Oh boy : la critique du film (2013)

Comédie dramatique | 1h25min
Note de la rédaction :
8/10
8
Oh Boy, affiche française du film de Jan-Ole Gerster

  • Réalisateur : Jan-Ole Gerster
  • Acteurs : Tom Schilling, Friederike Kempter
  • Date de sortie: 05 Juin 2013
  • Nationalité : Allemand
  • Scénariste : Jan Ole Gerster
  • Musique : The Major Minors, Cherilyn MacNeil
  • Format vidéo : 1,85:1
  • Distributeur : Diaphana Distribution
  • Editeur vidéo : Diaphana Vidéo
  • Box-office France 61 161 entrées
  • Récompenses : 6 Lola (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleur scénario)
  • Festival : Premiers Plans d'Angers 2013
Note des spectateurs :

Oh boy est une œuvre de jeunesse joliment désabusée, entre l’esprit des premiers Jarmusch, le sens du décor urbain de Woody Allen dans Manhattan et les flâneries pensives d’Oslo 31 août. On en ressort les yeux gorgés d’images et les oreilles bercées de répliques décalées.

L’argument : Niko, Berlinois presque trentenaire, éternel étudiant et rêveur incorrigible, s’apprête à vivre les vingt-quatre heures les plus tumultueuses de son existence : sa copine se lasse de ses indécisions, son père lui coupe les vivres et un psychologue le déclare « émotionnellement instable ». Si seulement Niko pouvait se réconforter avec une bonne tasse de café ! Mais là encore, le sort s’acharne contre lui…

Notre avis : Qui a dit que Berlin n’était pas une capitale cinégénique ? Photographiée en noir et blanc, à l’écart des quartiers de carte postale, elle incarne ici l’esprit vif et vivifiant du premier long de cinéma de Jan Ole Gerster (Lara Jenkins, 2020).

Oh boy, photo du film de Jan Ole Gerster

Copyrights 2012 X Verleih AG – Schiwago Film Medium

Cette ville au passé lourd, récupérée aujourd’hui par une jeunesse contemporaine active, qui s’est accaparée ses murs pour y déverser ses propres visions, loin d’une Europe du Sud qui patine, devient ici le décor personnel d’Oh Boy, une comédie désabusée qui baigne dans un sentiment de dépression.

L’antihéros au centre du film, à l’inspiration parfois autobiographique, est désabusé. Candide en proie au marasme sentimental et aux crises de l’âme, il passe de saynètes en rencontres improbables, avec un regard ouaté qui crée immédiatement un effet de distance entre les autres et lui. Son quotidien devient étrange aux yeux de ceux qui l’entourent et ne perçoivent pas ses normes à lui, alors qu’il appréhende chaque nouveau segment de sa vie comme un rebondissement extraterrestre, ce qui nourrit le film de moments de fantaisie doux dingues et euphorisants.

Avec un amusement ironique, le cinéaste dépeint cette incapacité à s’intégrer dans la société environnante, lors d’épiphanies dépressives qui sont autant d’illuminations miraculeuses quant à la perception de la réalité des êtres. L’errance noctambule du personnage joué par Tom Schilling n’est pas sans rappeler la tragédie norvégienne Oslo 31 août où l’on suivait un jeune trentenaire qui essayait d’échapper à ses démons intérieurs en testant sa légitimité d’exister dans la rencontre avec l’autre. Toutefois l’issue dramatique du drame de Joachim Trier trouve un écho moins radical, grâce à un humour de l’esprit et des dialogues que n’auraient pas reniés Woody Allen.

Friederike Kempter et Tom Schilling dans Oh boy

Copyrights 2012 X Verleih AG Schiwago Film Medium

Le noir et blanc, l’aspect urbain magnifiquement dégradé, qui rappelle Manhattan d’Allen, mais aussi les fleurons de Jim Jarmusch, apportent un cachet magnifique au cadre, tandis que la bande-son nous berce à l’authenticité d’une musique jazz, comme pour mieux souligner les humeurs insaisissables, les flâneries pensives et les comportements vaporeux qui ressortent de ce parcours initiatique sans aboutissement nécessaire.

Loin de l’académisme ou de la rigueur réaliste qui plombe une grande partie de la production cinématographique allemande, Oh boy s’inspire largement de la Nouvelle Vague française ou de la production indépendante américaine des années 70-80, avant la récupération commerciale des films de Sundance par les studios hollywoodiens. Il en ressort un sentiment d’intemporalité farouchement libre, comme si le protagoniste, dans le refus du conflit à l’autre, se refusait d’être le porte-parole de sa propre génération, une forme d’affirmation de soi insolite qui confère à ce premier film une syntaxe personnelle appelée à être suivie de très près.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 5 juin 2013

Oh Boy, affiche française du film de Jan-Ole Gerster

Diaphana Distribution – Crédits Photo : Stefan Klüter – Copyrights 2012 X Verleih AG Artwork : Angel Franchini

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Oh Boy, affiche française du film de Jan-Ole Gerster

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