Permanent vacation : la critique du film (1984)

Comédie dramatique | 1h15min
Note de la rédaction :
7/10
7

Note des spectateurs :

Permanent vacation, premier film de Jim Jarmusch, à l’amateurisme revigorant, est une ode jazzy au New York underground du début des années 80.

Synopsis : Le récit de deux jours et demi de la vie d’Aloysious Parker, jeune vagabond confronté à des situations diverses et à des gens pratiquement tous étrangers au monde du travail quotidien.

 

® 1980 Cinesthesia Inc

Critique : Cinéma nombriliste autour d’une communauté de paumés, qui évoluent dans des bouges, des apparts aux allures de squat et des ruines urbaines, Permanent vacation de Jim Jarmusch assume son titre de glandeur (« en vacances permanentes ») avec nostalgie. Celle du New York en déliquescence du début des années 80, une ville frappée par la crise, dans laquelle prospérait le crime, la crasse et la misère. Il préfigure l’œuvre du cinéaste, dont c’est ici le premier jalon, en faisant déambuler le personnage principal (un jeune excentrique à la philosophie d’oisiveté de pacotille) dans un décor misérable, dans lequel le temps – le rythme est lent – s’est arrêté.

Sous ses airs de gueux, Permanent vacation est une production underground gonflée à la mélancolie.

Il s’agit donc d’un road movie, celui de la grande fauche, où l’on ne fait que marcher (comme le dit Jarmusch dans les bonus, fallait déjà qu’ils puissent se payer le luxe d’une voiture) et durant lequel surviennent des rencontres farfelues, des silences puissants et une musique jazzy lancinante. L’amateurisme de l’entreprise, il s’agit d’une œuvre de fin d’étude, aux nombreux défauts visuels ou sonores, peut rembarrer aisément le plus valeureux des spectateurs. Pourtant, ce brouillon artistique, au ton souvent affecté et égocentrique, installe pertinemment le style du cinéaste. Les errances vaines du héros, véritable tête à claques, mènent inéluctablement à une fuite vers l’avant, qui, s’il ne s’agit pas ici de la mort comme dans Dead man, mais plutôt d’un ailleurs européen, renseigne énormément sur le mal-être d’un looser déraciné dont la nouvelle famille de potes en loques se substitue mal à sa famille de sang gangrenée (la mère a été internée…).

Permanent vacation, sous ses airs de gueux, recèle des charmes indéniables gonflés à la mélancolie, et s’offre des décennies après, comme un documentaire intimiste et désabusé sur le New York de la bohème. Une œuvre de choix aux fascinantes langueurs sur lesquelles il est impératif de s’embarquer pour approfondir ses connaissances du réalisateur de Down by law et Mystery train

® 1980 Cinesthesia Inc

Critique de Frédéric Mignard

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