Riddle of Fire est un conte de fées folk et indie qui épouse magnifiquement les décors de l’Utah, sur fond de musique Dungeon Synth.
Synopsis : Il était une fois un trio d’enfants cherchant à craquer le code parental de leur nouvelle console et aussi la parfaite recette de la blueberry pie, une secte de braconniers qui ne cessent de se chicaner, une petite fille qui a des dons elfiques… Un premier long métrage dont le budget est aussi lilliputien que sont géantes sa sophistication formelle et sa liberté épique. Comme si, dans une forêt enchantée du Wyoming, Tom Sawyer, le Club des cinq et les Goonies s’étaient donné rendez-vous pour faire un jeu de plateau autour d’un feu de camp.
Critique : Réalisateur issu de l’Utah, qui a grandi en jouant dans la magnificence de ses paysages boisés et vallonnés, Weston Razooli a connu l’ivresse d’un premier long métrage sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2023, Riddle of Fire.
Ce premier long est une féérie qui ne ressemble qu’à ses souvenirs de mômes qu’il dissocie de la modernité contemporaine pour un storytelling à l’ancienne, plein de fantaisie folk, mythologique, et généreusement cinématographique. Filmage en pellicule Kodak 16mm, avec une flamboyance de l’image, gorgée de couleurs féériques… La rusticité de l’image est délicieuse. Pas étonnant, le monsieur cite Michael Powell et Emeric Pressburger parmi ses références, et notamment Les Chaussons rouges.
Lui qui a été envoyé en pension en Californie et qui a œuvré pour parvenir à devenir graphiste et réalisateur peut voir une consécration impériale dans cette sélection cannoise qui a vu passer les plus grands, notamment ses cinéastes de référence.
A la recherche de l’œuf tacheté
Ce qui apparaît comme un film de mômes en vadrouille devient à l’écran une peinture de la jeunesse dépourvue de violence et de vulgarité, sans aucune niaiserie et platitude sur l’enfance, à une époque de programmes pour la jeunesse aseptisés par la formule. La promo évoque les Goonies, le Club des Cinq. Très certainement, mais le film offre bien plus.
Dans un univers sociologique humble d’une Amérique repliée sur ses merveilles intérieures, le scénario reprend plus ou moins le schéma narratif d’un conte, bousculé par la candeur et l’ingénuité de ses quatre protagonistes principaux, des jeunes gens mus par des situations familiales singulières (une mère malade clouée au lit d’un côté, une mère sectaire de l’autre qui contraint sa fille au homeschooling) qui partent en quête d’un œuf quasi magique puisqu’il pourrait permettre l’accomplissement culinaire d’une tourte à la myrtille et donc à la délivrance d’un mot-clé pour accéder à la magie des jeux vidéo.
L’histoire farfelue où les enfants ressemblent à des bikers des années 60, à des chevaliers de pacotille, des sorcières pittoresques, est pleine de rebondissements et de méchants à l’ancienne, ces adultes ténébreux que les enfants ne comprennent pas et dont les adultes eux-mêmes n’arrivent pas à saisir le caractère fugace.
Avec une photographie évanescente et lumineuse, une musique empruntée à des univers qui se fond à l’originalité de la démarche (le happy-ending jubilatoire utilise la musique de Cannibal Holocaust de Riz Ortolani, à bon escient, sans l’ironie cruelle du film de Deodato), et un jeune casting débordant d’espièglerie, Riddle of Fire est une œuvre fantasque, truculente et intrépide qui fait rêver…
Aussi bien destiné aux cinéphiles adultes rêveurs qu’à une jeunesse non-formatée au tout Netflix, Riddle of Fire est une expérience de cinéma imaginative qui séduira les amateurs d’audaces indépendantes typiques de Sundance et de curiosités de l’Etrange Festival où cette œuvre prometteuse avait toute sa place. Finalement, c’est à Cannes et à Sitges que le travail de Weston Razooli a été célébré. Il n’a pas perdu au change.
Box-office de Riddle of Fire
Après les succès de La Ruche en 2022 et de The Quiet Girl en 2023, l’indépendant ASC a mis la main sur cette jolie pépite qui a été diffusée dans 6 cinémas, essentiellement à Paris où il a fait le gros de sa carrière, notamment dans 3 cinémas en intra-muros, au Reflet Médicis, au Luminor Hôtel de Ville et à l’UGC Ciné Cité les Halles où il n’est resté qu’une seule semaine en raison de résultat faible pour le multiplexe (environ 570 spectateurs). Riddle of Fire passera également par L’Entrepôt en 3e semaine.
Le film glanera au final plus de 3 200 spectateurs, sans trop de pub, et avec à la clé une diffusion sur Canal+ en décembre 2024 et une édition DVD chez BlaqOut le même mois.
Graine de culte.
Sorties de la semaine du 17 avril 2024
Le test DVD
BlaqOut propose le film uniquement en DVD alors qu’une copie blu-ray existe à l’étranger, ce qui est vraiment dommage. Toutefois, au vu des petits chiffres de Riddle of Fire au box-office, on ne se plaindra pas. Il est important qu’une édition physique puisse exister. Les spectateurs qui l’ont vu en salle y seront sensibles, les médiathèques aussi. Et les curieux peuvent tenter le coup. Ils ne seront pas déçus.
Compléments & packaging : 1.5 / 5
Une interview de 10min du réalisateur, filmée lors de la Quinzaine, est proposée en seul bonus. L’auteur y explique clairement ses intentions et ses influences. Une bonne présentation de sa carrière avec quelques annonces sur son futur projet.
Le DVD reprend le visuel de l’affiche qui avait été initialement conçue par le réalisateur lui-même. Un fourreau est proposé pour les amateurs. Dommage que celui-ci ne propose pas un visuel alternatif et donc collector, plutôt que de répéter le visuel de la jaquette.
L’image du DVD : 3.5/5
Riche en couleurs, la copie SD ne démérite pas pour redonner de la flamboyance à ce film tourné sur en 16 mm, sur pellicule Kodak.
Le son du DVD : 4 / 5
Bonne surprise, pour les enfants une version française de qualité est proposée, en 2.0 et 5.1. Evidemment, la galette dispose d’une piste 5.1 en version originale, ce qui est un atout par rapport au 2.0 de la copie de Canal+.
Le 5.1 ajoute plus de puissance au score et détermine davantage les conditions atmosphériques et fantaisistes, notamment dans les scènes magiques en forêt, tout en permettant un ancrage plus diffus lors des scènes de bar nocturne sur la fin.
Biographies +
Weston Razooli, Lio Tipton, Charlie Stover, Phoebe Ferro, Lorelei Olivia Mote, Charles Halford