Transes : la critique du film (1982)

Documentaire, Musical | 1h29min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Transes, l'affiche

  • Réalisateur : Ahmed El Maanouni
  • Date de sortie: 27 Jan 1982
  • Année de production : 1981
  • Nationalité : Marocain, Français
  • Titre original : Transes
  • Titres alternatifs : Trances (titre international)
  • Avec dans leurs propres rôles : Laarbi Batma, Omar Sayed, Abderhmane Kirouch, Allal Yaâla, Tayeb Saddiki, Boujmîa Hagour
  • Scénariste : Ahmed El Maanouni
  • Monteurs : Jean-Claude Bonfanti, Atika Tahiri
  • Directeur de la photographie : Ahmed El Maanouni
  • Compositeurs : Nass El Ghiwane
  • Chef Maquilleur :
  • Chef décorateur :
  • Directeur artistique :
  • Producteurs : Izza Génini, Souheil Ben-Barka
  • Producteurs exécutifs :
  • Sociétés de production : Interfilms, Ohra-Sogeav
  • Distributeur : Ohra-Sogeav
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Carlotta Films (DVD, 2012) / Carlotta Films (blu-ray dans le coffret World Cinema Project, 2024)
  • Dates de sortie vidéo : 18 avril 2012 (DVD) / 17 septembre 2024 (blu-ray en coffret uniquement)
  • Budget : 200 000 €
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs et Noir et Blanc (images d'archives) / Son : Mono
  • Festivals : Festival national du film de Rabat 1982 : en sélection / Festival de Cannes 1981 / Festival du film de New York 1981 / Mostra de Venise 1984 / Festival de Cannes 2007 : sélection Cannes Classics
  • Nominations :
  • Récompenses : Festival de Cannes 1981 : Prix ESEC / Festival national du film de Rabat 1982 : Prix du public
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Ohra. Tous droits réservés / All rights reserved
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Note des spectateurs :

Documentaire musical culte consacré au groupe marocain Nass El Ghiwane, Transes permet de saisir l’intensité des concerts d’un ensemble qui a revitalisé la musique marocaine des années 70-80. Intéressant.

Synopsis : Dans les années 70, le Maroc a connu, grâce à cinq musiciens formés à l’école de la rue et décidés à rompre les « langueurs orientales » envahissantes, une explosion musicale qui devait être pour les jeunes le cri de leurs frustrations et de leur révolte…

Nass El Ghiwane, un groupe marocain majeur

Critique : En 1978, le jeune cinéaste marocain Ahmed El Maanouni signe un tout premier film de fiction intitulé Alyam, Alyam qui évoque la vie d’un petit village du cru. Sélectionné au Festival de Cannes, une première pour une œuvre produite au Maroc, le long métrage tape dans l’œil de la distributrice marocaine Izza Génini installée en France. Elle choisit de sortir le film grâce à sa société Ohra-Sogeav cofondée avec Louis Malle et Claude Nedjar. Durant la projection, la distributrice est frappée par la musique utilisée en bande sonore, issue du groupe marocain Nass El Ghiwane.

Consciente de l’aspect novateur du groupe en question, elle commande un documentaire sur cet ensemble typiquement marocain au réalisateur Ahmed El Maanouni qui va ainsi créer Transes (1981). Pour comprendre l’importance de ce groupe sur le plan national marocain, il faut se souvenir qu’au cours des années 60 et même encore 70, la plupart de la musique entendue au Maghreb était d’origine libano-égyptienne, et donc orientale. Effectivement, les principaux vecteurs de la musique étaient le cinéma – avec en pole position l’Egypte – et les cassettes pirates. Peu, voire pas de place du tout pour une musique locale issue des traditions des pays d’Afrique du Nord.

La revitalisation du style Gnaoua

Or, au début des années 70, le groupe Nass El Ghiwane, alors mené par Boujmîa Hagour (qui décède toutefois en 1974), réinvente la musique marocaine en revenant aux sources de la poésie locale, en réutilisant des instruments traditionnels locaux et en réinventant une musique fondamentalement religieuse. Ainsi, les rythmes utilisés, répétitifs, ont pour but de déclencher une transe mystique largement inspirée du mouvement Gnaoua. La particularité du groupe est de confronter cette musique traditionnelle longtemps enfouie avec des thématiques plus modernes qui touchent la population marocaine, alors marquée par une pauvreté endémique. D’ailleurs, les membres du groupe sont eux-mêmes issus des quartiers les plus pauvres de Casablanca et les thèmes abordés les touchent directement.

World Cinema Project, détails du coffret Carlotta

© 2024 Carlotta Films / Jaquette : L’Etoile Graphique. Tous droits réservés.

