Ma vie avec James Dean : la critique du film (2019)

Comédie, comédie romantique, Romance | 1h48min
Note de la rédaction :
8/10
8
Ma vie avec James Dean, l'affiche

Note des spectateurs :

Un délice d’espiègleries, dans une Normandie de cinéphilie décalée, qui convoque Rohmer, Mouret, et des icônes du cinéma indépendant français des années 90, comme la formidable Nathalie Richard. On ne boude pas son plaisir.

Synopsis : Le jeune réalisateur Géraud Champreux est invité par l’association “Les Écrans de la Côte” à présenter au cinéma du Tréport son premier long métrage, “Ma Vie avec James Dean”. À son arrivée dans cette improbable ville du bout de la terre, il est loin d’imaginer que sa vie est sur le point d’être bouleversée. De rencontres détonantes en projections décevantes, de virées en chalutier en folles courses poursuites, Géraud va trouver une nouvelle inspiration et peut-être même l’amour !

Critique : Se laisser bercer par le flot d’amourettes contrariées de Ma vie avec James Dean, c’est se laisser subjuguer par les effluves du cinéma rohmérien, notamment ses récits initiatiques et rêveurs comme Conte d’été, de par son cadre de bord de mer, et son bel acteur ténébreux (Melvil Poupaud dans le Conte des quatre saisons et Johnny Rasse dans le film de Dominique Choisy). On retrouve toute la fantaisie des comédies des années 90, comme Le journal d’un séducteur de Danièle Dubroux, et l’élégance des facéties du cinéma d’Emmanuel Mouret, des années 2000.

On se régale de l’écriture fine et décalée, de l’harmonie des mots, de la drôlerie de la gestuelle et des figures, des mises en abîme loufoques, alors que l’air marin vient souffler ses embruns de mélancolie sur des personnages hors de toute réalité que celle d’une Normandie-Picardie, coupée du reste de la France…

Ma vie avec James Dean, méta-cinéma qui aime dévoiler d’ingénieux cadres dans le cadre, est au cinéma LGBT ce qu’Un baiser s’il vous plaît est à un cinéma plus bourgeois et canonique. On y retrouve cette fraîcheur de chaque instant, le plaisir du filmage, du décor et de la constitution des plans, de l’élaboration des phrases et de la diction poétique.

 

© 2018 Optimale Distribution. La Voie Lactée. Tous droits réservés.

Cette romance farfelue autour d’un jeune réalisateur lyonnais surprend dans son ton, la cohérence de son univers à part, son ambiance de bord de mer. Le protagoniste central, paumé dans sa vie intime et qui, le téléphone fauché par un hooligan du bled (traduire un môme de 8 ans, totalement inoffensif, mais visiblement joueur) se perd physiquement et mentalement dans la cité portuaire du Tréport, aux airs irréels. Il est venu dévoiler, dans un cinéma de province, l’avant-première d’un film exigeant, qui n’est ni d’action, ni une comédie populaire, mais plutôt l’incarnation, par l’image, des amours entre deux hommes. Tout un programme de cinéma, joué à un spectateur unique par séance, dans cette contrée que l’on pourrait croire conservatrice, mais qui n’apparaît jamais comme tel.

Dans une œuvre où les autres personnages principaux sont un projectionniste transi d’amour pour le bel inconnu venu de la ville, la propriétaire du cinéma en pleine dépression affective et l’insolente employée d’un hôtel qui abuse de facétie et d’insolence, on ne sait trop à quel personnage se fier, pour recouvrer l’esprit, tant ils nous perdent eux-mêmes dans leurs filatures et contre-filatures qui jonchent le film, comme un thème récurrent dont on ne se lasse pas.

Autre personnage de ravissement, qui évoque l’œuvre de Dominique Abel et Fiona Gordon, la ville du Tréport, qui a rarement été aussi cinégénique à l’écran ; de par la proximité géographique avec Calais, la thématique des migrants est effleurée, davantage pour évoquer une errance poétique, ou métaphorique, puisque Ma vie avec James Dean, avec cette icône invisible qui plane sur le film – est surtout le cadre d’un no man’s land réflexif et existentiel, où l’on n’est pas au bout de nos surprises. Les rebondissements sont tantôt drôles, tantôt touchants. Dans tous les cas, à l’image de la réussite indéniable de ce nouveau film du trop rare réalisateur de Confort moderne et des Fraises des bois, où l’on retrouve notre muse à tous, l’immense Nathalie Richard.

Le film est disponible en DVD chez Optimale.

Critique de Frédéric Mignard

© 2018 Optimale Distribution. La Voie Lactée. Tous droits réservés.

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