Le déclin de l’empire américain : critique du film et test DVD (1987)

Comédie dramatique | 1h41min
Note de la rédaction :
7/10
7
Le déclin de l'empire américain, l'affiche

Note des spectateurs :

Comédie dramatique cul et culte, Le déclin de l’empire américain nous inonde de son verbe libidineux pour mieux ausculter le trouble des couples après la révolution sexuelle des années 70 et le triomphe de l’individualisme. Drôle et pertinent.

Synopsis : Tandis que Rémy, Pierre, Claude et Alain, professeurs à la faculté d’histoire, préparent un dîner de gourmets, leurs compagnes, Dominique, Louise, Diane et Danielle, s’entraînent dans un club de musculation esthétique. Les hommes discutent des femmes, les femmes discutent des hommes. De ces deux conversations jaillissent le mensonge d’une époque et la volonté pour chaque protagoniste d’un bonheur individuel sans arrêt bafoué.

Un film phénomène

Critique : Malgré une longue expérience derrière la caméra, débutée dans le documentaire au début des années 60, le réalisateur québécois Denys Arcand a attendu 1986 pour être révélé sur la scène internationale avec Le déclin de l’empire américain, véritable film phénomène qui a connu une magnifique carrière partout où il a été diffusé.

Il faut dire que son sujet est pour le moins universel, puisqu’il s’agit du sexe et des difficiles relations entre hommes et femmes. Ce qui a attiré les foules est assurément cette liberté avec laquelle les différents personnages parlent de leurs expériences sexuelles. Au cœur des années 80 décimées par le virus du sida – qui est d’ailleurs évoqué ici à plusieurs reprises – le long-métrage fait une sorte de bilan de la libération sexuelle des années 70 en adoptant la liberté de ton propre à cette époque. Pourtant, le constat n’est pas nécessairement aussi joyeux que prévu puisque l’auteur semble bien regretter une époque plus ancienne où les couples se construisaient sur la durée.

Film du verbe, Le déclin de l’empire américain ausculte les limites de la liberté sexuelle

Ainsi, le réalisateur construit son film sur le dialogue, voire même la logorrhée verbale, où la parole semble remplacer les actes. Chacun de leur côté, hommes et femmes évoquent librement leurs aventures sexuelles, souvent extra-conjugales, ce qui répond à leur besoin de satisfaction individualiste. A chaque histoire, on ressent l’apparente joie d’être libre, mais tout ceci sonne faux.

Les différents récits croisés finissent même par se répondre et se contredire. Ainsi, le verbe permet autant la révélation que la dissimulation. Le réalisateur s’amuse notamment à faire entrer en collision le récit d’un individu en voix off avec l’image qui se dote d’un sens totalement différent. Cela rend le visionnage amusant, mais crée également un certain malaise lorsque les protagonistes se trompent les uns les autres avec une belle hypocrisie.

Arcand multiplie les dialogues épicés avec bonheur

Souvent drôle grâce à des dialogues épicés qui ne connaissent aucun tabou, Le déclin de l’empire américain est donc une petite comédie bourgeoise qui s’inscrit pleinement dans son temps. On notera l’acceptation des personnages homosexuels comme faisant partie intégrante du groupe, preuve d’une réelle avancée des mentalités à une époque où le sujet était encore sensible. Réalisé avec talent, le film est avant tout fondé sur le dialogue et la qualité des interprètes.

La petite troupe réunie par Denys Arcand est parfaitement cohérente et crédible de bout en bout. Au petit jeu des préférences, on apprécie vraiment Rémy Girard en queutard invétéré qui n’en a pourtant pas le physique, ou encore Pierre Curzi. Du côté des femmes, on aime beaucoup les interventions de Dorothée Berryman et Louise Portal.

Le plus gros succès de Denys Arcand

Malgré son absence de grand drame ou même de retournement de situation, cette chronique intimiste a su rallier un public fidèle par-delà les années au point de rester aujourd’hui une comédie culte. A l’époque de sa sortie, elle a réuni plus de 1,5 million de spectateurs en France, ce qui est exceptionnel pour une œuvre québécoise. Même aux Etats-Unis, le long-métrage a réussi à glaner près de 2 millions de dollars de recettes.

De quoi pousser Denys Arcand à imaginer une suite très tardive puisque Les invasions barbares n’est parvenu sur nos écrans qu’en 2003.

Le test du DVD :

Coffret DVD Denys Arcand, la jaquette

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Compléments : 0/5

Tout bonnement aucun.

L’image : 3/5

Le DVD inclus dans le récent coffret ne semble pas différent du précédent édité en 2010. L’image proposée est donc de bonne qualité, mais sans éclat particulier. Il faut dire que le long-métrage ne se distingue pas particulièrement par sa maestria technique ou formelle. La restitution est donc de bonne tenue pour une copie SD, mais pas de quoi vous épater l’œil.

Le son : 3/5  

Même constat pour l’unique piste québécoise disponible qui est constituée d’un simple mono. Pas vraiment grave quand on sait que le film repose intégralement sur ses dialogues qui sont donc restitués de manière frontale. Par contre, on aurait apprécié une piste de sous-titres additionnels. Effectivement, l’accent des acteurs n’est pas trop prononcé, mais certains passages restent quand même un peu difficiles à comprendre. Il s’agira clairement d’un obstacle pour ceux qui n’ont pas envie de faire un effort de compréhension.

Critique du film et test DVD : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 4 février 1987

Le déclin de l'empire américain, l'affiche

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