Comédie ratée, Le léopard souffre d’un script inepte et du manque de charisme de son duo d’acteurs. Seuls les paysages du Zimbabwe séduisent.
Synopsis : Pauline Fitzgerald, écrivain spécialisée dans les enquêtes policières, se retrouve en Afrique où elle est enlevée. Lartigue, alias “Le Léopard”, vient à son secours…
Une énième comédie d’aventure française
Critique : La comédie d’aventures est un sous-genre bien connu des spectateurs français car régulièrement exploité par les producteurs et certains réalisateurs. Ainsi, le genre est particulièrement affectionné par des cinéastes comme Philippe de Broca (L’homme de Rio, Les tribulations d’un Chinois en Chine, L’Africain, Amazone) ou Francis Veber (La chèvre, Le jaguar), mais aussi bon nombre de tâcherons plus ou moins inspirés. Bien entendu, toutes ces œuvres s’inspirent du cinéma américain et notamment d’œuvres comme African Queen (Huston, 1951).
Pourtant, les références qui sautent immédiatement aux yeux lorsque l’on visionne Le léopard (Sussfeld, 1984) sont plutôt à chercher du côté des Aventuriers de l’arche perdue (Spielberg, 1981) et d’A la poursuite du diamant vert (Zemeckis, 1984). Pourtant, si de nombreux points communs troublants lient le film de Jean-Claude Sussfeld et celui de Robert Zemeckis, il est important de signaler que les deux longs-métrages ont été produits en même temps et qu’il est peu probable qu’ils se soient influencés dans un sens ou dans l’autre.
A la poursuite d’un scénario
Ils ont pourtant bien le même point de départ, à savoir une romancière coincée qui va connaître des aventures extraordinaires aux côtés d’un baroudeur râleur. A partir de cette idée séduisante, les deux œuvres partent dans des directions différentes puisque le long-métrage de Zemeckis nous convie à une chasse au trésor savoureuse, alors que Le léopard nous envoie en Afrique à la recherche… d’un script. Effectivement, le plus gros défaut de cette production française estampillée Michelle de Broca (ex-épouse du réalisateur, la boucle est bouclée) est de ne fournir au spectateur aucune intrigue valable pour soutenir les aventures cocasses du duo formé par Claude Brasseur et Dominique Lavanant.
On ne cesse de nous parler d’une organisation internationale sur le modèle de ce que l’on trouverait dans un James Bond, mais on ne comprend jamais vraiment son but et l’explication finale, expédiée en moins d’une minute, est totalement vaseuse. En attendant, le réalisateur nous fait visiter le Zimbabwe et quelques paysages d’Afrique du Sud avec effet carte postale garanti. Les espaces visités sont magnifiques et les deux acteurs principaux cabotinent un maximum, mais cela ne compense aucunement le défaut d’écriture d’un scénario en roue libre.
Un couple de comédien en manque de charisme
Il faut dire que le couple formé par Brasseur et Lavanant n’est pas le plus charismatique qui soit. Même si nous apprécions par ailleurs ces deux artistes, ils n’ont pas nécessairement les épaules taillées pour ces rôles très physiques. Ainsi, Dominique Lavanant n’a pas le charisme suffisant pour s’imposer ici en tant que premier rôle, tandis que Claude Brasseur a plus d’épaisseur, mais n’est pas non plus très crédible lors des passages plus sportifs. Là où il est formidable en père de famille ou même en flic, il apparaît moins performant en héros de film d’aventures.
Encore une fois, ils ne sont pas aidés par leurs rôles, transparents, et guère plus par la réalisation très faible de Jean-Claude Sussfeld. Ainsi, les séquences d’action ne sont jamais trépidantes, ni même convaincantes, et bon nombre de scènes tombent à l’eau par manque de punch. Le montage tente bien de sauver les meubles, mais on ne compte plus les séquences sabotées par l’absence de plans pourtant nécessaires à la bonne compréhension de l’action.
Une déception commerciale pour un film désormais oublié
Sorti au mois de mars 1984, Le léopard n’a pas franchement explosé le box-office national en ne cumulant sur toute la France que 670 579 aventuriers. Il s’agit d’un gros échec, non seulement pour Claude Brasseur qui avait l’habitude à l’époque de souvent dépasser le million d’entrées, mais surtout à cause d’un budget que l’on imagine élevé. En comparaison, un film comme L’Africain (de Broca, 1983), sorti tout juste un an avant, cumulait 1,7 million d’entrées. Exploité ensuite en VHS, Le léopard est tellement tombé dans l’oubli qu’il n’a même pas été encore exploité en DVD.
Critique de Virgile Dumez