Pulse électrise l’adolescence dans un rapport à l’amour électro-rap où l’esthétique branchée donne un vrai cachet aux images. Un cinéma underground rafraichissant.
Synopsis : Elina, une jeune rappeuse en herbe de 17 ans, est contrainte de quitter son pays natal, la Finlande, lorsque sa mère décide de rejoindre son petit ami sur la Côte d’Azur. Elina est tout de suite fascinée par sa nouvelle soeur par alliance de 18 ans, Sofia, une ballerine très charismatique qui mène une double vie faite de soirées, de garçons et de drogues. Mais cette amitié apparente se transforme vite en jeu de pouvoir aux conséquences toxiques.
Un mélange des genres, des langues et des musicalités
Critique : Coproduction franco-finlandaise, ainsi qu’allemande, Pulse est un mélange des langues (du finnois au départ qui bascule essentiellement vers le français), des genres (l’amour frappe une jeune femme non-binaire dans son obsession pour sa demi-sœur) et des sons. La musique électro de Jean-Benoît Dunckel du groupe Air est ponctuée d’interludes diégétiques rap qui reflètent la rébellion de l’héroïne aux cheveux verts qui souhaite devenir une lanceuse de flow radical sur scène.
Pulse et ses 120 battements par minute
De son titre original Heartbeast, on retient une adolescence à fleur de peau, indomptable, où le loup se tapit dans les désirs et semble prêt à surgir dans sa finalité primitive. Le titre français choisi par le distributeur Wayna Pitch est plus explicite encore dans sa musicalité, se débarrassant de la bête en elle (l’héroïne) pour ne garder que les battements de cœur si importants dans une histoire d’amour et d’amitié passionnée, et dans le beat électro (l’hymne tubesque de Fighting Fire).
Pulse aurait pu être une variation sur la différence. Ainsi le vert de la chevelure d’Elina la marque de son immaturité et l’isole dans un monde où les couleurs – esthétique branchée aux codes d’une jeunesse sous drogue de synthèse – sont vives. Mais la différence n’est pas genrée et dans une bienveillance vis-à-vis d’une non binarité acquise par tous, c’est bien le rapport du jeune en construction avec ses frustrations, ses obsessions et ses addictions, qui fait de l’héroïne une île agitée par des vents contraires.
Une esthétique affranchie et de vraies ambitions formelles
Aux plaisirs des sons éthérés, on peut louer la réalisation d’Aino Suni dont il s’agit du premier long de fiction, qui convainc par sa fluidité, sa pertinence à visualiser l’espace et les mouvements de celles et ceux qui l’occupent dans leurs jeunesses contrastées. Malgré un budget bas qui s’exprime peut-être par moments par des maladresses, les ambitions sont élevées et l’on ne se retrouve jamais face à un court métrage qui étirerait sa romance au-delà d’un cliché LGBTQ insipide.
Un thriller sophistiqué armé d’un bel instinct
Les deux comédiennes, la Finlandaise Elsi Sloan et la Française Carmen Kassovitz, au nom hérité d’une lignée de prestige, nourrissent ce thriller teenager sophistiqué où la tension monte au risque de se figer parfois dans l’assortiment esthétique qui valorise davantage la métaphore à l’émotion pure.
Armé d’une bande originale solide, Pulse séduira aisément ceux qui se sont sentis électrisés par son trailer et son affiche stylée. Jamais les éléments promotionnels ne mentent sur cette curiosité qui a tout d’une belle vérité : rien n’apaise la jeunesse sauvage si ce n’est l’éclat du rythme qui fait battre son cœur.