L’illusion verte – la critique du film (2019)

Documentaire | 1h33min
Note de la rédaction :
6/10
6

  • Réalisateur : Werner Boote
  • Acteurs : Manu Payet
  • Date de sortie: 13 Fév 2019
  • Titre original : Die grüne Lüge
  • Nationalité : Autrichien
  • Distributeur : L'Atelier Distribution
  • Éditeur vidéo / Date de sortie vidéo : L'Atelier d'images / 3 septembre (DVD et VOD)
  • Festival de Berlin 2018 : Nomination pour le meilleur documentaire.
  • Box-office France : 7 967 entrées
Note des spectateurs :

Documentaire intéressant posant de bonnes questions, L’illusion verte pâtit toutefois d’un certain manque de rigueur scientifique, tout en militant de manière un peu trop évidente pour des solutions alternatives de gauche, ce qui en limite la portée.

Synopsis : Aujourd’hui, les industriels investissent beaucoup de temps et d’argent à “verdir” leur image : voitures électriques, huile de palme labellisée bio, ou encore produits issus du commerce équitable… tout est fait pour nous déculpabiliser et expliquer que nous pourrions sauver le monde en consommant ces produits. Une pratique dangereusement populaire nommée greenwashing ou éco-blanchiment. Mais si à défaut de sauver le monde, ces achats responsables ne faisaient qu’enrichir les multinationales ? Werner Boote et Kathrin Hartmann parcourent le monde pour révéler l’envers du décor.

Critique : Déjà auteur de plusieurs documentaires traitant de l’écologie dont le très pertinent Plastic Planet (2009), Werner Boote trouve un nouveau point d’entrée pour attaquer le système libéral qu’il ne cesse de fustiger. Ici, il s’agit avant tout d’ouvrir les yeux des spectateurs sur le grand mensonge entourant les labels bio délivrés par des grandes entreprises cherchant à se donner une image plus vertueuse, alors même que leurs pratiques n’ont guère changé. Malgré le titre du documentaire, il ne s’agit en aucun cas de dénoncer l’imposture de certains vendeurs de bio, mais bien d’attaquer la pratique de l’éco-blanchiment qui consiste à apposer des labels bio sur de nombreux produits, alors qu’ils ne répondent à aucun critère du développement durable. Werner Boote vise notamment toutes les grandes transnationales de l’alimentaire qui parviennent à leurs fins par des tours de passe-passe. On pense notamment à la mention « huile de palme bio » identifiable sur certains produits, alors même que le mode de production de cette huile ne peut être en aucun cas favorable à la biodiversité.

Copyright Little Dream Entertainment

Tel un Michael Moore vert, Werner Boote s’invite dans les grandes conférences des dirigeants d’entreprises, parvient à leur poser des questions qui les embarrassent, les poussent finalement à mentir, avant de prouver que ces gens viennent de nous tromper en apportant des preuves significatives. Avec l’écologiste Kathrin Hartmann, il forme un couple de cinéma qui fonctionne suivant le principe du bon (Boote) et du méchant (Hartmann) lors des entretiens. Toutefois, ce duo qui dynamise le métrage en constitue également sa principale limite. A force de jouer le naïf, Boote est un peu irritant, tandis qu’Hartmann peut apparaître comme un cliché de l’écologiste hystérique qui ne semble vivre que pour dénoncer les comportements des autres. On peut également regretter que la plupart des informations nous viennent de ces deux intervenants qui ne cessent de dialoguer. Peu de données chiffrées, peu de documents sensibles dévoilés, peu de vidéos chocs ou de révélations fracassantes. Les habitués des documentaires auront même le droit au passage classique sur les populations autochtones du Brésil – par ailleurs très menacées depuis l’accession au pouvoir de Jair Bolsonaro – qui militent pour la récupération de leurs terres vendues aux sociétés privées qui détruisent l’Amazonie. Histoire de se donner une caution intellectuelle, les auteurs ont également interrogé Noam Chomsky qui prône un changement complet de système mondial.

Si tous ces éléments ont le mérite d’éclairer d’une lumière crue un monde devenu fou, ils ne toucheront guère plus que les convaincus, d’autant que l’enquête menée manque clairement de rigueur. Il n’est pas interdit d’y souscrire pleinement, mais en ayant bien à l’esprit les limites d’un tel exercice. On retiendra surtout ces images impressionnantes des ravages occasionnés par les dirigeants indonésiens sur la forêt locale au nom du sacro-saint développement. Au moins, les auteurs ont-ils eu le mérite de s’interroger sur des points fondamentaux comme la voiture électrique (censée être moins polluante), le bio en supermarché ou encore le mythe de la croissance perpétuelle. Leurs réponses restant résolument ancrées à gauche de l’échiquier politique, notamment lors d’un final pompeux un brin ridicule, elles ne trouveront malheureusement que peu d’écho auprès d’un public plus cynique ou suspicieux.

Critique de Virgile Dumez

Copyright L’Atelier Distribution. Tous droits réservés.

 

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