The Sinful Dwarf est un shocker des années 70, totalement dégénéré, dans une exploitation crasse que l’on surnomme l’eurotrash. Le nabot libidineux est surtout le vilain petit canard du cinéma danois où il coula au box-office avant de se bâtir une réputation grâce à sa sortie américaine…
Synopsis : Lila Lash, une ancienne chanteuse de music-hall alcoolique, tient un hôtel miteux à Londres. Avec l’aide de son fils Olaf, un nain sadique, elle kidnappe des jeunes filles qu’elle drogue et oblige à se prostituer.
The Sinful Dwarf : Elles voient un nain partout
Critique : Libidineux, tueur, violeur, le nain de tous les cauchemars habite The Sinful Dwarf. Le film danois exploite la peur de la différence en la mettant en scène dans les clichés vicieux des productions du siècle dernier, à savoir une représentation ignorante du nain en bête de foire ou monstre de cinéma.
Cette obscure production tournée sous pseudo explore les thèmes les plus à la mode des années 70, prostitution forcée, esclavage sexuel, dégâts de la drogue qui condamne les victimes à accepter leur triste sort. Dans ce nouvel outrage cinématographique d’une décennie qui aimait le sordide, le pitch est à l’avenant. Le nain attire ses proies par des jouets, chez sa mère, vieille alcoolique qui tient une sorte d’hôtel miteux. Il les séquestre dans un grenier où il les pique à l’héroïne pour recevoir l’argent de jeunes clients qui n’ont visiblement rien d’autre à faire…
Dans une ambiance déliquescente de film d’épouvante, où règnent l’étrange et l’inattendu, un couple sans le sou débarque, contraint d’y déposer leurs quelques bagages… Lui écrit, elle entend des bruits, et pour la tenancière de ce drôle d’établissement, la belle blonde pourrait bien être utile à son commerce. Elle sera donc la prochaine victime de cette histoire au tournant policier en toute fin.
De l’horreur à l’érotisme, il ne reste que la déviance
Curieusement, le cinéaste préfère l’érotisme à un vrai virage dans le thriller horrifique, alors que l’atmosphère est tout sauf celle d’une légèreté pour spectateurs adultes. C’est ainsi que l’on assiste régulièrement à des viols pour émoustiller les spectateurs seventies. Des scènes sexuellement explicites ont été coupées pour l’exploitation américaine. L’éditeur Severin les a ajoutées dans une version alternative, lors d’un collector sorti en 2016. On se demande pourquoi avoir intégré un aspect érotique à un sujet voyeuriste qui aurait pu s’en passer. Mais dans les années 70, on ne laissait guère parler sa conscience.
Le résultat final est bâtard. L’ambiance de cet OFNI trash et osé est réussie, puisque le malaise est posé. Mais on regrette quelques petites inconsistances. Les acteurs, de différentes nationalités, déclament l’anglais de John Waters, ce qui correspond bien au moule underground de cette production que l’on peut également envisager comme une comédie grotesque.
Dans tous les cas, il faut le voir pour le croire. Ou pas. Faute d’une édition vidéo existante en France, vous vous contenterez bien d’une diffusion en SVOD sur les plateformes accueillantes. Attention, Disney+ aurait refusé toute diffusion sur son antenne, malgré la métaphore filée du jouet, qui sonne comme une obsession généralisée dans ce film qui dresse un lien entre la taille du nain attardé et celle de l’enfant.
Critique de Frédéric Mignard