Préparé par Lucio Fulci et produit par Dario Argento, Le masque de cire souffre des stigmates d’une production de genre italienne en berne. Le résultat, inégal, n’en demeure pas moins éminemment sympathique. A réserver aux amateurs de bis.
Synopsis : En 1913, à Rome, un nouveau musée de cire est ouvert. L’attraction principale de cet établissement est la reconstitution très réaliste d’horribles scènes de meurtre. Un jeune homme fait le pari qu’il peut passer la nuit au sein du musée. Le lendemain matin, celui-ci est retrouvé mort. Peu à peu, le musée attire les foules et des personnes disparaissent. Les statues de cire s’avèrent être de plus en plus étranges…
Critique : Alors que le cinéma de genre italien agonise au cœur des années 90, le cinéaste Lucio Fulci est lui-même dans un état de santé catastrophique. Afin de le soutenir, son concurrent Dario Argento lui propose de mettre sur pied un remake moderne du film L’homme au masque de cire (De Toth, 1953). Emballé, Lucio Fulci jette ses dernières forces dans ce qu’il sent être son chant du cygne cinématographique.
Malheureusement, la faucheuse avait d’autres projets pour lui, l’emportant à l’âge de 68 ans en mars 1996, soit quelques semaines seulement avant le début du tournage. Appelé à la rescousse par Dario Argento, trop occupé à réaliser Le syndrome de Stendhal, le responsable des effets spéciaux Sergio Stivaletti accepte de réaliser le projet à la place de Fulci.
Histoire de personnaliser le film, il modifie assez vite le script validé par Fulci et se lance à corps perdu dans un tournage bénéficiant d’un budget plutôt conséquent pour l’époque. Voulu comme une œuvre luxueuse, Le masque de cire bénéficie d’un cadre historique soigné, avec décors nombreux et costumes variés. Au passage, l’apprenti cinéaste s’en tire plutôt bien dès qu’il s’agit de créer une ambiance morbide.
Si l’on fait l’impasse sur une esthétique qui nous replonge clairement au cœur des années 90 (couleurs artificielles et rendu vidéo étrange), le film est plutôt d’une bonne tenue générale. Il faudrait assurément le redécouvrir dans une copie correcte pour juger pleinement cet aspect d’un long-métrage qui retrouve l’esthétique bariolée des années 60-70 sous influence de Mario Bava. L’intrigue est plutôt agréable à suivre, et ceci malgré quelques trous d’air narratifs sans doute dus aux nombreux remaniements du script. Rien de bien scandaleux à ce niveau, les Italiens nous ayant habitué à pire dans le genre.
Par contre, on retrouve ici les outrances qui plaisent tant aux bisseux, avec notamment de nombreux effeuillages de donzelles peu farouches (y compris d’une gamine tout juste pubère, malaise), ainsi que des plans gore gratinés. Dario Argento semble d’ailleurs avoir contribué à cette débauche d’effets gore, ne serait-ce que par leur réalisation fétichiste qui ressemble comme deux gouttes d’eau à des séquences de ses propres films.
Malheureusement, tout n’est pas réussi dans cette série B ritale qui souffre d’une interprétation variable. Pour un Robert Hossein décidément toujours à l’aise dans le cinéma populaire qui a fait sa renommée, on ne compte pas les acteurs passables, voire inexistants. On songe notamment au héros incarné sans charisme aucun par Riccardo Serventi Longhi.
Que dire également des cinq dernières minutes qui partent totalement en vrille, proposant une sortie de route comme on en a rarement vu. Outre que le masque de cire révèle un robot copié sur Terminator, Sergio Stivaletti utilise des effets spéciaux numériques balbutiants. Ainsi, les flammes artificielles qui envahissent le musée sont tout bonnement catastrophiques et ruinent toute la dernière séquence, alors que les effets mécaniques précédents, même imparfaits, gardaient un charme certain. Cette fin médiocre vient rejoindre qualitativement les multiples dérapages d’Argento, époque Le fantôme de l’opéra (1998).
Rare exemple d’un cinéma de genre horrifique italien au cœur des années 90, La maison de cire est donc une œuvre sympathique, foncièrement inégale, mais qui parvient à ressusciter le temps de quelques scènes le lustre d’antan. Ce n’est déjà pas si mal.
Critique de Virgile Dumez
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