Le monde de Dory est un Pixar sans risques, dans les eaux tièdes de Cars 2 et de la suite de Monstres et Compagnie. Un brin de poésie marine en plus.
Synopsis : Dory, le poisson chirurgien bleu amnésique, retrouve ses amis Nemo et Marlin. Tous trois se lancent à la recherche du passé de Dory. Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ?
Critique : Suite du Monde de Nemo, l’ancien plus gros succès de tous les temps dans le domaine du film d’animation en images de synthèse, Le monde de Dory s’emploie à raviver la flamme de la poiscaille chez la génération 90, ces jeunes qui avaient l’âge de l’émerveillement dans la décennie 2000, tout en s’attachant à étendre le filet sur la nouvelle génération de jeunes gens qui aiment les produits de marketing estampillés. A quelques gags adultes près, cette plongée aquatique où l’enfant Dory, à la mémoire courte, se perd quelques longues années loin de sa famille, met parfois à mal la patience des plus grand.
Le monde de Dory manque d’imagination
La réalisation d’Andrew Stanton, déjà pilote du premier ouvrage, est fluide, comme toujours chez Pixar, avec des détails de texture et de couleurs qui activent goulument le plaisir des yeux. C’est beau, mais sans le faste et la majesté des grands canons de la maison. Les décors sous-marins manquent parfois d’imagination et tournent à la répétition, quand, hors de l’eau, le splash-movie devient moins lustre.
- © 2016 Disney / Pixar
- © 2016 Disney / Pixar
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Moins séduisant que Nemo de par son personnage central à la voix française qui irrite un peu (ici Céline Monsarrat contre Ellen DeGeneres en VO), on peut se sentir moins concerné par cette narration. Celle-ci sert en fait d’encadrement au récit du premier film qui nous est présenté habilement en une ellipse de quelques instants.
Des seconds rôles comiques
Toutefois, des éléments comiques, notamment dans les seconds rôles, redonnent du cachet au délire marin : deux lions de mer fainéants comme des couleuvres, qui se dorent la pilule au soleil au détriment d’un troisième aux yeux exorbités, complètement loufoque, et au prénom digne d’un bon titre de Nanarland (« Gérard »), sans oublier l’octopus en mode camouflage permanent, relèvent le niveau comique. Nemo et son père, qui accompagnent Dory dans sa quête emblématique de ses parents, réquisitionnent le rationnel et les bons sentiments ; il ne participent pas vraiment à la réussite très relative du film.
Un hymne à la vie conservateur
Avec son traitement initiatique conservateur -hymne à la famille où l’engeance doit regagner la maison pour la vie-, moins fin que la présentation volcanique de l’adolescence dans Vice-Versa, où le jeune devait apprendre à s’éloigner de ses parents pour mieux se parer à se séparer un jour de ces derniers, Le Monde de Dory n’est qu’un divertissement sympathique qui s’évapore à la cuisson et ne prétend jamais à la cuisine de chef. Pour un spinoff d’un monument commercial du 7e art, on peut rester quelque peu sur sa faim, d’autant plus que le précédent Pixar, Le Voyage d’Arlo reposait déjà sur une trame semblable.
Seule authentique bonne nouvelle de ce Pixar estival qui a eu au moins le mérite de sortir sur un très grand écran, la présence en introduction du court-métrage Piper d’Alan Barillaro, un chef d’œuvre qui sera récompensé de l’Oscar du meilleur court animé en 2017.
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