navet – Albert Band ne parvient jamais à rendre ses personnages intéressants. Michael Pataki est ainsi bien peu charismatique. Même des vétérans comme Reggie Nalder et José Ferrer semblent un peu perdus.
Il faut dire qu’à y réfléchir ce script est quand même passablement absurde, voire même idiot lorsque le réalisateur se permet un flashback canin (seul Wes Craven y aura recours par la suite dans une séquence culte de La colline a des yeux 2 en 1984). Sans enjeu véritable, le long-métrage se délite peu à peu, et ceci malgré la bonne volonté du casting canin, de loin le plus convaincant du film.
Une œuvre aux abois
Ajoutez à cela une image sans charme, une musique électronique de bas étage assez assommante et des péripéties terriblement convenues et vous aurez une juste idée du nanar. Au vu du résultat final, on se demande même comment le long-métrage a pu atterrir dans les salles françaises quatre ans après sa création, soit en 1981. Sorti dans quelques salles, Zoltan, le chien sanglant de Dracula a été vu à l’époque par 69 639 inconscients, avant d’être exploité en VHS chez l’éditeur Thorn-Emi.