Lost Country : la critique du film (2023)

Drame, Politique, Historique | 1h48min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Lost Country, l'affiche

  • Réalisateur : Vladimir Perišić
  • Acteurs : Jovan Ginic, Jasna Đuričić
  • Date de sortie: 11 Oct 2023
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Serbe, Français, Luxembourgeois, Croate, Qatari
  • Titre original : Lost Country
  • Titres alternatifs : La patria perdida (Espagne) / Stracony kraj (Pologne) / O País Perdido (Brésil)
  • Autres acteurs : Miodrag Jovanović, Lazar Ković, Pavle Cemerikic, Boris Isakovic
  • Scénaristes : Alice Winocour, Vladimir Perišić
  • Monteuse : Jelena Maksimović
  • Directrice de la photographie : Sarah Blum
  • Compositeurs : Alen Sinkauz, Nenad Sinkauz
  • Cheffes Maquilleuses : Manja Lukovic, Marija Vasic, Nina Vial
  • Cheffe décoratrice : Daniela Dimitrovska
  • Directrice artistique : Marina Markovic
  • Producteurs : Omar El Kadi, Janja Kralj, Nadia Turincev, Vladimir Perišić
  • Producteur exécutif : Ivana Mikovic
  • Sociétés de production : Arte France Cinéma, Kinorama, Trilema, KinoElektron, Red Lion, Cosmodigital
  • Distributeur : Rezo Films
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget : -
  • Box-office France : 11 379 entrées / 3 978 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : Festival de Sarajevo 2023 / Festival d'Athènes 2023 / Festival de Sao Paulo 2023 / Festival de Jérusalem 2023 / Festival de Chicago 2023 / Festival de Cannes 2023 : en compétition de la Semaine de la Critique
  • Nominations : Les Lumière 2024 : meilleure coproduction internationale
  • Récompenses : Festival de Sarajevo 2023 : Meilleur acteur pour Jovan Ginic / Festival de Cannes 2023 : Prix de la Fondation Louis Roederer du meilleur espoir masculin pour Jovan Ginic
  • Illustrateur/Création graphique : © Silenzio. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Arte France Cinéma, Kinorama, Trilema, KinoElektron, Red Lion, Cosmodigital. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachées de presse : Viviana Andriani, Aurélie Dard
  • Tagline : "Magnifique". La Septième Obsession.
Note des spectateurs :

Mêlant drame personnel et bouleversement politique au cœur de la Serbie des années Milošević, Lost Country est un film d’auteur exigeant qui touche par la justesse de son regard. A découvrir.

Synopsis : Serbie, 1996, dans le feu des manifestations étudiantes contre le régime de Milošević. Déchiré entre ses convictions et l’amour qu’il porte à sa mère, porte-parole du gouvernement, Stefan, 15 ans, mène sa propre révolution.

Un film autobiographique pour Vladimir Perišić

Critique : Editeur d’origine serbe et cinéaste à ses heures perdues, Vladimir Perišić a été repéré par les cinéphiles avec son premier long métrage intitulé Ordinary People (2009) qui traitait de manière épurée des horreurs de la guerre civile en ex-Yougoslavie. Après avoir signé un segment du film collectif Les ponts de Sarajevo en 2014, Vladimir Perišić a voulu se pencher sur son propre passé trouble avec Lost Country (2023) qu’il a mis du temps à écrire. Effectivement, l’artiste est marqué par l’engagement de sa mère au sein du gouvernement de Slobodan Milošević (pour rappel le président socialiste de Serbie qui a été accusé de crimes contre l’humanité).

Ce « passé qui ne passe pas » est une marque indélébile pour celui dont la conscience politique s’est éveillée progressivement, au point de mener à la rupture avec l’univers familial entaché de compromission avec un régime aux tendances autoritaristes. Afin de ne pas se laisser déborder par sa propre histoire, Vladimir Perišić s’est entouré des conseils de la scénariste et réalisatrice Alice Winocour, avec qui il avait déjà travaillé sur son premier long cité ci-dessus. Ainsi, l’auteur a pu s’extraire de son propre passé pour livrer une œuvre qui lui tienne profondément à cœur, tout en n’oubliant pas de créer des personnages autonomes.

