Le marchand de sable : la critique du film (2023)

Drame | 1h45min
Note de la rédaction :
6/10
6
Le marchand de sable, l'affiche

  • Réalisateur : Steve Achiepo
  • Acteurs : Benoît Magimel, Ophélie Bau, Aïssa Maïga, Moussa Mansaly
  • Date de sortie: 15 Fév 2023
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Le marchand de sable
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 2022
  • Scénaristes : Steve Achiepo, Romy Coccia Di Ferro
  • Directeur de la photographie : Sébastien Goepfert
  • Compositeur : Amine Bouhafa
  • Sociétés de production : Barney Production, France 2 Cinéma, The Jokers
  • Distributeur : The Jokers
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35: 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals et récompenses : Festival de Namur 2022 : Prix du Meilleur premier film / Film francophone d'Angoulême 2022 : Prix coup de cœur
  • Illustrateur / Création graphique : Le Cercle Noir pour Alamo. Photographie : Léa Rener. Tous droits réservés.
  • Crédits : © 2022 Barney Production, France 2 Cinéma, The Jokers
Note des spectateurs :

Le marchand de sable est une œuvre sociale qui a l’intelligence de ne pas marteler son discours de manière univoque et qui bénéficie d’une solide interprétation. Toutefois, la réalisation s’avère un peu fragile et perfectible.

Synopsis : Marqué par des années de prison, Djo, livreur de colis en banlieue parisienne, vit modestement chez sa mère avec sa fille. Un jour, une tante qui vient de fuir le conflit ivoirien débarque chez eux avec ses trois enfants. Dans l’urgence, Djo réussit à leur trouver un local. Mais face à la demande croissante et dans la perspective d’offrir une vie décente à sa fille, Djo bascule et devient marchand de sommeil.

Une première œuvre engagée sur le mal logement

Critique : Acteur et réalisateur de courts-métrages, Steve Achiepo voulait évoquer la thématique du mal logement alors qu’il a été lui-même agent immobilier durant sa prime jeunesse. Confronté au racisme, Steve Achiepo a participé à ce système qui exclut certains locataires à cause de leur couleur de peau sur demande de propriétaires xénophobes. Cela faisait donc plusieurs années que le cinéaste débutant voulait aborder ce sujet. Il y arrive ici par le biais de la crise d’immigration ivoirienne suite aux luttes de pouvoir qui ont secoué le pays en 2010-2011.

Cherchant d’abord à aider ses compatriotes qui risquent de se retrouver à la rue, le personnage de Djo – interprété avec beaucoup d’autorité et de tendresse par Moussa Mansaly – se transforme progressivement en marchand de sommeil. Si ses intentions restent et demeurent l’entraide au cœur d’une communauté africaine maltraitée, il en tire également un profit personnel, tout en étant manipulé par un exploiteur joué avec duplicité par Benoît Magimel. Toutefois, l’écriture du Marchand de sable est bien plus fine que prévu car elle n’oppose pas forcément de manière binaire les pauvres migrants d’un côté et les sales exploiteurs de l’autre.

Le marchand de sable bénéficie d’une belle écriture

Tout d’abord, on remarque que la plupart des personnages sont bien campés et immédiatement identifiables. Pourtant, ils ne sont jamais unidimensionnels et peuvent prendre parfois des mauvaises décisions, et se révéler bien plus humains dans d’autres occasions. Ainsi, l’ex-copine de Djo jouée par Ophélie Bau est une travailleuse sociale qui multiplie les erreurs de jugement et qui échoue régulièrement dans sa mission par faute d’un système mal organisé et déficient. Steve Achiepo montre bien l’engrenage dans lequel un être intelligent peut se laisser entrainer par une volonté initiale de bien faire, tout en participant à une dérive illégale.

Le marchand de sable, photo d'exploitation

© 2022 Barney Production, France 2 Cinéma, The Jokers / Photo : The Jokers Films. Tous droits réservés.

Bien entendu, Steve Achiepo retombe sur ses pieds en terminant son premier film par une scène dramatique qui démontre que le trafic des marchands de sommeil ne peut que mener à la catastrophe. Il le fait avec un certain talent, notamment par un élément fantastique qui intervient en tout dernier ressort. Si le cinéaste fait preuve de réelles capacités de scénariste et de directeur d’acteurs, il semble un peu moins à l’aise avec une caméra.

Une réalisation perfectible

Ainsi, sa réalisation caméra à l’épaule multiplie les gros plans pas toujours très heureux et une sorte de précipitation qui ne fait que singer le cinéma vérité des années 2000 sans en retrouver la pertinence formelle. Les plans ne sont pas nécessairement maîtrisés et la photographie assez sombre de Sébastien Goepfert rend parfois la lisibilité de l’action peu évidente, ce qui nous exclut souvent de la scène. Par contre, même si elle est discrète, la musique d’Amine Bouhafa sait se faire lyrique quand elle le doit, notamment lors des séquences dramatiques finales.

Soutenu par la Fondation Abbé Pierre et doté du prix de la meilleure première œuvre au Festival de Namur en Belgique, Le marchand de sable est donc un premier essai plutôt convaincant par la pertinence de son discours social, son absence de jugement moral à l’emporte-pièce et la qualité de son interprétation. Le métrage est donc à découvrir, malgré ses quelques faiblesses de réalisation.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 15 février 2023

Le marchand de sable, l'affiche

© 2022 Barney Production, France 2 Cinéma, The Jokers / Affiche : Le Cercle Noir pour Alamo. Photographie : Léa Rener. Tous droits réservés.

Biographies +

Steve Achiepo, Benoît Magimel, Ophélie Bau, Aïssa Maïga, Moussa Mansaly

Mots clés

Films sur les migrants, Critique sociale, Premier film

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Le marchand de sable, l'affiche

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