La panthère des neiges constitue une incroyable expédition au cœur du Tibet pour rendre hommage à la beauté de la nature et à l’un des grands félins les plus secrets au monde.
Synopsis : Au cœur des hauts plateaux tibétains, le photographe Vincent Munier entraîne l’écrivain Sylvain Tesson dans sa quête de la panthère des neiges. Il l’initie à l’art délicat de l’affût, à la lecture des traces et à la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes. En parcourant les sommets habités par des présences invisibles, les deux hommes tissent un dialogue sur notre place parmi les êtres vivants et célèbrent la beauté du monde.
À la recherche d’un animal insaisissable
Critique : Discrète et solitaire, habituée à vivre dans des endroits inaccessibles, la panthère des neiges appelée aussi léopard des neiges ou once est un animal difficile à observer dans la nature. C’est sans doute ce qui a incité nos trois aventuriers à partir à sa découverte.
En adaptant le roman éponyme de Sylvain Tesson, prix Renaudot 2019, la réalisatrice Marie Amiguet (qui a travaillé aux côtés de Jean-Michel Bertrand pour le film La vallée des loups en 2017) prend le temps d’observer avec la même acuité la cohabitation entre deux êtres diamétralement opposés, le silencieux Vincent Munier, l’un des plus prestigieux photographes animaliers, et le romancier baroudeur Sylvain Tesson, et la faune qui les entoure, faisant de ce documentaire une quête poétiquement humaine.
De l’art de la contemplation
À l’écart du bruit et de l’impatience qui régissent nos sociétés modernes, tous deux sont confrontés à la patience et l’attente, celle qui donne le temps de se découvrir soi-même et découvrir les autres.
Les textes de Tesson servent d’écrin aux sublimes images de Munier, tandis qu’Amiguet met en scène une nature sauvage comme il nous est peu souvent accordé de la contempler. Au cœur de vastes étendues mordues par un vent que l’on devine glacial, l’immensité et l’immobilité des lieux ramènent chacun d’entre nous à sa juste condition d’homme. Une manière de rappeler aux humains prétentieux que nous sommes qu’il est inutile et dangereux de vouloir encore et toujours chercher à dominer une nature qui aura, quoiqu’il advienne, le dernier mot, et qu’il est sans doute temps d’adapter nos vies à sa grandeur.
Un superbe livre d’images magnifiées par une musique inspirée
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Notre trio de voyageurs de l’extrême n’a nullement l’intention de se perdre dans les méandres d’un message moralisateur. Tous trois ont bien mieux à nous offrir. Entre plateaux arides, marches dans la neige et découverte de la faune, ils ont à cœur de nous faire partager leur exceptionnelle expérience sensorielle qui se double d’un réel suspense face à cette belle des neiges qui se fait désirer et que l’on finit par se résoudre à peut-être ne pas voir.
La musique minimaliste de Warren Ellis participe à ce précieux équilibre entre émerveillement et quête de sensations sans cesse renouvelées, tandis que la voix de son complice Nick Cave posée sur les mots de Sylvain Tesson nous gratifie finalement d’une intense émotion tant les plans se teintent d’une indescriptible solennité. Une ode à la nature qui, bien au-delà du simple documentaire animalier, fera, à coup sûr le bonheur des amateurs de grands espaces et de photographies extraordinaires.
Critique de Claudine Levanneur
Les sorties de la semaine du 15 décembre 2021
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