L’infirmière : la critique du film (2020)

Drame | 1h44min
Note de la rédaction :
7/10
7
L'infirmière, l'affiche

  • Réalisateur : Kôji Fukada
  • Acteurs : Mariko Tsutsui, Mikako Ichikawa, Sôsuke Ikematsu
  • Date de sortie: 05 Août 2020
  • Nationalité : Japonais, Français
  • Titre original : Yokogao
  • Titres alternatifs : A Girl Missing (titre international) / Zaginiona dziewczyna (Pologne) / Perfil de uma Mulher (Brésil)
  • Année de production : 2019
  • Scénariste(s) : Kōji Fukada
  • Directeur de la photographie : Ken'ichi Negishi
  • Compositeur : Hiroyuki Onogawa
  • Société(s) de production : Kadokawa, MK2 Productions
  • Distributeur (1ère sortie) : Art House Films
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Blaq Out (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 6 janvier 2021
  • Box-office France / Paris-périphérie : 76 203 entrées / 34 042 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs
  • Festivals et récompenses : Festival Polar de Cognac 2020 : Polar du meilleur long métrage international / Présenté aux Festivals de Locarno et de Toronto en 2019
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Art House Films
Note des spectateurs :

Faux thriller, mais vraie analyse du carcan social japonais, L’infirmière est une œuvre épurée et trouble qui mérite d’être découverte. L’actrice principale Mariko Tsutsui y est excellente.

Synopsis : Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement. En retraçant la chaîne des événements, un trouble grandit : est-elle coupable ? Qui est-elle vraiment ?…

Une première demi-heure qui brouille les repères du spectateur

Critique : Avec Harmonium (2016), déjà porté par l’actrice Mariko Tsutsui, le cinéaste japonais Kôji Fukada faisait déjà preuve d’une grande économie de moyens qui le plaçait d’emblée dans la filiation d’auteurs prestigieux comme Ozu. Il récidive avec L’infirmière (2019) qui se présente aussi sous un aspect très intimiste durant sa première demi-heure, avant que les personnages révèlent des zones d’ombre plus intéressantes par la suite.

L'infirmière, photo d'exploitation 1

L’infirmière : © 2019 Kadokawa – MK2 Productions / Art House Films. Tous droits réservés.

Il est important de préciser que malgré un thème qui se rapproche du thriller, L’infirmière n’en épouse jamais les codes, mais préfère opérer par de légers glissements vers l’inconnu. Fukada ne nous prend jamais par la main et ne facilite donc pas le travail du spectateur, dont la participation doit être particulièrement active. Ainsi, le réalisateur nous invite à suivre deux temporalités parallèles (avant et après l’enlèvement), sans jamais vraiment nous avertir. De même, il a parfois recours à des scènes de rêve qui ne se distinguent pas vraiment des autres, si ce n’est par l’incongruité de certaines éléments – l’infirmière qui se déplace à quatre pattes, par exemple. Rien dans la forme ou le montage n’établit de rupture, ce qui peut s’avérer déstabilisant, notamment lors de la première partie où l’on peine parfois à saisir le but des scènes.

Le piège d’une société japonaise corsetée

Cette entrée en matière un peu abrupte et marquée par une grande lenteur connaît heureusement un basculement lorsque le but du cinéaste commence à se faire jour. Effectivement, L’infirmière ausculte avec beaucoup de soin et de tact le carcan social qui enserre les citoyens japonais. Intégralement fondée sur le non-dit, cette société ne peut accepter la différence et bascule même dans l’hystérie lorsque certaines affaires sont montées en épingle par les médias.

Fukada démontre que les personnages, même bien intentionnés, sont en réalité piégés par le système. Ainsi, la jeune fille enlevée par le neveu de l’infirmière est rejetée par ses camarades car ils imaginent qu’elle a été violée. Elle passe ainsi du statut de victime à celui de coupable. De même, l’infirmière n’a pas vraiment de lien avec son neveu, mais est accusée de complicité par l’ensemble de la société, perdant au passage son emploi et son petit ami. Toute cette histoire est finalement initiée par la sœur de la victime, secrètement amoureuse de l’infirmière et qui livre celle-ci à la vindicte populaire via les médias.

De l’art du silence et des non-dits

Cette machine de destruction des êtres n’est jamais dénoncée avec lourdeur par le réalisateur puisque celui-ci préfère les non-dits et les silences plutôt que les interminables discours moralisateurs. D’ailleurs, l’infirmière en question, magnifiquement interprétée par Mariko Tsutsui, n’est pas exempte d’ambiguïtés, elle qui va peu à peu ourdir une vengeance qui n’aboutira peut-être jamais. Le titre original du film qui signifie globalement « visage vu de profil » en dit long sur la volonté du cinéaste, puisqu’il nous invite finalement à opérer un pas de côté afin de découvrir une part de la réalité, mais certainement pas son intégralité.

L'infirmière, photo d'exploitation 2

L’infirmière : © 2019 Kadokawa – MK2 Productions / Art House Films. Tous droits réservés.

Ainsi, le spectateur sortira de la projection avec bon nombre de questions restées en suspens, mais aussi avec la certitude d’avoir visionné une œuvre passionnante qui parvient à suggérer un maximum de choses avec un minimum de dialogues et d’explications. Il s’agit assurément d’un tour de force, même s’il faut pour en profiter passer le cap de la première demi-heure, vraiment ardue.

Un film intéressant qui mérite d’être (re)découvert

Sorti en plein été 2020 durant la période de pandémie mondiale de la Covid-19, L’infirmière a été un petit succès d’art et essai en attirant 76 203 curieux dans les salles obscures sur cinq semaines d’exploitation. Un score intéressant pour un film exigeant. Ceux qui l’ont raté pourront effectuer une séance de rattrapage grâce à l’édition DVD (pas de blu-ray, malheureusement) dégoupillée par l’éditeur Blaq Out ou encore en location VOD. L’occasion d’explorer l’univers particulier d’un auteur à suivre de près, d’autant que son nouveau film, long de près de quatre heures, va débarquer dans les salles françaises fin juin 2021 (Suis-moi, je te fuis / Fuis-moi, je te suis).

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 août 2020

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L'infirmière, l'affiche

© 2019 Kadokawa – MK2 Productions. Tous droits réservés.

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