Afin de saisir la ferveur qui entoure le groupe durant les deux décennies 70-80, Ahmed El Maanouni a opté pour de nombreuses captations de concerts, et notamment d’une spectaculaire prestation à Agadir où le public venu en masse semble comme gagné par une transe digne des heures les plus folles de la Beatlesmania. Cette multiplication de passages musicaux offre une magnifique plateforme pour le groupe, au risque de lasser ceux qui ne goûtent guère cette musique maghrébine aux rythmiques répétitives.

Un documentaire qui manque parfois de didactisme

Certes, Ahmed El Maanouni entrecoupe ces longs morceaux par quelques entretiens avec les différents membres du groupe et par quelques images d’archives – notamment des obsèques du roi Mohammed V – mais l’ensemble peut apparaître un petit peu frustrant pour le néophyte qui souhaiterait en connaître davantage sur les origines de cette ferveur.

Dans Transes, on saisit toutefois l’origine populaire des membres du groupe, tandis que l’on assiste à des séances de composition et d’enregistrement d’album. Le spectateur saisira au bond des bribes de tensions au sein du groupe quant à la rémunération de leur travail, miné par le trafic de cassettes pirates – un fléau qui touche l’ensemble du continent africain. Toutefois, quelques explications complémentaires manquent sans doute à l’appel pour faire de Transes le documentaire ultime sur le sujet.

Une œuvre sauvée de l’oubli par Martin Scorsese

Il a toutefois eu le grand mérite de conserver sur pellicule des prestations scéniques formidables et s’inscrit donc logiquement dans la politique de préservation du patrimoine initiée par Martin Scorsese avec son World Cinema Project. On notera d’ailleurs que Transes est le tout premier film à avoir bénéficié d’une restauration en 2K grâce à cette fondation, au point d’être à nouveau projeté à Cannes en 2007 dans le cadre de Cannes Classics, après un premier passage en 1981.

On notera par ailleurs que Transes est sorti en salles en France dès le mercredi 27 janvier 1982 grâce à la distributrice et productrice Izza Génini. Depuis, il a été édité en version restaurée par Carlotta Films, d’abord en DVD en 2012, puis au sein du coffret blu-ray consacré au World Cinema Project de Martin Scorsese.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 janvier 1982

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Transes, l'affiche

© 1981 Ohra. Tous droits réservés.

Biographies +

Ahmed El Maanouni

Mots clés

Cinéma marocain, Documentaire musical, Les groupes de musique au cinéma, Festival de Cannes 1981

 

Le test du blu-ray de Transes, dans le coffret World Cinema Project

L’ambitieux éditeur Carlotta propose de découvrir huit films du patrimoine mondial restaurés par la fondation de Martin Scorsese nommée World Cinema Project. Le coffret comprend les films suivants :  Les Révoltés d’Alvarado; Prisonniers de la terre; La Loi de la frontière; La Femme au couteau; Huit coups mortels; Muna Moto; Transes; La Flûte de roseau. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Packaging & Compléments du coffret : 4 / 5

Le coffret s’ouvre sur un superbe digipack révélant trois volets où sont inclus les six blu-ray de cette belle collection de pépites mondiales inédites. Chaque film bénéficie en outre d’une présentation de trois minutes de Martin Scorsese qui revient rapidement sur la carrière de son réalisateur et sur le contexte de création du film.

Pour Transes, les suppléments habituels sont complétés par un passionnant documentaire intitulé Transes, c’est toute une histoire (21 minutes). Le module rétrospectif nous offre des entretiens très informatifs avec la productrice Izza Génini, le réalisateur Ahmed El Maanouni et l’un des membres du groupe Nass El Ghiwane. Ils reviennent tous sur la genèse du projet, son tournage plus ou moins improvisé et surtout sur l’impact international du documentaire.

L’image de Transes : 3 / 5 

Restauré en 2K par la fondation de Martin Scorsese, Transes apparaît dans une copie de bonne qualité, mais qui ressemble davantage à un rendu SD qu’à une véritable copie HD. Sans doute est-ce dû à l’origine documentaire des images qui ne peuvent pas être lissées pour correspondre aux attentes contemporaines. Au moins les anicroches et autres brûlures ont été éliminées d’une copie impeccable, mais qui manque donc assurément de définition.

Le son de Transes : 3,5 / 5

Proposé en mono DTS-HD Master Audio en version originale sous-titrée, le programme bénéficie d’une bonne restitution sonore des concerts du groupe. Certes, le rendu s’avère très frontal, mais en poussant le son, le spectateur sera immergé dans l’ambiance des concerts, sans que la musique ne sature. L’ensemble est donc probant. Signalons également que les paroles des chansons sont judicieusement sous-titrées, permettant de mieux saisir le sens de cette musique à vocation populaire.

Test blu-ray : Virgile Dumez

World Cinema Project, jaquette blu-ray

© 2024 Carlotta Films / Jaquette : L’Etoile Graphique. Tous droits réservés.

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