Les baronnes : la critique du film (2019)

Policier, Action, Polar, Thriller | 1h42min
Note de la rédaction :
4/10
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Affiche française des Baronnes, avec Melissa McCarthy

Note des spectateurs :

Film de gangsters au féminin, Les baronnes est surtout un ratage imputable à l’inexpérience de la réalisatrice Andrea Berloff, incapable de livrer une version cinématographiquement intéressante du comics DC. Du niveau d’un téléfilm, tout au plus.

 

Synopsis : New York, 1978. Entre ses prêteurs sur gages, ses sex-shops et ses bars clandestins tenus par la pègre irlandaise, Hell’s Kitchen a toujours été un quartier difficile. Et mal famé. Mais pour Kathy, Ruby et Claire, épouses de mafieux, la situation est sur le point de basculer. Car lorsque leurs maris sont envoyés en prison par le FBI, elles reprennent en main les affaires familiales, en poursuivant leurs trafics et en éliminant la concurrence … au sens littéral. Désormais, ce sont elles qui tiennent le quartier.

 

Les Baronnes est un film de gangsters #MeToo compatible

Critique : Scénariste pas toujours inspirée (World Trade Center et Blood Father, deux références pas fameuses), Andrea Berloff a pourtant obtenu le feu vert de la Warner pour scénariser et réaliser The Kitchen, traduit chez nous par Les baronnes. Une fois de plus, il s’agit d’une adaptation d’un comics DC dont les producteurs envisageaient de faire une franchise lucrative. L’idée était donc de surfer sur la vague féministe version #MeToo pour attirer le public dans les salles. De même qu’il est aujourd’hui de bon ton à Hollywood de métamorphoser des franchises masculines en leur équivalent féminin, la volonté des auteurs est bien de faire un film de gangsters en inversant les règles.

Ici, les femmes sont donc initialement présentées comme des épouses fidèles, soumises et même battue pour l’une d’entre elles. Attendant leur malfrat d’époux à la maison, elles attirent immédiatement la sympathie des spectateurs. La prise de conscience de leur situation désastreuse intervient à partir du moment où leurs hommes sont envoyés en prison et qu’elles se retrouvent sans ressource. Dès lors, elles se mettent à remplacer leurs maris dans leurs activités frauduleuses et c’est là que le long-métrage commence à partir en sucette.

 

Des femmes aussi violentes que les hommes… Et alors… ?

Effectivement, malgré tout le talent de Melissa McCarthy et de ses copines, on n’arrive pas à croire une seconde que ces femmes puissent s’imposer face à la violence des truands de Hell’s Kitchen. D’ailleurs, la réalisatrice ne tente même pas d’édulcorer la rudesse de ces hommes et pousse donc les femmes à devenir comme eux. Dès lors, Andrea Berloff ne parvient jamais à sortir d’un cercle vicieux qu’elle instaure elle-même : elle critique l’attitude des hommes en dénonçant leur extrême violence, mais elle fait de ses femmes vengeresses des hyènes encore plus impitoyables que leurs maris. De fait, elles apparaissent comme des gangsters uniquement intéressés par l’argent et soumettant la population locale à un infame racket, le tout orchestré dans la violence la plus crasse. Impossible dès lors de prendre leur combat féministe au sérieux ou même d’avoir la moindre empathie pour elles.

 

Une réalisation sans imagination, du niveau d’un téléfilm

Outre cette impasse narrative, Les baronnes souffre d’un manque cruel d’imagination sur le plan formel. Dépourvu de la moindre idée de cinéma, le long-métrage ne vaut guère mieux qu’un téléfilm. Certes, la reconstitution du Hell’s Kitchen des années 70 est plutôt réussie, mais il aurait fallu une vraie vision de réalisatrice pour soutenir ces efforts. Or, Andrea Berloff ne semble clairement pas taillée pour la fonction, tant elle livre un enchaînement de plans d’un classicisme à en faire bâiller d’ennui le pire des téléastes.

Signalons enfin un absurde retournement de situation qui tente d’expliquer l’ensemble du film par le biais d’une machination diabolique à laquelle on ne croit pas une seconde et vous aurez une vague idée de l’ineptie que constitue cette mauvaise blague. La sanction a d’ailleurs été immédiate au box-office américain puisque le long-métrage constitue le pire démarrage de la carrière de Melissa McCarthy, avec un cumul à peine supérieur à 10 millions de dollars pour un budget de 38 millions. Une douche froide qui ne devrait pas être compensé par la France où on imagine mal le public se ruer dans les salles pour assister à un spectacle si médiocre. Une compensation toutefois : l’échec du métrage condamne d’avance toute idée d’une suite.

Critique de Virgile Dumez

Sorties de la semaine du 21 août 2019

Affiche française des Baronnes, avec Melissa McCarthy

© Vertigo Entertainment, DC Entertainment, New Line Cinema, Bron Studios, Michael De Luca Productions, Warner Bros.

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Affiche française des Baronnes, avec Melissa McCarthy

Bande-annonce des Baronnes

Policier, Action, Polar, Thriller

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