Le regard de Charles : la critique du film (2019)

Documentaire | 1h23min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche du documentaire Le regard de Charles

  • Réalisateur : Marc di Domenico
  • Acteurs : Charles Aznavour
  • Date de sortie: 02 Oct 2019
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Marc di Domenico
  • Distributeur : Rezo Films
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie DVD :
  • Box-office Paris-Périphérie
Note des spectateurs :

Le regard de Charles est un documentaire émouvant qui révèle une facette méconnue de Charles Aznavour, artiste aux mille chansons, à qui les critiques d’après-guerre n’accordait aucun avenir.

 Synopsis : En 1948, ‪Edith Piaf offre sa première caméra à ‪Charles Aznavour, une paillard qui ne le quittera plus.
Jusqu’en 1982 Charles filmera des heures de pellicules qui formeront le corpus de son journal filmé.
Aznavour filme sa vie et vit comme il filme. Partout où il va, sa caméra est là, avec lui. Elle enregistre tout. Les moments de vie, les lieux qu’il traverse, ses amis, ses amours, ses emmerdes.
Quelques mois avant sa disparition il entame avec Marc di Domenico le dérushage de ses films. Il décide alors d’en faire un film, son film. Le regard de Charles : le journal filmé d’une légende mondiale.

Une photo inestimable de Charles Aznavour dans Le regard de charles

© Anna Sanders Films Artisan Producteur Melodium France 3 cinéma 2019

 Le regard de Charles, sobre et beau

Critique : Le 1er octobre 2018, Charles Aznavour disparaît à l’âge de 94 ans. Fils d’immigrés arméniens, dont la moitié de la famille est décimée durant le génocide de 1917, celui dont le physique est, à ses débuts, considéré comme « impossible » et la voix « lamentable », se révèle être un artiste complet. Bien sûr, dans la mémoire collective, il restera ce géant de la chanson française qui a écrit plus de 1 300 titres pour lui et pour les autres et vendu plus de 180 millions d’albums à travers le monde. Pourtant, le septième n’a pas manqué de lui tendre les bras. Sa carrière cinématographique débute en 1958 avec La tête contre les murs. Il y rencontre Jean-Pierre Mocky qui le fera tourner dans Les dragueurs, puis Les vierges. En 1960, c’est la consécration avec « Tirez sur le pianiste » de Truffaut, confirmée par Un taxi pour Tobrouk en 1961. Sa carrière d’acteur est lancée. Il semblerait pourtant que la réalisation le tentait tout autant. Il avait d’ailleurs écrit un scénario Yiddish connection qu’il souhaitait réaliser et qui a finalement été confié à Paul Boujenah. Il a toujours été considéré comme un chanteur, éventuellement comme un acteur. Les producteurs n’ont alors pas osé lui faire confiance. Mais toujours désireux de témoigner de son époque et de sa vie, il s’improvise cinéaste amateur. C’est ainsi que Marc Di Domenico découvre plus de quarante heures de rushes à partir desquels il construit une œuvre intime autour d’un personnage devenu riche et célèbre mais qui n’a jamais oublié ses racines. De Hong-Kong à New-York, de Londres à Abidjan, de La Paz à Toyko, de Venise à Moscou, sa caméra s’arrête sur les petites gens, modestes et courageux, à l’image de son père qui travaillait dur pour faire vivre sa famille. Et force est de reconnaître qu’il ne manque pas de talent. Alternant plans larges ou serrés, il a le sens de la mise en scène qu’il s’agisse des voyages, des femmes ou de sa carrière. Il arrive par ailleurs que sa femme ou son régisseur le filment. Il apparaît donc dans quelques séquences.

Une photo inestimable de Charles Aznavour dans Le regard de charles

© Anna Sanders Films Artisan Producteur Melodium France 3 cinéma 2019

 Des images rares et étonnantes qui révèle une facette artistique cachée d’Aznavour

Les images sélectionnées par Marc Di Domenico trouvent un juste équilibre entre ouverture vers le monde et moments intimistes n’hésitant pas à dévoiler les aspects les moins glorieux de la vie du chanteur (sa désertion du foyer conjugal pour s’installer au Canada lors de son premier mariage, la fin tragique de son fils Patrick). Ce qui n’enlève rien à la stature de l’homme et le rend au contraire pleinement humain. C’est l’occasion aussi de profiter de quelques archives télé issues de l’INA ou de Gaumont qui nous renvoient à la façon de vivre de ces soixante dernières années et nous permettent de retrouver avec émotion celles et ceux (pour la plupart aujourd’hui disparus) qui occupaient l’espace culturel et télévisuel : Piaf, Dalida, Sagan, Truffaut, Hallyday, Deneuve ainsi Ray Charles ou Barbra Streisand de l’autre côté de l’Atlantique. Et puis pour accompagner le regard de Charles, il fallait bien la voix de Charles. Pas moins de 25 chansons (certaines sont remixées) dont 6 tubes incontournables renaissent sous nos yeux, tandis que la diction de Romain Duris habille le texte d’une sobriété touchante.

Avant d’être un biopic, Le regard de Charles est surtout une histoire à la fois personnelle et universelle qui éclaire avec originalité la personnalité et la carrière d’un homme doué pour le spectacle mais aussi pour la vie.

Critique : Claudine Levanneur 

Sorties du mercredi 2 octobre 2019

Affiche du documentaire Le regard de Charles

© Anna Sanders Films Artisan Producteur Melodium France 3 cinéma 2019
Affiche : © Pierre Collier 2019

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