Swallow : la critique du film (2020)

Drame | 1h34min
Note de la rédaction :
7/10
7
Swallow : l'affiche du prix du jury à Deauville

  • Réalisateur : Carlo Mirabella-Davis
  • Acteurs : Haley Bennett, Austin Stowell, Elizabeth Marvel, Denis O’Hare, David Rasche
  • Date de sortie: 15 Jan 2020
  • Scénario : Carlo Mirabella-Davis
  • Distributeur : UFO Distribution
  • Éditeur vidéo : UFO Distribution
  • Date de sortie vidéo : 20 mai 2020 (VOD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 51 626 entrées / 21 662 entrées
  • Box-office USA : 26 369$
  • Festivals : Festival de Deauville 2019 : Prix spécial du 45e - Festival de Tribeca 2019 : Prix d'interprétation féminine - Etrange Festival 2019
  • Classification : Tous publics avec avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
Note des spectateurs :

Swallow est un premier film envoûtant sur l’aliénation conjugale, à travers la radioscopie d’un cas médical. Carlo Mirabella-Davis est un auteur à suivre.

Synopsis : Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?

Swallow distille très vite une atmosphère étrange

Critique : Premier long métrage de Carlo Mirabella-Davis, Swallow distille très vite une atmosphère étrange, évoquant l’oppression d’un certain cinéma fantastique (genre auquel il n’appartient pourtant pas), tout autant que l’étude de mœurs avec personnages manifestant des comportements troubles dans un univers en apparence rassurante. Hunter est une jeune femme qui aurait tout pour être heureuse, dans une villa décorée comme une bonbonnière, épouse d’un jeune cadre élégant, vivant dans un confort matériel, à l’abri de tout problème financier ou affectif. Mais la cage est trop dorée, le mari un brin distant et les beaux-parents condescendants. Hunter se met alors à ingurgiter des objets (clous, pinces) et des substances non comestibles (terre, sable), symptômes de la maladie du Pica, trouble du comportement alimentaire.

Swallow est réellement fascinant quand il décrit les rituels auxquels se livre la jeune femme, surtout après sa grossesse, la déglutition étant filmée comme une cérémonie intime et libératrice. Certes, l’œuvre a une connotation réaliste. Elle est d’abord inspirée de l’histoire de la grand-mère du cinéaste, une ménagère des années 50 qui finit par être internée après avoir été atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. Et le réalisateur reconnaît s’être livré à des recherches médicales, et avoir collaboré avec la psycho-clinicienne Rachel Bryant-Waugh. Cette tonalité semi-documentaire est renforcée par une interprétation socio-politique lorsque nous comprenons vite que la névrose de Hunter a pour origine un système patriarcal qui la cantonne à un statut d’objet décoratif et à une fonction reproductrice.

L’actrice Haley Bennett est vraiment étonnante

Copyright UFO Distribution

Si ce dernier aspect donne au film quelques-unes de ses séquences les plus réjouissantes (les vannes lancées par la belle-mère, campée par l’excellente Elizabeth Marvel), l’essentiel n’est pas là : la qualité de Swallow réside dans sa description d’un comportement hors norme dont on se demande jusqu’à quel point il va briser la vie de la protagoniste : quelque part entre Rosemary’s Baby de Roman Polanski et Grave de Julia Ducournau, le métrage ravivera bien des souvenirs de cinéphiles. Il faut aussi préciser que l’actrice Haley Bennett est vraiment étonnante, interprétant avec conviction un personnage à la fois vulnérable et déterminé, dans la lignée de Tippi Hedren dans Marnie ou Sissy Spacek dans Carrie, tout en évoquant le bovarysme naguère incarné par Danielle Darrieux dans Madame de… ou Marie Trintignant dans Betty.

Nous émettrons deux réserves toutefois. La dernière partie (excessivement explicative) tombe dans les affres du politiquement correct et enlève la nappe de mystère qui enrobait le film, même si le réalisateur joue la carte de la nuance psychologique. Et Swallow n’échappe pas à une certaine stylisation glacée et distante, misant un peu trop sur la perfection des cadrages et la beauté de la photo, des péchés arty également présents dans le récent Little Joe de Jessica Hausner ou les derniers Nicolas Widing Refn. Mais cela n’empêche pas d’admirer le film dans sa globalité et de recommander cette première œuvre élégante et subtile qui révèle un auteur à suivre.

Critique de Gérard Crespo

Les sorties du 15 janvier 2020

Sorties VOD de la semaine du 18 mai 2020

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Swallow : l'affiche du prix du jury à Deauville

Artwork : Check Morris

Box-office :

Avec 52 000 entrées en France, Swallow a réussi à attirer quelques curieux dans un circuit restreint initialement à 52 cinémas. 20 285 amateurs d’alternatives cinématographiques ont franchi le pas pour ses sept premiers jours. Le film de Carlo Mirabella-Davis est parti d’une hauteur assez satisfaisante pour chuter relativement vite (12 531, 7 214…).

Lors de la semaine de la fermeture des salles en raison du COVID, donc sa 8e semaine, Swallow n’était plus qu’à 749 spectateurs dans 21 salles. Ses cartouches étaient presque vides. Ce n’est pas une victime, du moins en France, du fameux virus.

Il est donc proposé le 20 mai 2020 en VOD.

Frédéric Mignard 

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