La nurse : la critique du film (1990)

Epouvante-Horreur, Gore | 1h33min
Note de la rédaction :
6/10
6
La nurse, l'affiche

  • Réalisateur : William Friedkin
  • Acteurs : Jenny Seagrove, Dwier Brown, Carey Lowell, Brad Hall, Miguel Ferrer
  • Date de sortie: 25 Juil 1990
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Guardian
  • Directeur de la photographie : John A. Alonzo
  • Musique : Jack Hues
  • Distributeur : UIP
  • Editeur vidéo (blu-ray) : Elephant Films
  • Sortie vidéo (blu-ray) : 21 novembre 2018
  • Box-office France / Paris-périphérie : 128 646 entrées / 52 132 entrées
  • Box-office USA : 16,1 M$
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Note des spectateurs :

Œuvre protéiforme, La nurse séduit par son exploration d’un fantastique gothique suranné, mais échoue à livrer un spectacle vraiment cohérent sur le plan narratif. Inégal, mais passionnant à redécouvrir de nos jours.

Synopsis : Phil et Kate décident d’engager une nurse pour garder leur fils Jake dans leur grande maison à la lisière de la forêt. Camilla semble parfaite pour ce rôle. Trop parfaite peut-être…

Friedkin en plein creux de la vague

Critique : Au début des années 90, le réalisateur William Friedkin est bien loin de ses années dorées du début des années 70. Dans la tête des producteurs et du grand public, il reste attaché aux succès de French Connection (1971) et L’exorciste (1973), mais ses dernières tentatives de conquérir le box-office se sont soldées par de cuisants échecs. Malgré leur bonne tenue, Police fédérale, Los Angeles (1985) et Le sang du châtiment (1987) ont confirmé le manque d’intérêt du jeune public pour un réalisateur has been. La radicalité de ses œuvres ne peut lui venir en aide dans un Hollywood de plus en plus lisse.

Au fond du trou, Friedkin accepte un peu tout et n’importe quoi. Il est approché pour mettre en scène La nurse (1990), alors qu’il n’aime pas du tout le scénario de Stephen Volk, très librement adapté d’un roman à succès de Dan Greenburg. Il accepte toutefois la proposition car lui aussi a eu affaire dans sa vie personnelle à une nurse pas très professionnelle. Rien d’aussi grave que dans le film, mais cette expérience personnelle permet au réalisateur de trouver une connexion avec le sujet. Commence alors une intense période de réécriture qui se terminera par le retrait du projet de Stephen Volk et une improvisation constante de Friedkin durant le tournage.

La nurse, blu-ray français 2018

© 1990 Universal City Studios. Tous droits réservés. / Visuel 2018 : © 2018 Elephant Films

Un film à cheval entre fantastique gothique et thriller domestique

Le produit fini n’a finalement plus grand-chose à voir avec le script d’origine, au grand dam de l’actrice Jenny Seagrove qui souhaitait tourner un thriller domestique classique et terre-à-terre, alors que Friedkin a clairement été engagé pour donner une orientation fantastique au projet. Celui-ci va même très loin en faisant référence non seulement à la culture druidique, mais également à l’univers des contes de fée. Dès lors, le long-métrage apparaît comme une synthèse étrange entre un fantastique gothique à l’ancienne et un thriller domestique plus contemporain. Le mélange des deux univers ne se fait pas toujours de manière harmonieuse, mais c’est aussi l’originalité de ce qui ne serait autrement qu’une petite série B anonyme.

Friedkin ne cherche d’ailleurs aucunement à jouer sur le suspense quant à la volonté de la nurse dont on saisit l’aspect maléfique dès les premières minutes. Il dilue alors son intrigue dans des développements narratifs parfois intéressants, parfois plus aléatoires. Il introduit notamment de manière un peu maladroite des protagonistes secondaires qui servent de victimes désignées. Le but est clairement d’asseoir le statut menaçant et surnaturel de la nurse, tout en jetant en pâture au spectateur quelques scènes sanglantes afin d’agrémenter le spectacle. Parmi eux, on trouve trois agresseurs qui finissent en chair à pâtée, ainsi qu’un personnage secondaire qui sera victime de loups, créatures de la nuit reliées à la force tellurique que représente l’arbre druidique.

Une esthétique très soignée pour un script très moyen

A noter d’ailleurs que les scènes horrifiques font furieusement songer à celles d’Evil Dead d’un certain Sam Raimi, cinéaste longtemps attaché au projet. On y retrouve notamment un arbre maléfique aux branchages vindicatifs, ainsi qu’une tronçonneuse et des litres de sang. Tous ces éléments se réfèrent bien évidemment aux contes et légendes traditionnels.

Moins sensible à l’aspect réaliste du projet, William Friedkin semble se régaler lorsqu’il compose des plans oniriques, aidé qu’il est par le directeur de la photo John A. Alonso. Ce sont ces passages magnifiques – parfois proches de l’univers de La compagnie des loups de Neil Jordan – qui donnent tout son cachet à La nurse.

On reste davantage réservé sur la pertinence de l’écriture, entièrement fondée sur des archétypes. Friedkin ne semble rien approfondir. Alors que l’on sent une attraction physique entre le père de famille et la nurse, cette transgression n’a lieu qu’en rêve et finalement, le gentil couple demeure une image idéale du bien, tandis que l’antagoniste ne semble avoir d’autre but que de faire le mal. On se retrouve donc ici dans une opposition très classique entre le bien et le mal, sans qu’aucune nuance ne vienne interférer. Un peu léger pour un réalisateur qui a souvent su sonder les contours flous de l’âme humaine.

Un film mal aimé, y compris par son réalisateur

Visiblement peu fier du résultat final, William Friedkin ne consacre même pas une ligne au film dans son imposante autobiographie Friedkin Connection (2014). Un désaveu qui nous semble très excessif de sa part, puisque La nurse possède quelques belles fulgurances visuelles. On apprécie notamment la fluidité d’une caméra sans cesse en mouvement, mais aussi l’interprétation de qualité, notamment de la part de Jenny Seagrove et de la belle Carey Lowell.

Cet oubli volontaire du cinéaste tient sans doute au cinglant échec commercial du film qui s’est écrasé à 16 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis et à peine 128 646 entrées sur toute la France. Les critiques furent également très sévères envers cette œuvre certes mineure, mais qui contient tout de même des passages intéressants. On préfère en tout cas largement ce long-métrage à des œuvres postérieures comme Blue Chips (1992) ou L’enfer du devoir (2000).

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Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 25 juillet 1990

La nurse, l'affiche

© 1990 Universal City Studios. Tous droits réservés.

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La nurse, l'affiche

Bande-annonce de La nurse (VOSTF)

Epouvante-Horreur, Gore

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