Le songe de la lumière : la critique du film (1993)

Documentaire, Film contemplatif | 2h13min
Note de la rédaction :
10/10
10
Le songe de la lumière, l'affiche du documentaire

  • Réalisateur : Victor Erice
  • Date de sortie: 05 Mai 1993
  • Nationalité : Espagnol
  • Titre original : El sol del membrillo
  • Titres alternatifs : Dream of Light (titre international) / The Quince Tree Sun (titre alternatif UK) / O Sonho da Luz, o Sol do Marmeleiro (Portugal) / Słońce pośród liści pigwy (Pologne) / Il sole della mela cotogna (Italie) / A birsalmafa árnyéka (Hongrie) / Kvædetræets sol (Danemark) / O Sol de Marmelo (Brésil)
  • Année de production : 1992
  • Avec dans leur propre rôle : Antonio López, María Moreno, Enrique Gran, María López
  • Scénaristes : Víctor Erice, Antonio López García
  • Monteur : Juan Ignacio San Mateo
  • Directeur de la photographie : Javier Aguirresarobe, Ángel Luis Fernández
  • Compositeur : Pascal Gaigne
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : -
  • Directeur artistique : -
  • Producteurs : Carmen Martinez, María Moreno
  • Producteurs exécutifs : María Moreno
  • Sociétés de production : Euskal Media, Igeldo Zine Produkzioak, Instituto de la Cinematografía y de las Artes Audiovisuales (ICAA), Maria Moreno P.C.
  • Distributeur : Les Films sans Frontières
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Carlotta Films (DVD, 2010)
  • Date de sortie vidéo : 8 septembre 2010 (DVD)
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 12 362 entrées / 10 075 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Couleur / Son : Stéréo
  • Festivals : Festival de Cannes 1992 : en compétition / Festival du film de Chicago 1992 : en compétition
  • Nominations :
  • Récompenses : Festival de Cannes 1992 : Prix du jury (ex-aequo avec Une vie indépendante) ; Prix FIPRESCI / Festival du film de Chicago 1992 : Prix du Meilleur Film
  • Illustrateur/Création graphique : © Deleuse (agence) - Pierre Collier (affichiste). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1992 Euskal Media - Igeldo Zine Produkzioak - Instituto de la Cinematografía y de las Artes Audiovisuales (ICAA) - Maria Moreno P.C. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachée de presse : Isabelle Ichay
  • Tagline : Grand Prix Cannes 92. Inspiré du travail du peintre Antonio Lopez Garcia.
Note des spectateurs :

Il fallait tout le talent de Victor Erice pour faire du Songe de la lumière, initialement un simple documentaire sur le peintre réaliste espagnol Antonio Lopez , un pur joyau du cinéma des années 90.

Synopsis : A l’automne 1990, plus précisément, le 28 septembre de cette année, le peintre Antonio Lopez décide de faire un tableau du cognassier de son jardin, alors que les fruits de l’arbre sont arrivés à maturité et que les rayons du soleil de cette saison donnent à l’ensemble une rare tonalité de lumière, si difficile à saisir. Commence un long et méticuleux travail d’orfèvre pour rentrer dans l’essence même du secret intime de la perception et de sa fascinante résultante, la création artistique.

Le songe de la lumière, un documentaire rare du grand Victor Erice

Critique : Cinéaste rare qui n’a tourné que trois longs-métrages en plus de quarante ans de carrière, Victor Erice reste dans toutes les mémoires comme le réalisateur du chef d’œuvre absolu du cinéma espagnol des années 70, L’esprit de la ruche (1973). Après avoir signé le splendide Le sud en 1983, il s’attaque à un projet en apparence plus modeste en 1992 en tournant un documentaire sur le peintre réaliste Antonio Garcia Lopez intitulé Le songe de la lumière.

Ne faisant jamais rien comme les autres, le cinéaste ne s’attarde aucunement sur l’œuvre du peintre, ni même sur son passé ou sur sa vie présente, préférant capturer la grâce du geste créateur. Ainsi, le réalisateur suit pas à pas les étapes de la création d’un tableau, en l’occurrence une représentation très réaliste d’un cognassier. Au lieu de disserter durant des heures sur la vie et l’œuvre de Lopez, Le songe de la lumière tente de saisir la majesté du geste créateur et par-là même rend le plus bel hommage qui soit à un artiste, le montrer dans l’accomplissement de son art.

Capter le geste artistique et tenter de capturer la lumière

De la confection de la toile au choix des pinceaux, en passant par l’angle de vue choisi pour retranscrire la beauté de l’arbre, tout est évoqué dans les moindres détails. En parallèle, nous suivons aussi les travaux effectués par des ouvriers polonais dans l’atelier de l’artiste, ainsi que la vie du quartier très populaire où vit notre homme.

Le songe de la lumière, jaquette

© 1992 Euskal Media – Igeldo Zine Produkzioak – Instituto de la Cinematografía y de las Artes Audiovisuales (ICAA) – Maria Moreno P.C. / Carlotta. Tous droits réservés.

Ce point de vue extérieur permet non seulement de montrer que toute activité humaine comporte sa part d’artisanat, mais aussi de rendre hommage indirectement à l’œuvre de Lopez, peintre qui a toujours eu à cœur de représenter les classes populaires, ainsi que des friches industrielles. Toutefois, ce qui fait du Songe de la lumière une œuvre cinématographique extraordinaire n’est pas tant dans son attention particulière aux détails de la vie quotidienne que dans sa volonté de saisir l’essence même de la peinture, à savoir la lumière. Malgré l’emploi d’une caméra à la définition hasardeuse, Victor Erice signe un nombre impressionnant de plans superbes qui tentent de saisir chaque nuance de la lumière du jour, mais aussi du crépuscule.

Une magnifique déclaration d’amour envers toute forme d’art

Lorsque, au bout d’une heure et demie, Antonio Lopez se rend compte qu’il n’arrivera pas à terminer son tableau, le film opère une magnifique volte-face et se love délicieusement dans une poésie intemporelle où le cinéma prend le relais de la peinture. Dans les magnifiques derniers plans du film, la caméra prend la place du peintre et, par un jeu d’éclairages savants, parvient à saisir les nuances que la lumière naturelle ne laissait plus entrevoir.

Cette déclaration d’amour à toutes les formes d’art se double alors d’un chant élégiaque à la vie, au temps qui passe et aux saisons qui transforment toute chose en cendres pour mieux renaître au cosmos. Dès lors, ce qui s’apparentait à un simple documentaire sur un peintre espagnol peut se muer en un petit chef d’œuvre de poésie, un hymne ô combien passionnant à toute forme de création.

Un documentaire justement récompensé à Cannes

Présenté en compétition au Festival de Cannes en 1992, le chef d’œuvre n’a pas laissé le jury indifférent qui lui a octroyé son Prix du jury, ex aequo avec Une vie indépendante (Vitali Kanevsky, 1992). Le documentaire a aussi obtenu le prix FIPRESCI, preuve supplémentaire de son pouvoir de fascination et de son statut de chef d’œuvre du documentaire. Le film est ensuite sorti tardivement dans les salles françaises par le concours des Films sans Frontières qui en ont tiré 12 362 entrées. Un score modeste pour une œuvre qui doit impérativement être vue par tous les cinéphiles exigeants.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 mai 1993

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Le songe de la lumière, l'affiche du documentaire

© 1992 Euskal Media – Igeldo Zine Produkzioak – Instituto de la Cinematografía y de las Artes Audiovisuales (ICAA) – Maria Moreno P.C. / Affiche : Deleuse (agence) – Pierre Collier (affichiste). Tous droits réservés.

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