Rio Conchos : la critique du film et le test blu-ray (1964)

Western | 1h47min
Note de la rédaction :
8/10
8
Rio Conchos : affiche du film

  • Réalisateur : Gordon Douglas
  • Acteurs : Anthony Franciosa, Edmond O’Brien, Gordon Douglas, Richard Boone, Wende Wagner, Stuart Whitman
  • Date de sortie: 27 Nov 1964
  • Nationalité : Américain
  • Scénariste : Joseph Landon, Clair Huffaker
  • Distributeur : (Etats-Unis) Twentieth Century Fox
  • Editeur vidéo : Sidonis Calysta (DVD, 2010 ; blu ray, 2020)
  • Date de sortie vidéo : 7 avril 2010 (DVD, Sidonis Calysta) - 17 février 2020 (combo édition limitée blu ray + DVD)
  • Illustrateur : Rio Conchos – © 1964 Twentieth Century Fox Film Corp : Ray (Raymond Elseviers), Frank McCarthy
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 929 828 entrées / 231 211 entrées
Note des spectateurs :

Rio Conchos est un western désenchanté où les motivations individualistes des personnages préfigurent le western italien. Gordon Douglas tire le meilleur parti de son scénario original, de ses acteurs et de ses décors.

Synopsis : Pardee, un colonel sudiste, appuyé par des indiens, souhaite continuer la guerre avec des armes volées à l’armée nordiste. Un commando, formé d’un major sudiste, un capitaine nordiste, un sergent noir et un bandit partent les récupérer. Leur but : faire sauter les armes dans le camp des voleurs.

© 1964 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

Critique : Le réalisateur Gordon Douglas est connu du grand public pour Des monstres attaquent la ville (1952), film de science-fiction où il aborde son histoire de façon réaliste et met en garde contre les dangers du nucléaire. Ce metteur en scène touche-à-tout a beaucoup œuvré dans le cinéma de genre, qu’il s’agisse du polar, du films d’aventures et du western. En 1964, le western américain est en pleine mutation. Et la première scène de Rio Conchos est là pour nous le signaler. Dans une scène d’une violence sèche et abrupte, un homme tue des Indiens en train d’enterrer un des leurs. Les héros westerniens ne sont plus ce qu’ils étaient jadis. Le monde a bien changé…

Dans Rio Conchos, un petit groupe d’hommes est chargé de récupérer des armes volées à l’armée américaine. Or, cette équipe se distingue dès le départ par son aspect hétéroclite. Elle est composée d’un capitaine s’étant fait subtiliser les fameuses armes, d’un sergent noir taciturne et loyal, d’un Mexicain roublard et d’un ex-soldat confédéré. Chacun a ses motivations propres – qui n’ont rien de très glorieux – pour avoir rejoint cette équipe et c’est ce qui rend cette alliance de circonstance encore plus explosive. Rio Conchos préfigure le western italien avec ses personnages individualistes et sa violence exacerbée. Comme le dit le Mexicain : “peu importe comment un homme gagne son pognon, ce qui importe c’est comment il le dépense.”

Un western bénéficiant de magnifiques extérieurs et de très bonnes scènes d’action

© 1964 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

Dans ces conditions, on perçoit la tâche quasi insurmontable qui se profile pour ce commando. D’autant qu’avant d’espérer retrouver les armes volées, nos protagonistes font face à des environnements hostiles. Le film donne l’occasion de voir de superbes décors extérieurs, qu’il s’agisse de canyons, d’endroits désertiques ou encore de marécages. Le voyage n’est dès lors pas de tout repos pour nos héros. Surtout que les mauvaises rencontres sont légion.

S’il n’est pas John Ford ou Raoul Walsh, Gordon Douglas sait manier une caméra et les scènes d’action du film en sont une preuve évidente.  L’attaque de la ferme isolée est très bien rythmée et parfaitement mise en scène. Le spectateur est happé par ce moment de bravoure où le commando doit affronter des Indiens belliqueux. De la même façon, Gordon Douglas utilise magnifiquement ses décors naturels lors du guet-apens des bandits de grands chemins.

