Suite ratée, The Boy : la malédiction de Brahms échoue sur tous les plans, avec une histoire creuse et des personnages insipides. Tout ici tient du cliché rebattu.
Synopsis : Recherchant un environnement calme pour leur fils et ignorant tout de son funeste passé, un couple s’installe dans le Manoir Heelshire. Bientôt le jeune garçon se lie d’une troublante amitié avec une poupée étrangement réaliste qu’il appelle Brahms…
La suite d’un film qui se suffisait à lui-même
Critique : Lorsque le réalisateur William Brent Bell a tourné The Boy (2016), il a adroitement surfé sur la mode des films de terreur à la James Wan en exploitant le thème de la poupée maléfique. Effectivement, malgré d’importantes faiblesses au cœur du long-métrage, le script de Stacey Menear proposait un twist plutôt original et imprévisible qui donnait finalement une explication rationnelle aux différents événements du film. Certes, The Boy n’était pas exempt de facilités, mais son cadre britannique et son ambiance compensaient l’emploi de jump scares un peu trop évidents.
Mais surtout, le long-métrage apparaissait comme une bonne surprise au sein de la filmographie du réalisateur William Brent Bell dont on se souvient avec horreur de Stay Alive (2006) et surtout Devil Inside (2012) qui s’impose comme l’un des pires found footage de l’histoire de ce sous-genre. Pour être honnête, on ne voyait pas bien comment le cinéaste pouvait rebondir après la fin de The Boy pour donner une suite convenable à une intrigue apparemment bouclée pour de bon.
William Brent Bell sonde le vide
Bien que même équipe artistique et technique ait été reconduite, force est d’admettre que l’inspiration s’est envolée pendant la confection de ce second volet qui creuse un peu plus le vide sidéral du premier. Effectivement, seul le twist final donnait un peu de relief à l’épisode inaugural, mais ici Bell ne pouvait y avoir recours. Il se livre donc à la facilité en faisant cette fois-ci de la poupée nommée Brahms un véritable objet possédé par une entité (dont nous tairons l’origine pour ne pas spoiler).
Histoire d’alimenter un scénario très court et chiche en personnages et rebondissements, les auteurs ont cru bon ajouter un épisode traumatique qui touche une mère (Katie Holmes en mode surjeu permanent) et son enfant (plutôt bon Christopher Convery) en début de film. Le but est de faire douter de la santé mentale de la mère qui a tendance à devenir paranoïaque. Pourtant, la thématique – un vrai cliché du genre – n’est jamais développée et ne débouche nullement sur le moindre vertige puisque le cinéaste insiste trop souvent sur la réalité des phénomènes surnaturels décrits.
Un dernier quart d’heure totalement bâclé
On assiste donc à un film à la linéarité désespérément ennuyeuse, où tout semble écrit d’avance. Même l’ambiance britannique ne parvient pas à sauver les meubles tant les personnages indiffèrent, d’autant qu’on se doute qu’il ne leur arrivera finalement rien de grave. Et de fait, si la première demi-heure peut vaguement faire illusion, William Brent Bell saborde son film dans un dernier quart d’heure confus et désordonné qui ne suscite plus que l’exaspération devant tant de maladresses. La disparition de la poupée en moins d’une minute est également ridicule et l’acte en question pouvait très bien régler le problème au bout de cinq minutes de film, ce qui nous aurait épargné de notre temps.
Ratage artistique total, The Boy : La malédiction de Brahms a vu sa carrière sérieusement chahutée par la crise sanitaire. Ainsi, en France, le long-métrage n’est resté à l’affiche que deux semaines au mois de février 2020, juste avant la fermeture des salles pour quelque temps. Il n’a cumulé que 158 297 entrées sur toute la France. Le distributeur Metropolitan FilmExport n’a pas ressorti le film lors de la réouverture du 19 mai 2020, préférant tabler sur la VOD, ainsi que les ventes en DVD et Blu-ray. Au vu du produit, on ne pleurera pas vraiment sur son sort.
Critique de Virgile Dumez