Déborah François et Paul Hamy revisitent l’amour tragique dans ce récit ouaté aux confins des songes d’un amour durable.
Synopsis : Maria a trente ans, elle est impatiente, frondeuse, et experte en néerlandais. Olivier a le même âge, il est lent, timide et parle quatorze langues. Ils se rencontrent à Taïwan. Et puis soudain, la nouvelle foudroyante. C’est leur histoire. Celle de la force incroyable d’un amour. Et celle de ses confins, où tout se met à lâcher. Sauf Maria.
Made in Taïwan
Critique : Cela commence avec une scène cocasse où la jeune trentenaire jouée par Déborah François fait un dernier tour nocturne auprès de ses nombreux amants, pour les asséner d’un au revoir fatal, puisqu’elle s’envole pour une initiation au grand amour, à Taïwan.
Le coup de foudre frappe cette fougueuse jeune femme éprise de liberté lors de sa rencontre avec un autre polyglotte, autiste sur les bords (il parle quatorze langues), et qui la mène à esquisser une vie furieusement enivrante, aux fraîcheurs bio, amoureux comme elle de voyages au plus profond d’une nature exotique qui les accueille avec bienveillance.
Mais la maladie gronde et le songe romantique tourne au cauchemar viscéral et à l’attente insupportable au chevet du bien-aimé. Retour en France, loin de la beauté de ces paysages de verdure, de la prégnance des décors, de cet autre continent asiatique qui nous berçait de ses impressions de sublime.
Karma-coma
Étrange film sur le coma, survenu à la suite d’un cancer, L’autre continent envisage les pistes, les met à mal, avec l’instinct poétique d’un jeune auteur, Romain Cogitore, qui filme aussi bien l’environnement dépaysant qui revigore les bronches, que ses protagonistes qui tirent vers la douleur.
Jusqu’au final, aussi beau que triste, qui dépasse la problématique de la mort, l’auteur, également scénariste, maîtrise un sujet casse-gueule, sans chercher à apitoyer. Le frère du réalisateur de l’étrange Braguino (2018), trouve sa place dans un cinéma de l’intime où l’on se retrouve sur le fil du rasoir, à prendre, au bord du vide, des décisions déchirantes qui changeront à jamais l’existence.
L’autre continent appartient aux romances pertinentes qui donnent du baume au cœur dans leur désespoir et qui, paradoxalement, endort les douleurs.
Puissant.
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Critique de Frédéric Mignard
Les sorties de la semaine du 5 juin 2019