Bienvenue dans la Serbie de Slobodan Milošević

Vladimir Perišić nous plonge donc dans le cadre de la Serbie de 1996 marquée par les victoires électorales de l’opposition au pouvoir de Milošević. Pourtant, le régime ne s’avoue pas vaincu et tente de discréditer ce résultat afin de conserver le pouvoir. Au cœur de cette machine de désinformation se trouve Marklena, femme politique à poigne qui dissocie sa vie publique et sa vie privée afin de préserver son adolescent de fils de toute agitation. Pourtant, le jeune homme nommé Stefan va petit à petit ouvrir les yeux sur la situation insurrectionnelle de son pays, mais aussi sur l’influence réelle de sa mère avec qui il entretient une relation fusionnelle.

Lost Country, photo d'exploitation

© 2023 KinoElektron – Easy Riders Films – Trilema – Arte France Cinéma – Red Lion Sarl – Kinorama – Cosmodigital. Tous droits réservés.

De manière judicieuse, Vladimir Perišić nous laisse dans l’ignorance de la situation politique du pays pour mieux nous ouvrir les yeux en même temps que son personnage principal. Toujours à hauteur du regard de l’adolescent, le long métrage envisage donc le monde en cercle concentriques qui vont peu à peu s’élargir. Alors que le film se concentre d’abord sur le cercle familial plutôt accueillant, le script nous invite à suivre l’adolescent dans son quotidien, au lycée, mais aussi durant ses entrainements de water-polo. Pourtant, progressivement, la politique s’invite dans ce quotidien confortable de petit apparatchik.

Quand on se retrouve du mauvais côté de l’Histoire!

D’abord bousculé par ses camarades, puis carrément rejeté, Stefan tente de défendre sa mère jusqu’au bout, dans un élan d’amour filial qui fait chaud au cœur. Pourtant, le spectateur sait d’emblée que cette bataille intérieure ne pourra déboucher que sur un échec personnel redoutable et destructeur. Tandis qu’il est exclu de sa bande de copains, le jeune garçon prend conscience des enjeux de société et se rend compte que sa famille est du mauvais côté de l’Histoire. Oui, sa chère maman est bien une manipulatrice qui entend tout faire pour maintenir son Parti au pouvoir. Dès lors, l’issue ne peut être que tragique pour celui qui doit opérer un choix intenable.

A l’aide d’une réalisation très sobre, généralement constituée de plans-séquence, Vladimir Perišić parvient à mêler de manière inextricable vie personnelle et destinée de la Nation. Cela octroie une dimension émotionnelle forte à un sujet qui pouvait initialement paraître aride pour le grand public. Le film appartient donc bien à la catégorie des récits d’apprentissage, mais qui débouchent ici sur une impasse et un désespoir profond.

De très bons acteurs pour un constat glaçant

Pour cela, le cinéaste s’est appuyé sur deux acteurs formidables. Ainsi, le débutant Jovan Ginic crève l’écran dans un rôle difficile puisque sa révolte est uniquement intérieure, le personnage étant taiseux. Face à lui, Jasna Đuričić est une actrice de théâtre très expérimentée qui s’impose sans difficulté dans un rôle de femme à poigne que personne ne semble capable de contredire. Son prénom étant la contraction de Marx et de Lénine, on en conclue qu’elle incarne à elle toute seule la radicalité des idées de la gauche la plus extrême.

Jamais dans l’esbroufe, Lost Country déploie son argumentaire de manière fluide jusqu’à un final aussi glacial que frappant. Il constitue donc une excellente pioche pour les amateurs d’un cinéma d’art et essai ambitieux et profond à la fois. On notera que le réalisateur a bien progressé depuis son premier essai en 2009.

Lost Country est malheureusement passé inaperçu

Malheureusement pour lui, Lost Country n’a disposé que d’une sortie discrète à partir du 11 octobre 2023, cumulant 4 831 entrées durant sa première semaine d’exploitation. En deuxième septaine, le métrage perd 50 % de ses entrées avec 2 428 retardataires sur toute la France. Cela se poursuit six petites semaines pour arriver à 8 756 cinéphiles. Dès lors, aucune sortie physique n’a été programmée et le film est désormais uniquement disponible en VOD. On vous encourage fortement à le visionner.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 11 octobre 2023

Voir le film en VOD

Lost Country, l'affiche

© 2023 KinoElektron – Easy Riders Films – Trilema – Arte France Cinéma – Red Lion Sarl – Kinorama – Cosmodigital / Affiche : Silenzio. Tous droits réservés.

Biographies +

Vladimir Perišić, Jovan Ginic, Jasna Đuričić

Mots clés

Cinéma serbe, Le passage à l’âge adulte au cinéma, Les drames de l’adolescence, Le suicide au cinéma

 

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Lost Country, l'affiche

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