Des personnages subtils et originaux

© 1964 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

A son crédit, Rio Conchos peut aussi se targuer de personnages qui ne sont jamais des caricatures, élément que l’on peut reprocher au western italien. Habitué à des seconds rôles, Richard Boone tient ici le haut de l’affiche. James Lassiter est un homme torturé dont on ressent le passé douloureux. Il est animé par un sentiment permanent de vengeance. Richard Boone apporte beaucoup de subtilité et même de l’humanité à ce personnage. Stuart Whitman joue pour sa part un capitaine particulièrement ambigu. S’il est toujours épris d’ordre, on sent que cette quête est un moyen pour lui d’obtenir une réhabilitation, voire une promotion. Quant à Anthony Franciosa, il campe un Mexicain affable et bien retors. Par son interprétation haute en couleurs, Franciosa apporte un volet comique à ce film sérieux tout à fait bienvenu. De son côté, la jeune Wende Wagner joue une Indienne mutique qui va rejoindre cette équipée. Mais ici point d’histoire d’amour ce qui constitue une des originalités du film. Cette Indienne est un personnage à part entière qui aura son importance dans le récit. Une preuve parmi tant d’autres que Rio Conchos n’est absolument pas un western anti-Indien.

Une vision désenchantée de l’Amérique, prélude du western italien

En fait, la thématique centrale de ce western est la vengeance. James Lassiter hait les Indiens, ces derniers haïssent les Américains et le colonel sudiste, Pardee, hait les nordistes ! Edmond O’Brien a sorti sa tenue de gala pour interpréter un Pardee habité. L’acteur s’est visiblement régalé dans le rôle de ce colonel refusant la défaite du Sud. Pardee est un personnage incroyable, quasi anachronique, qui tente de créer un nouveau Sud au Mexique et prépare sa revanche. La dernière partie qui lui est dédiée est étonnante et culmine dans une conclusion symbolique et particulièrement noire.
Ainsi, Rio Conchos est une œuvre dévoilant de façon éclatante la vision d’une Amérique désenchantée. Pourtant, dans cet océan de haine, l’espoir est toujours là. Après tout, l’Indienne n’aide-t-elle pas ses compagnons d'(in)fortune à se libérer de leurs cordes ? Une scène qui en dit long là encore sur la richesse de ce Rio Conchos.

Jaquette du blu ray de Rio Conchos

© 1964 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

Test blu-ray

Compléments : 2/5

Sidonis Calysta reprend à l’identique les bonus présents sur l’édition DVD sortie en DVD. Nous avons droit à l’habituelle présentation de Patrick Brion (11 minutes). Il parle d’abord du réalisateur Gordon Douglas, un homme à tout faire. Puis il évoque Rio Conchos, un “film curieux” qu’il met en perspective avec le western alors en mutation. Il n’oublie pas les acteurs, notamment Richard Boone, qui “écrase tout le monde” par son charisme.

Le second bonus est une présentation de Bertrand Tavernier (21 minutes). Pour lui, il s’agit d’un des meilleurs westerns des années 60. Bertrand Tavernier est très enthousiaste à propos de Rio Conchos. Il signale notamment l’originalité du scénario, la bonne musique de Jerry Goldsmith ou encore des personnages qui ne tombent jamais dans la caricature.
La bande-annonce du film (VO) est également présente.

Collection Western de Légende

Image : 5/5

L’image est évidemment bien meilleure que le DVD édité en 2010 par Sidonis Calysta. Le blu-ray nous gratifie d’une image propre. Par ailleurs on notera une variété de couleurs rendant grâce à la belle photographie du film. Le résultat est magnifique.

Son : 3/5

Un DTS-HD master audio 2.0 bénéficiant de dialogues clairs, tant en version originale qu’en français. Une nouvelle fois, les anglophones apprécieront le fait que les sous-titres disponibles soient amovibles.

Critique + test blu ray : Nicolas Bonnes 

Rio Conchos : affiche du film

Rio Conchos – © 1964 Twentieth Century Fox Film Corp

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