Six tueurs pour un massacre est un mauvais western spaghetti qui tente de singer les Sept Mercenaires avec une poignée de lires pour seul budget.
Synopsis : L’Irlandais, un bandit qui contrôle le village d’Abilene, prend en otage la femme et la fille du gouverneur. Ce dernier appelle six des plus célèbres tueurs à gages du Texas à la rescousse.
Critique : Six tueurs pour un massacre est le deuxième western de Franco Lattanzi, datant de 1973. Dès la scène d’introduction, qui met en scène la longue traversée d’une carrière par une diligence, on sent que le principal défi du réalisateur sera de parvenir laborieusement à livrer un produit final de 83 minutes. Le reste du film corroborera bien vite ce sentiment, tant certains plans sont étirés ad nauseam pour faire gagner du métrage.
Six tueurs pour un massacre cumule la quasi-totalité des tares du western spaghetti à bas budget
A sa décharge, le pauvre Lattanzi a visiblement dû composer avec un budget plus que restreint. En effet, l’indigence des moyens se révèle manifeste et difficile à cacher. On retrouve dans ce film toutes les marques d’une production misérable : des décors et une photographie ignobles (avec l’immanquable recours à la nuit américaine) des scènes de bagarre affligeantes de mollesse pour ne surtout rien casser, une musique inadaptée recyclée d’autres films et la quasi-absence de têtes d’affiche.
Une oeuvre d’exploitation qui fleure la malhonnêteté
Si le film met bien en scène six tueurs, on cherche toujours le massacre. Certes, les titres de cette époque étaient volontairement outranciers pour appâter le chaland, ce que l’amateur de bis à vite appris à comprendre. Néanmoins, on pardonnera difficilement au métrage sa façon de présenter son casting. En effet, s’il se targue de la présence de Robert Woods, on ne verra ce dernier en tout qu’un bon quart d’heure ! Pour essayer de faire passer la pilule, on le remplace par un figurant portant ses vêtements. La scène finale est à ce titre particulièrement honteuse, puisque le film se clôt sans sa tête d’affiche, dont l’absence est justifiée par le fait qu’il conduise la diligence !
Autre corollaire du manque de moyens : un scénario bancal et lénifiant
Visiblement, la production n’a pas souhaité offrir à Woods un cachet digne de ce nom. Malheureusement, cela semble avoir eu des conséquences sur le script. De fait, les quarante premières minutes du film sont particulièrement soporifiques, puisqu’on nous présente les errances des six membres du groupe de tueurs de manière séparée. On peine donc à s’attacher à eux, voire à les identifier clairement, la présentation du groupe n’arrivant qu’en fin de métrage ! Cette partie du film semble composée d’un assemblage de bouts épars sans cohérence aucune. On aurait attendu d’un film de ce genre qu’il mette en scène les relations entre les personnages du groupe, ce qui n’arrivera pas ici puisqu’il était visiblement trop coûteux de réunir tous les acteurs dans un même plan !
Six tueurs pour un massacre a le mérite de ne pas se complaire dans la vulgarité du western fayot alors en vogue
La dernière demi-heure du film, qui concrétise enfin l’union du groupe, se révèle plus potable. Le spectateur sera enfin gratifié de scènes d’action molles ayant une raison et un but autre que le remplissage. Il s’agit d’un des rares atouts du film, les deux autres étant son casting d’acteurs convenables qui ne cabotinent pas et son refus de céder à la comédie vulgaire, en dépit de tentatives ratées mais inoffensives.
En définitive, certains films sont tombés dans l’oubli pour de très bonnes raisons. Nous ne pouvons que trop vous conseiller de passer votre chemin et de réserver ce Six tueurs pour un massacre aux amateurs les plus acharnés du genre.
Critique de Kevin Martinez
NDLR :
- La date de sortie mentionnée plus haut (31 décembre 1973) n’est là qu’à titre d’obligation technique et ne correspond à aucune vérité historique. La configuration technique du site CinéDweller exige en effet une date sinon celle-ci affiche la date de publication de l’article. Le film n’ayant aucune date de sortie italienne, étrangère, ni même en vidéo, nous avons été contraint d’en créer une nous même, pour palier le souci technique. Désolé pour cet artifice.
- Selon le site Encyclociné, le film aurait été exploité en province en France. Aucune date n’est proposé.
- Pour la Spaghetti Western Database, 6 tueurs pour un massacre ne serait pas sorti en Italie mais exclusivement en Yougoslavie.
- Une affiche par le peintre Giuseppe Ascari figure sur le site de l’artiste. Nous ignorons qui sont les auteurs des autres visuels proposés.