Pour Le jour de la bête, Álex de la Iglesia convoque la fin du monde et la peur du passage à l’an 2000. Satan habite son long métrage. Pour le meilleur et pour le rire.
Synopsis : Angel, prêtre spécialisé dans les écrits sur l’Apocalypse, découvre que l’Antéchrist va naître à Madrid le jour de Noël. Afin de contrecarrer les plans de Satan, il décide de commettre tous les péchés possibles et, avec l’aide d’un hard-rockeur et d’un animateur de télé-réalité, il cherche par tous les moyens à sauver le monde.
Critique : Ce deuxième long métrage d’Álex de la Iglesia après Action mutante (1993) confirme la naissance d’un cinéaste à part. Ne faisant aucun cas des notions habituelles de bon goût ou de mesure, il prend un malin plaisir à détourner toutes les règles d’un genre bien codifié : le film millénariste. Pourtant, loin de jouer la carte de la parodie, le metteur en scène met en place son propre univers : décalage constant entre les discours et les actes, violence d’un monde sinistré, personnages agressifs, misanthropie généralisée.
L’originalité de Le jour de la bête vient de l’audace de son auteur. Iglesia se permet tout, dans le seul but de provoquer le rire, comme un prêtre se livrant aux pires exactions afin de mieux lutter contre le diable. Les autres personnages sont également hauts en couleurs. On citera le grand-père qui se balade nu durant tout le métrage.
Les amateurs d’humour absurde et provocateur seront donc aux anges tandis que les autres devront passer leur chemin d’urgence. Pas question de finesse ici, mais d’une réelle efficacité jusque dans les dernières scènes apocalyptiques qui rendent hommage aux films d’horreur.
Le cinéaste s’appuie sur des acteurs particulièrement justes comme Álex Angulo qui interprète le prêtre le plus sérieusement du monde. A ses côtés, il est impossible de ne pas repérer Santiago Segura, devenu depuis une valeur sûre du box-office ibérique grâce à la franchise du flic pourri des Torrente.
Par la suite, Álex de la Iglesia a confirmé son savoir-faire dans la comédie saignante avec les excellents Mes chers voisins (2000) et Le crime farpait (2004). Son deuxième film était déjà une belle promesse et demeure plus de vingt ans après probablement son meilleur OFNI, de ceux qui devrait plaire à tous les amateurs de fantastique désorienté et d’humour trash.
Critique du film : Virgile Dumez