The Nest : la critique du film (2021)

Drame | 1h47min
Note de la rédaction :
6/10
6
The Nest, en VOD sur MyCanal

  • Réalisateur : Sean Durkin
  • Acteurs : Jude Law, Charlie Shotwell, Carrie Coon, Oona Roche
  • Date de sortie: 09 Fév 2021
  • Nationalité : Britannique, Canadien
  • Titre original : The Nest
  • Titres alternatifs : Le nid (Québec) / O Ninho (Portugal) / Gniazdo (Pologne) / The Nest - Alles zu haben ist nie genug (Allemagne)
  • Année de production : 2020
  • Scénariste(s) : Sean Durkin
  • Directeur de la photographie : Mátyás Erdély
  • Compositeur : Richard Reed Parry
  • Société(s) de production : Element Pictures, BBC Films, Elevation Pictures, FilmNation Entertainment
  • Distributeur (1ère sortie) : SND (Groupe M6). La date de sortie ci-dessus est celle de la première diffusion sur Canal + car le film est victime de la crise de la Covid
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : M6 Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 15 décembre 2021
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : 137 886 $
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Stéréo
  • Festivals et récompenses : Festival de Deauville 2020 : Grand prix, Prix de la critique internationale et Prix de la révélation / Festival du film de Sundance 2020 : sélection hors compétition
  • Illustrateur / Création graphique : Design affiche USA : P+A
  • Crédits : © Nest Film Productions Limited/Spectrum Movie, Canada 2019
Note des spectateurs :

Dans The Nest, Sean Durkin s’attaque à la vacuité du modèle néolibéral anglo-saxon des années 80 par une œuvre intéressante, à défaut d’être passionnante. La faute à un rythme un peu languissant.

Synopsis : Dans les années 1980, Rory, un ancien courtier devenu un ambitieux entrepreneur, convainc Allison, son épouse américaine, et leurs deux enfants de quitter le confort d’une banlieue cossue des États-Unis pour s’installer en Angleterre, son pays de naissance. Persuadé d’y faire fortune, Rory loue un vieux manoir en pleine campagne où sa femme pourra continuer à monter à cheval. Mais l’espoir d’un lucratif nouveau départ s’évanouit rapidement et l’isolement fissure peu à peu l’équilibre familial.

Le deuxième film du réalisateur de Martha Marcy May Marlene

Critique : Cela faisait quasiment dix ans que nous n’avions plus de nouvelles du réalisateur Sean Durkin qui avait su éveiller notre curiosité avec son premier long-métrage Martha Marcy May Marlene (2011). Depuis, Durkin a surtout travaillé à la télévision britannique en tant que réalisateur (sur la mini-série Southcliffe), tout en menant une intense activité de producteur indépendant. Après plusieurs années d’inactivité en tant que réalisateur, Sean Durkin livre donc avec The Nest son deuxième effort personnel qui retrouve en partie le ton quelque peu étrange de son premier opus.

Parfois présenté de manière abusive comme un thriller, The Nest est en réalité l’étude attentive de la déréliction d’un couple au cœur d’une société anglo-saxonne du début des années 80. L’auteur nous présente donc un couple et leurs deux enfants qui semblent mener une vie de rêve aux Etats-Unis, avant que le mari, Rory (incarné avec talent par Jude Law), ne prenne la décision de revenir sur sa terre natale, la bonne vieille Angleterre.

Retour dans les années 80

Précisons que son but est de reconquérir la City qui est alors en pleine expansion. Il faut dire que Rory appartient à cette race de jeunes yuppies carnassiers dont l’existence semble entièrement guidée par une revanche sociale à prendre. Ainsi, le personnage incarne à lui tout seul le développement au début des années 80 du néolibéralisme qui allait s’imposer durant toute la décennie sous l’influence de dirigeants comme Margaret Thatcher (Angleterre) et Ronald Reagan (Etats-Unis).

Alors que Rory présente à sa famille cette nouvelle étape comme un tournant majeur de sa carrière, la réalité va se révéler tout autre. Alors que le long-métrage commence quasiment comme un conte de fées, avec arrivée de la famille dans un grand manoir anglais et d’apparents avantages financiers (on songe au début de La firme de Sydney Pollack), les failles vont peu à peu apparaître pour peindre un autre portrait de la situation.

Le néolibéralisme comme doctrine du vide absolu

Par des petites touches qui mettent le spectateur mal à l’aise – les hennissements incessants d’un cheval stressé, les mensonges de plus en plus apparents du personnage principal, le malaise des enfants dans un environnement hostile – Sean Durkin parvient à distiller un sentiment de déliquescence qui devient de plus en plus prégnant en cours de projection.

Derrière le masque social arboré en permanence par le protagoniste central se dessine le portrait d’un homme vide, uniquement travaillé par l’idée de réussite financière. Face à cette dérive obsessionnelle, son épouse interprétée avec justesse par Carrie Coon va progressivement se rebeller et adopter une attitude plus hostile envers un époux fuyant ses responsabilités. Sur ce point, Sean Durkin parvient à faire ressentir le malaise grandissant au sein d’une famille qui se désagrège sous nos yeux.

Un film qui laisse un sentiment d’inachevé

Malheureusement, l’absence de vrai point d’orgue (ou de moment paroxystique) tend à diminuer sérieusement l’impact du long-métrage, par ailleurs miné par un rythme lent, pour ne pas dire somnolent. Certes, le réalisateur avait clairement fait le tour de son sujet, mais on n’apprécie pas vraiment cette fin en points de suspension qui ne semble rien résoudre du tout. On serait tentés de dire : tout ça pour ça !

Porté par une interprétation de bonne tenue de l’ensemble du casting, The Nest n’est jamais désagréable et se regarde en intégralité, tout en laissant un curieux goût d’inachevé. Comme si de nombreux thèmes passionnants avaient été effleurés du doigt sans jamais être embrassés totalement.

Une victime collatérale de plus de la Covid

Présenté avec succès au Festival de Deauville où il a obtenu le Grand prix, le prix de la critique internationale et le prix de la révélation, The Nest a finalement été privé de sortie à cause de la fermeture prolongée des cinémas en France. Son distributeur SND a opté pour une diffusion via Canal+ à partir du 9 février 2021. Bien qu’inégal, le film mérite bien un visionnage.

Critique de Virgile Dumez

Programmé en exclusivité sur Canal+ à partir du 9 février 2021

Palmarès du Festival de Deauville 2020 sur la page du festival

The Nest, l'affiche originale

Design : P+A © Nest Film Productions Limited/Spectrum Movie, Canada 2019

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Bande-annonce de The Nest (VO)

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