Le tigre de la rivière Kwai : la critique du film (1978)

Western | 1h28min
Note de la rédaction :
3/10
3
Jaquette VIP de Le tigre de la rivière kwai

  • Réalisateur : Franco Lattanzi
  • Acteurs : George Eastman, Gordon Mitchell, Mauro Mannatrizio, Krung Srivilai
  • Date de sortie: 12 Avr 1978
  • Nationalité : Italien
  • Titre original et alternatifs : La Tigre venuta dal fiume Kwai, Le maitre de Bangkok (France, VHS), Der Tiger vom Kwai (Allemagne), O tigre do Rio Kwai (Portugal), Kao ma jak menam Kwai (Thaïlande), O tigris apo ton potamo Kwai (Greece)
  • Année de production : 1975
  • Scénariste : Armanco Visconti
  • Directeur de la photographie : Giovanni Visconti
  • Compositeur : Alberto Baldan Bembo
  • Sociétés de production : Cine Fenix, Fu Sheng
  • Distributeur : Les Films Jacques-Leitienne
  • Editeur vidéo (VHS) : Virginia Distribution (1982), VIP Vidéocassette (1988), Initial
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
Note des spectateurs :

Le tigre de la rivière Kwai est un film aux ambitions purement pécuniaires, ce que trahit le choix d’un titre opportuniste, que le récit ne motive en rien. Il s’agit d’un nanar qui se laisse regarder, mais laissera un arrière-goût amer au spectateur.

Synopsis : Un Thaïlandais se rend aux Etats-Unis pour rencontrer la famille de son ami Américains décédé. Il doit leur remettre ses cendres et des bijoux qui lui appartenaient. Le trésor suscite la convoitise d’une bande de malfrats.

Critique : Produit en 1975, la même année que le deuxième épisode de Shangaï Joe et une année après La brute, le colt et le karaté, Le tigre de la rivière Kwai fait partie des “western soja”. Ce sous-genre du western italien met  en scène des personnages asiatiques qui débarquent dans l’Ouest. Le film qui nous intéresse ne déroge pas à la règle, sa seule originalité étant qu’il met en scène un protagoniste thaïlandais. Malheureusement, le film ne met pas en avant les spécificités de la culture thaïlandaise. En résulte un héros générique à souhait.

Le tigre de la rivière Kwai commence très mal

On ne peut qu’être consterné lors du visionnage des premières minutes du film. Très vite, le spectateur se demandera légitimement s’il n’y a pas erreur sur la marchandise. En effet, il s’ouvre sur un passage qui semble volé à un autre film dans le but de réemployer des paysages asiatiques. Ce qui nous met la puce à l’oreille est l’accoutrement du héros. Sa chemise psychédélique, son médaillon disco, son pantalon à pattes d’éléphant et ses bottines jurent dans ce qui est censé être la Thaïlande du XIXe siècle ! Il revêtira une tunique un peu plus crédible dans le reste du métrage.

Un film qui manque de crédibilité

Hélas, la plupart des costumes du film sont désastreux, et contribuent à la plus grande tare du film : le spectateur ne croit pas une seconde à ce qu’il est en train de voir. La musique synthétique, parfois digne d’un film érotique, contribue grandement à ce sentiment. Certes, quelques musiques sont sympathiques, à l’image d’un morceau mêlant harmonica et resucée du thème de Shaft, mais ils sont beaucoup trop marqués seventies pour convaincre. A cela s’ajoutent des décors de campagne européenne ignobles dignes des Ravageurs de l’Ouest.

Tout dans Le tigre de la rivière Kwai trahit un budget absolument indigent. Giovanni Visconti, dont il s’agit de l’unique travail en tant que directeur de la photographie, parvient à sauver les meubles. En effet, les éclairages sont corrects, et ce même de nuit. On ne peut pas en dire autant de la réalisation très brouillonne de Franco Lattanzi, qui use et abuse du zoom. Les chorégraphies des combats sont absolument ridicules, comme on peut le voir lors du duel final. C’est d’autant plus fâcheux que l’on attend de ce type de films un certain nombre de prouesses martiales. Las, seule une scène avec le hongkongais Kam Wong Lung parvient à être un tant soi peu spectaculaire.

Des acteurs peu motivés

Il est triste de constater à quel point un sympathique acteur comme George Eastman semble ici peu concerné. Il en va de même pour Gordon Mitchell. D’aventure, ces comédiens ont une certaine prestance. Ici, ils ne dégagent rien, si ce n’est de la lassitude. Les actrices sont tout aussi peu convaincantes. Il faut dire que leurs rôles sont inintéressants au possible, et caricaturaux à souhait. In fine, ce sont les acteurs asiatiques qui se révèlent les plus convaincants, même s’ils sont à mille lieues d’un Lo Lieh ou d’un Chen Lee.

Le tigre de la rivière Kwai est un sacré nanar, le capital sympathie en moins

L’autre énorme tare de ce film, qui compte assurément parmi les pires de sa catégorie, est son scénario. En effet, le film n’explique pas clairement ses enjeux. On ne déduira qu’assez tard pourquoi le héros décide de se rendre aux Etats-Unis. On ne saura jamais pourquoi les antagonistes se lancent à sa poursuite, et les motivations de certains personnages manquent de clarté. Il est néanmoins vraisemblable que les seules copies disponibles à ce jour aient souffert de coupes expliquant ces béances scénaristiques. Etonnamment, en dépit de ses nombreuses scènes de remplissage, le film aurait pu être plus ennuyeux. Il se laisse suivre sans trop bailler, ce qui est sûrement dû à sa dimension nanardesque et à un fil conducteur se tenant tant bien que mal.

En définitive, tous ces défauts cumulés font que le spectateur a la désagréable impression d’avoir visionné un produit assez malhonnête. Loin d’une quelconque démarche artistique, la genèse du film semble se résumer à la seule volonté de surfer sur le succès du “western soja” avec un investissement minimal. Nul doute que ce type de production opportuniste a contribué à la mauvaise image dont a souffert le western italien pendant des années.

Critique : Kevin Martinez

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

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Jaquette VIP de Le tigre de la rivière kwai

Affiche : Landi / Lafon © 1975 Cine Fenix, Fu Sheng. Tous droits réservés

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